Sorti en Novembre dernier, Evangelion:You Can (Not) Redo est le troisième long métrage du projet “Rebuild of Eva” (pour lequel Hideaki Anno -auteur de la série originale- a crée le studio d’animation Khara, indépendant de la Gainax).
En 2007, l’idée de départ était de reprendre globalement la trame narrative de la série TV sur les trois premières OAV, pour nous proposer une conclusion inédite avec le quatrième film.
A la vision de You can (not) Redo, il est clair que le projet s’est déjà grandement éloigné de la perspective initiale.
Si l’on en croit la rumeur, les retards de production sur ce long-métrage étaient dus à un remaniement total de l’histoire à un stade avancé du développement …
Et si l’on se repasse le trailer montré à la fin de You Can (not) advance, on se rend compte qu’aucun des plans dont il était constitué ne se retrouve ici, accréditant grandement cette hypothèse.
[La preview montrant l’EVA Mark.06 de Kaoru descendant dans le central dogma n’a pas été conservée … son rôle est au final bien plus modeste]
[Cet article décrit nos impressions à chaud en découvrant les 3 actes du film … et même si nous nous gardons bien de rentrer dans les détails pour vous ménager des surprises, il regorge inévitablement de spoilers en tous genres, vous le lisez donc à vos risques et périls.
Nous y prenons pour postulat que vous êtes déjà familiarisés avec la licence Evangelion : ce film n’ayant de toutes façons jamais été pensé comme une entrée en matière, il demeurera nébuleux pour les non-initiés]
Introduction : You can (not) Redo s’ouvre sur une scène d’action peu commune.
Ce qui devait n’être qu’une opération procédurière de récupération orbitale tourne en quelques secondes au chaos indescriptible.
Il donne à Asuka l’occasion d’étrenner un de ces équipements spécialisés dont l’EVA02 est si friande. C’est à croire qu’à l’instar d’une Barbie, elle possède une panoplie en toute circonstance (tendance initiée dans l’épisode 10 : Magma Diver )
Les fabricants de jouets (Revoltech bille en tête) se sont bien évidemment rués sur l’aubaine, et vous proposent d’ores et déjà des produits dérivés fourmillant de détails :
Donc oui, si vous vous posiez encore des questions concernant la pétillante (et détestable) Asuka, la “Bitch in Red Plugsuit” a survécu à la destruction de l’EVA 03, et s’en est apparemment sortie avec un oeil en moins pour toute blessure.
Il s’avère que l’opération est destinée à récupérer Shinji, exilé dans son EVA 01 depuis la fin de You Can (not) Advance
Mari Illustrious Makinami est toujours de la partie, reléguée pour cette scène au rang de snipeuse orbitale.
La synthèse facilite certainement la modélisation de structures complexes pour le studio … las, elle induit un décalage graphique perceptible avec le reste de l’animation, et loupe parfois le coche dans sa fonction.
Mais lorsqu’apparaissent les routines bien connues de la série (« Pattern Blue : c’est un Ange ?!« ), accompagnées des partitions de Shiro Sagisu, les bons moments passés devant Eva nous reviennent tout à coup.
Le sauvetage se transforme subitement en bataille désordonnée, multipliant les scènes non cadrées si chères à Macross.
ACTE#1 : Au réveil, Shinji se retrouve dans la situation récurrente du plafond inconnu.
Las, le personnel qui s’agite autour de lui ne lui est pas plus familier.
A sa grande surprise, il découvre aux commandes de la flotte qui l’a recueilli une Misato déterminée, et une Akagi Ritsuko arborant une coupe à la garçonne extrêmement peu flatteuse (NDLR – quel massacre : elle était pourtant mon charadesign favori !)
Le monde semble être devenu fou en son absence, et l’explication lui apparait lors d’une révélation « Riplesque » :
14 années se sont écoulées depuis son affrontement avec le 10e ange dans le Geofront et son incarcération
(à noter que ni Asuka ni Mari ne paraissent plus âgées, probablement grâce à l’action conjuguée d’une immersion constante dans le LCL et du potentiel « fan service »)
L’attaque subite des « Nemesis Series », à même de vaporiser des navires entiers par simple contact, coupe court à ses interrogations. Quant à leur aspect … je serais bien en peine de vous les décrire !
