Une tyranide oubliée : The Taloned Horror

C’est un fait notoire, nos projets restent parfois longtemps inachevés dans nos cartons. Faute d’avoir placé la barre trop haut ou de manquer de savoir-faire, il est parfois préférable de les remiser quelque temps en attendant d’avoir pris un peu de bouteille. Voici un exemple extrême à ne pas suivre : une conversion tyranide débutée sur un coup de coeur en 2001, et qui se termine seulement maintenant !

Dès l’ouverture de ses pages, The Gothic & the Eldritch (recueil de croquis préparatoires de Jes Goodwin, 2001) est ce genre d’ouvrage pour lequel on a même pas besoin de se demander si on va le prendre ou le reposer en rayon (c’est ce qu’on appelle un « auto-buy » ou un « no brainer » dans notre jargon).

Y figurait parmi les dernières pages d’ébauches une créature nommée The Taloned Horror. Datant de 1993, on peut se demander pour quelles raisons cette horrible chose a finalement été « scrappée » (elle aurait fière allure dans les armées contemporaines).

Quelques informations fragmentaires émaillent la planche: larges yeux à facettes, bouche préhensile, crochets injecteurs, … l’annotation « Tyranid/Daemon » semble quant à elle plus due au délire de l’artiste (ou à une soirée bien arrosée).
Cette tyranide continue d’intriguer les gens. Certains veulent y voir une CM d’infiltration, mais je reste persuadé que le père Jes avait en tête quelque chose de plus vicieux.

En l’absence de référents d’échelle sur le croquis, il est difficile d’estimer sa taille. De l’avis des experts, elle se rapprocherait du demi-carnifex.

Ce qui est drôle, quand on y pense, c’est de constater à quel point la morphologie de la bête est proche de celle du Zergling commun. De là à hurler au plagiat … les deux entités ont très bien pu être designées sans influence mutuelle.

Les bras sont assez marrants … ils sont si proches de ceux du biovore V3 que j’avais finalement décidé de les utiliser directement pour la conversion.

OK, voici les premières masses de la chose, grossièrement ébauchées au Duro et au milliput. 2001 déjà ! Je faisais mon service militaire à cette époque là, et n’ayant pas beaucoup de matos sous la main, j’ai utilisé tout ce que j’avais à disposition pour lancer ce projet. En témoignent des patchs très disparates de milliput, de greenstuff, des pinces résine et métal … en découpant une jambe pour la repositionner, je me suis même aperçu que j’avais construit la forme sur une armature en métal !!

Aucune idée de ce que ça pouvait être à l’origine.

Le point positif qui ressort des photos de WIP, c’est qu’elles vous donnent une perspective différente de votre boulot en cours d’élaboration. Ici, ce profil gauche nous montre que les griffes supérieures manquent de longueur : le monstre n’en aurait aucune utilité si elles ne peuvent atteindre une proie située devant lui.

Pas impossible que son look ait servi d’inspiration à la première génération de bio-titans Forge.

En dernière minute, j’ai renoncé à utiliser les griffes supérieures en résine, leur préférant des pinces plastiques de carnifex plus fines et plus contemporaines (notamment dans un souci d’intégration à mon armée actuelle).

Plusieurs décisions restaient à prendre à ce stade, particulièrement sur le dos de la bête et les plaques de chitine recouvrant son dos : à regarder le croquis de Jes, on a un peu de mal à déterminer dans quel sens elles s’orientent. Il est également difficile de savoir si elles sont ornées de petites ocelles (trois paires très exactement), ou si nous avons affaire à une créature aveugle. Optons pour cette dernière solution.

Bon, pas mal de choses qui coincent en reconsidérant le concept avec du recul.
Des jambes pas assez arquées, des griffes trop grosses cette fois et une queue trop fine pour la masse de la chose.
Ça fait beaucoup de choses à chambouler… mais cette fig a attendu 14 ans d’être finalisée, elle peut bien patienter encore quelques jours.

Aussi, il devient clair sur cette photo que la longueur des avant-bras est totalement erronée !

th110

Une rareté ici pour moi : l’emploi de greenstuff liquide pour unifier les différences de matière sur le corps principal. Il faudra tout de même 6 passages de ce liquide et un peu de ponçage pour arriver au bon résultat.

Bon, matou a contribué au projet en me donnant quelques une de ses griffes … qu’il en soit remercié !

Les premières touches de peinture changent forcément notre perception de la pièce :

… et je me rends maintenant compte d’un problème de répartition : trop de noir sur la surface totale de cette tyranide la fait jurer au sein du reste de la horde.

SC08
Maintenant (en amenant du violet sur le ventral) ça laisse présager du meilleur ! Il suffit parfois de pas grand chose …

Chemin faisant, je suis tombé sur des citations Zergs … c’est pile le genre de sons que la bestiole pourrait émettre :

Voilà le truc qui change tout : un freehand en « maillage arachnéen » sur les larges poches dorsales de la chose, la rendant visuellement encore plus repoussante tout en créant une animation visuelle bienvenue.