Step By step : Sculpture de Proximo, girafe sodomite.

Dernier concept à avoir atterri sur mon bureau pour un client aux US : Proximo, étrange créature résultant de l’accouplement improbable d’un grand reptile, d’un léopard et d’une girafe sodomite.

On part sur une hauteur de 90mm, la pièce doit tenir sur un socle d’un diamètre 56mm.
Je commence par monter une armature en fil de fer classique, en utilisant un fil robuste de 1.2mm pour le corps principal.
Les armatures des pattes antérieures et de la queue seront plus fines (0.9mm) mais devront en contrepartie se prolonger jusqu’au socle, histoire de les stabiliser pour éviter que les membres ne gigotent au moindre coup de spatule.

Etape suivante : Je recouvre mon armature de Greenstuff (pour son pouvoir collant, qui va sticker mes couches de Fimo bien en place).
Puis, j’étale ladite Fimo champagne à la spatule pour recouvrir l’intégralité du sujet.

Et là, désastrophe : je m’aperçois que la position de la jambe gauche cloche par rapport à la posture globale (trop avancée, pas assez courbée, jure par rapport au mouvement général).
Je me dis qu’il vaut mieux corriger cette affaire à ce stade plutôt de laisser passer le problème.
Donc j’arrache l’ébauche de sa plaque de balsa (ce qui va me permettre de la relocaliser sur un gros bouchon de liège bien plus maniable), et je détords prudemment la jambe à la pince.
Je suis quitte pour remettre du green et de la Fimo sur la zone incriminée.

Ce problème réglé, je peux poursuivre la construction de la bestiole la conscience tranquille ^^

OK, pas mal de lissage sur la pièce (en utilisant ces fort commodes pinceaux-gomme, à tête en caoutchouc) et de définition sur les muscles. La patte antérieure gauche, trop avancée, à été repositionnée en poussant un peu l’armature derrière la couche de Fimo (exercice périlleux à ce stade). Ca prend forme doucement …

Et quelques premiers tests de textures d’écailles sur le cou :

Un peu d’avancement sur les pattes de la bête … on rajoute quelques boudins microscopiques de Fimo qu’on fait ensuite fusionner avec les masses en place pour redessiner des tendons bien apparents.

Je réalise (à temps) que je me suis laisser piéger sur les proportions, en faisant une patte postérieure plus longue que l’autre !
Erreur bête, mais je peux encore corriger facilement à ce stade.

Toutes les masses sont bien définies, ma gaffe sur la jambe trop longue a été rectifiée et j’ai achevé de poser mes textures de tendons … on va pouvoir passer à la première cuisson (un peu comme si je voulais faire une sauvegarde en cours de travail à ce stade).

La figurine humaine (Aquila, sculpté par Sebastian Archer) m’a été envoyée par mon client, afin de donner une indication d’échelle sur mes photos.

Heureusement que je me cantonne à sculpter de grosses monstruosités, je serais bien incapable d’en faire autant (Aquila fait 41mm au sommet de son cimier !)

Dernière petite étape avant cuisson : rajouter des veines apparentes sur les masses musculaires.
Je roule de minces filaments de Fimo chargée en mixquick, et je les applique au pinceau sur la pièce en tentant de produire des méandres et des ramifications naturelles.
Je passe du white spirit avec parcimonie pour bien faire fusionner ces ajouts avec la matière existante.

Direction le four, 25mn à 120°C …

Résultat des courses : un problème mineur pendant la cuisson, quelque chose a dû se dilater en chauffant (probablement une bulle d’air emprisonnée sous la matière).
Un beau crack à réparer dans le bas du dos, pour le coup …

Je peux maintenant manipuler le modèle plus facilement. Je commence par planter du fil de laiton sur le cou, il me servira d’armature pour monter la crête dorsale.

Je rajoute enfin une mince pellicule de greenstuff pour former la voile de la crête.

 

Un peu dubitatif quant au design de la tête (je redoutais surtout la transition concept >> sculpture), j’ai proposé au client un look alternatif, plus serpentin que ne l’était l’idée initiale.

Je tenais surtout à éviter les yeux globuleux et le nez pointu du dessin.

 

Comme prévu, j’ai appliqué de la Fimo sur la crête pour pouvoir la texturer à l’aiguille.
On approche de la fin … restent les sabots des pattes antérieures, et les poils de la bête.

Prochaine étape : les poils de la bête.
Comme j’avais fait pour la crête, je commence par créer un premier volume en greenstuff, sur lequel je vais progressivement monter ma fourrure.

Je prépare un fil de Fimo (d’une couleur différente, juste histoire de pouvoir le dissocier plus facilement des masses déjà posées), que je débite obliquement à l’X-acto pour obtenir une série de petits cônes.

Une fois ces ébauches de mèches posées, je les lie entre elles en déposant un peu de White Spirit au pinceau.

Je sépare mes cônes en faisceaux de poils avec une aiguille spécialement affinée pour cet usage.

… et je rajoute quelques fils par dessus ce travail pour créer des poils épars, et casser la monotonie de la texture.

Bien, on y est presque !
C’est triste à dire, mais on s’approche inéluctablement de la phase de découpe de la figurine.

Et un comparatif final concept/master :

Dernière étape avant l’envoi (toujours un peu triste) : la découpe de la pièce.
En effet, avec nos techniques de moulage résine, ce master serait impossible à reproduire en l’état,
On procède donc à une découpe des membres et des éléments les plus saillants pour faciliter ce processus.
Par exemple, la partie supérieure de la tête a été séparée pour pouvoir restituer les détails des crocs.

Une seule surprise par rapport à la planification initiale : l’ajout de poils sur le poitrail a crée un volume que nous n’avions pas anticipé. Le creux résultant entre la patte et le corps créerait des contraintes trop importantes sur la matrice (moule), qui s’abîmerait plus rapidement que d’accoutumée.
Nous pensions pouvoir laisser la patte gauche solidaire du corps … changement de plan.

Résultat final, notre pauvre girafe débitée en 8 bouts, et prête à partir pour Austin, Texas.