Coller des rubans de papier tue-mouche sur des mixers violets ne serait pas si éloigné de la réalité.
Le décollage du vaisseau amiral (le non-moins étrange AAA Wunder) et la bataille qui s’ensuit sont dans la continuité de la « démesure Gainax », si présente dans leurs précédentes productions (Tengen Toppa Gurren Lagann, Die Buster, …)
Shinji réalise avec stupeur que la Nerv est parvenue à développer des armes à même de défaire les Anges … si tant est que leurs adversaires en aient été, et que Misato serve toujours la Nerv (!)
ACTE#2 : Son périple l’amènera à retourner dans un Geofront dévasté, tantôt surréaliste, tantôt cauchemardesque.
Ses rares amis ont disparu, et où qu’il aille les gens semblent indifférents a ses problèmes.
Les réponses qu’il finit par obtenir ne font que le plonger dans le désarroi et ne lui apportent aucun réconfort.
Passé un premier tiers très nerveux, le film renoue avec les thèmes chers à la série: culpabilité, regret, conséquences de ses actions.
Les rencontres se succèdent lors de cette descente aux enfers, mises en scènes comme les actes d’une tragédie.
Shinji croisera au détour d’un couloir un Fuyutsuki passablement fatigué, et amateur de shogi.
Il est toujours intéressant de voir ce qu’a à dire l’un des personnages les plus discrets de la série, véritable « Yes-man » d’Ikari Gendo.
« On aurait pu me donner un rôle plus agréable à jouer » déclarera t’il au terme de son unique scène … on en vient à se demander s’il fait allusion au projet d’instrumentalisation de l’humanité, ou s’il n’est pas conscient d’être un personnage d’animé, brisant ainsi le quatrième mur.
Puis, dans toute son ambiguïté, apparait Kaworu Nagisa …
Dire que ce personnage était sous-exploité dans la série originale est un euphémisme, et l’on se prend à espérer que les auteurs lui feront justice cette fois.
Sa présence se veut rassurante, apaisante, libératrice … au point de ne pouvoir s’empêcher, en tant que spectateurs, de flairer le coup fourré !
On réalise vite qu’à défaut d’autres character developments, la relation entre Shinji et Kaworu formera le noyau du film, leurs scènes communes produisant de loin les dialogues les plus intéressants.
La parenthèse musicale du duo au piano est une véritable bouffée d’oxygène après une entrée en matière aussi oppressante … c’est en fait la seule du film.
Mais pour peu que l’on ait vu l’épisode 09 (« Both of you, Dance like you want to Win ») on pressent facilement où tout cela risque de nous mener.
ACTE#3 : l’ombre de l’EVA 13 plane depuis la moitié du film
Si son design s’avère décevant lorsqu’elle apparait enfin, sa présence n’en est pas moins menaçante, et l’on ne devine que trop bien le rôle que Shinji va devoir tenir ici.
Débute une plongée interminable vers le Central Dogma immergé, dont l’ambiance n’est pas sans nous rappeler le calvaire d’Ed Harris à la fin d’Abyss. Seul un scaphandre (aussi épais soit-il) le sépare d’un milieu obscur, inconnu et probablement hostile.
Vers quelle nouvelles horreurs cette descente le mènera t’elle ?
Est-il sur le point de provoquer la rédemption ou l’annihilation du genre humain ?
Subirons-nous encore le syndrome de la « fin mystique » si présent dans les animés japonais ? (particulièrement vrai dans le cas d’Anno)
AU FINAL
Bien.
J’avoue être ressorti de ce film épuisé !
Car non content d’exiger une attention constante, You Can (not) Redo apporte un lot conséquent de nouveautés en un seul coup.
Je n’y suis habituellement pas opposé, mais je trouve presque choquant qu’un seul film réécrive tout ce que je tenais pour acquis dans une série depuis 18 ans.
Certains segments sont résolument plus orientés « action » que d’autres (ce qui n’est pas pour me déplaire).
Je n’aurais pas été contre le retour des Mass production Evangelions pour un combat dantesque (tout en sachant que les scénaristes de cette série adorent prendre leurs spectateurs à contrepied).
En revanche, l’ensemble chagrinera certainement les fans qui apprécient davantage Eva pour la profondeur de ses personnages que pour le facteur « giant robot ».
