Battlestar Galactica : le boardgame

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De prime abord, on ne peut s’empêcher d’être légitimement méfiants face à ces jeux qui vous séduisent honteusement avec une licence prestigieuse pour s’avérer n’être au final que des produits médiocres
(je sais de quoi je parle: j’ai failli acheter Aliens: Colonial Marines).
Autant vous dire tout de suite que Battlestar Galactica – the boardgame (BSGTBG) n’entre pas dans cette catégorie … nous dirons même sans exagération qu’il confine au chef-d’oeuvre !
L’auteur Corey Konieczka possède le talent rare de toujours connaitre son sujet sur le bout des doigts afin d’en tirer un produit de qualité, conciliant mécanique de jeu bien huilée et fidélité absolue au matériau d’origine.
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L’action suit fidèlement la narration de la série :”les humains des 12 Colonies créèrent les Cylons, destinés à  prendre leur place dans l’accomplissement des tâches les plus dangereuses ou ingrates.
Ayant finalement accédé à la conscience, ces androïdes proclamèrent leur indépendance en se révoltant, menant une guerre sans merci à leurs créateurs.
Aucune des deux factions ne parvenant à prendre le dessus, une armistice fut décrétée, et nul n’entendit plus parler des Cylons pendant 40 ans”.

Au moment où le jeu commence, les Cylons viennent fourbement d’annihiler la quasi-totalité des humains peuplant les 12 colonies au cours d’une attaque surprise de grande envergure.
Seule subsiste une flotte d’appareils civils hétéroclite, protégée par le seul (?) bâtiment militaire ayant échappé à la destruction : le Battlestar Galactica, vétéran de la première guerre cylonique.

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Les survivants tentent d’atteindre le mythique monde de Kobol, berceau de l’humanité ironiquement devenu  son dernier espoir.
Les colons doivent donc échapper à leurs poursuivants, tout en gérant les maigres ressources de leur flotte.
Ils découvrent alors avec horreur que les Cylons ne se sont pas tourné les pouces pendant les 40 dernières années, et sont parvenus à adopter l’apparence des êtres humains !
L’ennemi est peut-être déjà à l’affut, semant le doute et la discorde dans leurs rangs, en attendant une occasion propice pour saboter leurs efforts.

Le but du jeu pour les humains est de cumuler suffisamment de bonds hyperspatiaux pour atteindre leur objectif (Kobol, si vous m’avez suivi).
Ils perdent immédiatement la partie si, au cours de ce périple :
-l’une des ressources nécessaires à la survie de la flotte (nourriture, moral, fuel ou population) tombe à 0.
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-des centurions Cylons s’infiltrent au coeur du Battlestar pour déclencher l’évacuation de l’air et de tous ses occupants dans l’espace.
-le Galactica est détruit.

Les joueurs commencent par choisir quel protagoniste de la série ils incarneront au cours de la partie.
Chacun possède des règles spéciales retranscrivant leurs personnalités, leurs aptitudes et leurs défauts.

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A ce stade, ils ont tout intérêt à se concerter afin de mettre au point une équipe capable de gérer les situations les plus diverses (en panachant militaires, politiciens, pilotes et personnages de support).
Ils prennent ensuite place autour du plateau représentant le Battlestar, les appareils évoluant en permanence autour de lui, et le secteur spatial dans lequel ils progressent.
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Les rôles d’Amiral et de Président sont distribués sans cérémonie, le premier joueur reçoit le jeton confirmant son statut

et d’emblée, les mécanismes du jeu mènent la vie dure aux joueurs !
Ils doivent d’abord faire face aux attaques répétées des Raiders Cylons et de leurs gigantesques Basestars,
qui fondraient immédiatement sur les appareils civils sans défense si vous ne disposiez pas de rapides intercepteurs (Vipers) pour les protéger.

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Le ton de la série était résolument noir : elle lorgnait plus du côté du survival-horror galactique que du space-opera classique, et l’auteur a pris un soin minutieux à le retranscrire dans son jeu.
Il aurait été facile de ne faire de BSGTBG qu’un vaste dogfight, de la même façon que le jeu Game Of Thrones se contente de se focaliser sur une situation militaire entre nations ennemies (faisant abstraction de tout ce qui faisait le sel des romans).
Non, celui-ci se paie le luxe d’être aussi un jeu de politique, de diplomatie, de gestion de ressources, et de chasse aux sorcières (voir plus loin).
Il vous faudra donc également compter avec les périls imposés par l’exil dans l’espace profond (pénurie de nourriture, déperdition d’eau, coups d’état, mutineries, sabotages, …).

