Y aura-t-il une vie après la fin du club Nintendo ?

Non, ce n’est pas le sujet de l’épreuve de philosophie du bac 2015 qui a fuité, c’est juste la fin du club Nintendo, annoncée dans un simple mail, implacable et froid telle cette matinée de janvier durant laquelle il a été envoyé.

Le planning est fixé, vous avez jusqu’à septembre prochain pour dépenser les étoiles qui ne sont désormais plus dans les yeux du petit Maxence, 9 ans, qui ne trouvera pas de points dans la boite de sa New 3Ds XL Majora’s Mask commandée pour son anniversaire.
Il ne trouvera pas de jeu dedans non plus d’ailleurs, ni de chargeur au passage, merde mais il reste encore des trucs dans cette putain de boite ?
Et encore, en espérant que ses parents l’aient réservée dès le premier jour, le cas échéant avec tous les spéculateurs qui traînent, c’est mort mon pauvre Maxence, tu vas te retrouver avec un modèle Monster Hunter tout pourri ! Je digresse, excusez moi.

Revenons-en à nos moutons : alors ça vous fait couiner, bandes de salopes dévouées corps et âmes à votre éditeur préféré qui vous abreuve de son foutre néfaste depuis quelques mois ?
Miam la « New » 3DS, miam l’offre ambassadeur, miam la fin du club Nintendo, mais on s’en fout, ils ont sorti un nouveau Smash Bros, ils sont trop cools ! Et surtout, vivement le prochain Zelda, bref… je vais vomir, je reviens.

Soyons honnête, il n’y a qu’une réaction possible à cette annonce : adieu et bon débarras !

C’est pas les 3 babioles de merde, les 5 sonneries de portables et les 55 fonds d’écran que le club Nintendo proposait qui vont me manquer, de plus, son évolution ces dernières années me laissait une impression douce amère assez agressive, comme quand un ami vous crache à la figure puis vous sert la main avec une bague électrique.

A une époque, oui c’était cool, on était heureux, insouciant, au commencement, il suffisait de renvoyer un bulletin par courrier pour s’inscrire, et on avait le privilège de recevoir le magazine du club dans sa boite aux lettres tous les deux mois.
On se sentait vraiment quelqu’un d’exceptionnel, Werther’s original dans la bouche et tout, comme quoi, il n’en fallait pas beaucoup !
Faut dire aussi qu’on était jeune en ces temps reculés, les gamers ont grandi avec les générations de consoles, et ça Nintendo l’a sans doute compris. Si 4 pages format A4 arrivaient à satisfaire les enfants de 8 ans fans de la NES, les ados et jeunes adultes se torchaient le cul avec, eux ils voulaient du tos-ma de qualité, du goodies des grands jours, du porte-clé Mario, de la casquette Donkey Kong, remballez donc vos pin’s parlants.

Du coup après une période de vide de presque 15 ans, prompte à toutes les infidélités du monde, le club Nintendo est revenu en fin de vie de la Gamecube avec un système de cartes d’enregistrement rapportant des points, on trouvait ces cartes dans les jeux et les consoles Nintendo, donc Gamecube et Game Boy Advance, puis Wii et DS.
Les débuts du Club Nintendo 2.0 furent remarquables, il y avait plein de trucs très sympas pour dépenser ses points, même en Europe (car oui le club Nintendo Japonais, c’est un autre niveau, là y a rien à dire).
Parmi les premiers objets les plus intéressants à chopper, je me rappelle de la compile Zelda pour Gamecube que je m’étais prise ou le pack GBA SP Zelda Minish Cap pour les comptes les plus remplis, d’ailleurs après la sortie de ce pack, plus personne n’osait dépenser ses points, on économisait tous dans l’espoir qu’il revienne ou qu’un autre objet du genre apparaisse !

Je ne crache pas dans la soupe attention, pendant longtemps, tout le monde a pu y trouver son compte, la statuette dorée Zelda ou la manette Wii SNES arrivaient à surnager parmi les vagues de plus en plus nombreuses d’objets virtuels ou de goodies de seconde zone, mais toute bonne chose a une fin.

Et la cause de ce déclin revient encore une fois à notre comportement, nous les collectionneurs, nous les abrutis, nous les morts de faim, nous qui donnons de la valeur à des objets promotionnels non destinés à la vente et qui créons un marché.
Après ce genre de comportement est « naturel » dans tout milieu de collection, Nintendo aurait dû y penser en amont plutôt que de rajouter une date de péremption à ses points pour éviter aux petits magouilleurs du dimanche de disposer de 75 comptes à 30 000 étoiles histoire de vider le stock d’un objet intéressant dès qu’il sort…
Parce que ce ne sont pas eux qui en pâtissent, eux ils trouvent toujours une solution pour contourner ce genre de problème, ceux qui paient les pots cassés ce sont les consommateurs normaux obligés de prendre dans l’urgence un lot de stickers alors qu’ils économisaient pour une magnifique serviette de bain !
Et la plupart du temps ces points partent en fumée, car il faut se connecter relativement fréquemment pour se rendre compte de leur date limite de consommation, moi j’ai du perdre dans les 8000 étoiles avec le sourire, pas d’alerte mail pour prévenir, nada.

Ajoutons à ça une baisse de nombre de points, des limitations de plus en plus restrictives, des objets de moins en moins intéressants qui se font dépouiller en quelques heures dès qu’ils le sont un minimum pour se retrouver 5 minutes plus tard sur ebay (cf le diorama Luigi’s Mansion) et on arrive à mon « Adieu et bon débarras » introductif.

Alors oui, j’ai bien conscience que je critique un service optionnel, gratuit, qui a été mis en place dans le seul but de nous remercier nous, consommateurs (boulimiques) de jeux vidéo, à côté, c’est clair que Sony ou Microsoft ne m’ont toujours proposé qu’un gigantesque doigt dressé à la face pour exprimer leur gratitude (pourtant j’en ai acheté un paquet de tes 360 jetables à la noix, enculé de Bill Gates !), mais je n’ai pas grandi avec leurs consoles contrairement à Nintendo, du coup nos relations sont strictement professionnelles, je n’attends rien de leur part et ils me le rendent bien.

J’ai apprécié le club Nintendo pendant longtemps, je vais dépenser les points qu’il me reste dans des sonneries de portables et des fonds d’écran comme tout le monde et j’espère que la prochaine mouture du programme de fidélité de Nintendo sera mieux pensée, et qu’elle générera surtout moins d’abus du système comme ça a pu être le cas.

Peut être qu’un retour aux sources leur ferait du bien d’ailleurs, il faut qu’ils se demandent à qui doit s’adresser ce programme en priorité : j’ai (enfin non, le père Noël a) initié mon fils de 6 ans aux joies de la 2DS, et bien il n’a pas été emballé par ce que proposait le club Nintendo pour les quelques points qu’il a eu entre sa console et ses deux jeux, par contre chaque mois il est heureux comme tout de recevoir le magazine Lego VIP…

My 2 cents…