On regrette effectivement le peu d’évolution des protagonistes apparaissant dans cette histoire.
Pauvre Shinji … après son combat contre Zeruel, on était en droit de le voir s’affirmer.
Non, il reste fidèle à lui même, plus pathétique que jamais. Assujetti par un « DSS choker », dépassé par les événements, il n’a jamais été aussi passif au cours d’un épisode.
Ayanami se paie quant à elle le luxe de « régresser » dans ce film. Ce comportement n’est pas si déroutant, quand on connait sa propension à « remettre le compteur à zéro » au fil de ses incarnations.
Que dire de Misato ? Avec ses deux minutes d’apparition à l’écran et son comportement robotique, c’est à peine si on peut la qualifier de « rôle parlant ».
Mari est la réelle déception du film … on attendait des révélations croustillantes sur les origines de ce personnage, elle n’est au final qu’un sidekick, cantonnée à de brèves scènes d’action.
Pourquoi faire appel à une seiyuu de la renommée de Maaya Sakamoto pour un rôle de quasi-figurante ?
Le syndrome de la fin mystique
Que doit-on penser de tout cela ? A vrai dire, je suis très perplexe, mais ce n’est pas forcément mauvais signe (en entrant dans son dernier tiers, cette série a toujours eu cet effet sur moi).
Comme à l’accoutumée avec Eva, on a droit en alternance à des moments de tristesse, de révélation, de déception et d’horreur. L’humour en revanche est singulièrement absent de cet opus (et le fan service réduit au strict minimum).
Je suis globalement assez sûr d’avoir préféré You can (not) Advance, mais il me faut encore un peu de temps pour digérer ce que je viens de voir.
C’est triste à dire, mais à mon sens, Evangelion souffre beaucoup de la transition série >> film, la compression de plusieurs épisodes en un métrage d’une heure et demie étant détrimentale à la dimension psychologique de l’histoire … cela est encore plus vrai pour cette troisième partie que pour les précédentes.
Lors du lancement de Rebuild of Evangelion, on nous promettait un scénario plus accessible, des réponses aux questions restées en suspens et une fin moins tarabustée …
Jusqu’à présent, je ne peux m’empêcher d’établir un parallèle entre EVA et LOST … une bonne série sur la durée, sabotée par une fin insipide (dans le cas de la série TV) ou absurdement atroce (pour the End of Evangelion).
La messe n’est pas encore dite avec ce 3e film, il nous faudra encore patienter jusqu’au dernier volet de la tétralogie pour savoir si la malédiction est enfin levée.
Pour autant, je n’ai pas l’impression que You Can (not) Redo nous amène vers un final très souriant !
(Intitulé Evangelion 3.33 You Can (Not) Redo, le bluray est prévu le 24 Avril 2013, au Japon. En France, les films Evangelion sont licenciés par Dybex).
A une époque pas si éloignée, il était encore facile de s’y retrouver parmi les différents modèles d’Evangelions.
La tâche est devenue beaucoup plus ardue depuis Rebuild of Eva :
–Upgraded Eva 02-DASH : l’Evangelion original d’Asuka, dont les parties mutilées par le 10e Ange ont été remplacées par des prothèses mécaniques. Son mode « 777 » surpasse en puissance la forme « BEAST » atteinte dans le dernier film.
Le S-Type Equipment porté précédemment n’étant pas adapté à la mission orbitale, il se voit remplacé par le DASH rocket pod … en fait un harnais permettant aux Evas d’effectuer des sorties atmosphériques.
–Eva 08-Alpha : la nouvelle Eva attribuée à Mari Makinami, après la destruction de l’unité provisoire 05. Son look est un redesign complet de la version entrevue dans le trailer. L’idée d’une Eva rose n’était pas très seyante … finalement, elle ne jure pas trop dans la série.
–Eva Mark.09 : l’unité pilotée par l’actuelle version d’Ayanami, très réminiscente de l’Eva 00.
Fait usage d’une large faux pour le combat rapproché. Si l’on en croit ses spécifications techniques, ce modèle ne possèderait pas de Core localisé, son corps tout entier étant sa Koa (le rendant du même coup extrêmement difficile à éradiquer).
–Eva13 :
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