Un tour de joueur se décompose invariablement comme suit :
-tirage des cartes de compétence
-déplacement sur le plateau
-résolution d’une action
-tirage d’une carte de crise
-déplacement automatique de l’armada cylon
-préparation des moteurs pour effectuer le prochain saut FTL (ou PRL en français)

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S’ensuit, les joueurs doivent déterminer leurs priorités : vaut-il mieux détruire des cibles dangereuses, lancer des vaisseaux éclaireurs (raptors) afin d’en savoir plus sur les destinations suivantes ou envoyer en détention les joueurs dont les actions semblent suspectes ?
Est-il préférable de réparer les dégâts infligés par le dernier raid Cylon, de faire élire un nouveau président ou de  ré-organiser l’agencement des vaisseaux civils les plus vulnérables ?

La résolution des crises fait intervenir un système de votes qui est au coeur du jeu.
Chaque joueur recoit des cartes de compétence de couleurs variées au début de son tour, en fonction du champ d’expertise de son personnage.
Une carte de crise est tirée vers la fin de son tour, et chacun peut ajouter ses cartes de compétences à la mise afin de triompher de l’obstacle et d’éviter ses effets néfastes.

Seulement voilà: tous vos camarades ne sont pas forcément de votre côté, une carte de loyauté distribuée en début de partie vous indiquant si vous êtes un humain, ou un perfide Cylon.
Pire encore, une seconde distribution a lieu à la mi-temps, pouvant potentiellement changer votre allégeance à un stade avancé du jeu.
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Votre seule certitude est qu’en fin de partie, tous les cylons seront en activité, et se feront une joie de saboter secrètement vos efforts en glissant une carte inappropriée (si bien sûr ils n’ont pas déjà été exposés).

La tension s’accumule à ce stade du jeu, les fausses accusations fusent et les victoires sont souvent obtenues sur le fil du rasoir.
Au terme de 38 parties, nos statistiques nous montrent que le ratio est plutôt en faveur des Cylons …
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En grands fans de la série, nous adorons ce boardgame qui nous a permis de prolonger l’expérience BSG :
chaque nouvelle partie est une simulation d’épisode, nous promouvant du rôle de spectateurs passifs à celui de participants.
Fort heureusement, le jeu ne se destine pas uniquement à un public de connaisseurs.
A contrario, il s’avère si bien fichu qu’il a décidé plus d’un joueur à se mettre à la série (ce qui peut-être une approche dangereuse, car les illustrations des cartes comportent des spoilers importants pour le profane).

C’est aussi une intéressante expérience sociologique, tant le sentiment de paranoia qu’il génère est palpable.
Le jeu débute dans une ambiance “bon enfant”: on met en commun nos cartes pour surmonter les obstacles et  l’on éradique joyeusement les Cylons dans le cosmos.
Mais une fois les traîtres révélés, on assiste à une véritable ostracisation … et un mur de silence vient séparer les deux équipes !
L’expérience vous permet de découvrir vos amis sous un nouveau jour, en réalisant à quel point ils savent bien mentir pour protéger leurs secrets (en tant que Cylons, nous avons repoussé à plusieurs occasions les limites de la mauvaise foi.)
Une nappe noire et la diffusion des OST de Bear McCreary achèvent de vous mettre dans l’ambiance.

Chaque extension correspondant à une saison, on est en droit d’en attendre une dernière pour compléter le jeu … las, FFG ne semble pas pressé de la sortir (l’engouement pour la série s’étant depuis atténué ?)

Les plus:
-Jeu passionnant
-Appartient au cercle fermé des jeux à licence vraiment réussis.
La connaissance préalable de la série n’est pas nécessaire, mais apporte un plus non négligeable en terme d’ambiance.
-Fait participer tous les joueurs hors de leur tour, et ce jusqu’à la fin de la partie (pas d’élimination)

les moins :
-Durée d’une partie (3-4 heures pour atteindre la résolution)
-Le rythme des apparitions des flottes Cylon est un peu trop aléatoire (défaut corrigé avec l’extension #2 Exodus)
-Un cylon inexpérimenté peut bousiller une partie trop tôt, en commettant des bourdes qui le trahiront avant l’heure.
-Mécanique bancale du “Sympathisant” si les joueurs sont en nombre pair.

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Une fois passé le cap de la peinture des pions fournis, j’ai bien vite voulu améliorer la qualité du matériel de jeu :
J’ai sculpté à mes heures perdues ces petits appareils, répliques miniatures des vaisseaux coloniaux entrevus dans l’émission, pour remplacer avantageusement les tokens fournis dans la boîte :

Gemenon Liner :

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Colonial Mover :

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Olympic carrier :

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Astral Queen :
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A propos du gangeekeur

Un commentaire

  1. ça a vraiment l’air cool ! fait chier que je n’ai plus grand monde dans mon entourage prêt à sacrifier 4h de sa vie pour ce genre de jeu car ça m’aurait bien botté…

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