Depuis que j’ai eu ma PS4 à Noël, je retrouve quelque peu de l’intérêt à jouer à une console Sony de gen actuelle, moi qui avait boudé la PS3, après pourtant de longues années de fidélité à la PS1 et à la PS2. Certes, j’ai plutôt tendance à jouer à des jeux ayant une pointe de nostalgie dans leur concept, à l’instar de Shantae (voir mon test). Cette fois, c’est un peu par hasard que je me suis procurée le platformer 3D Yooka Laylee, sans savoir que derrière ce titre se cachaient des membres de la team Rare responsable du mythique Banjo Kazooie, bien que le design du titre révèle une certaine parenté.
Il y a maintenant 2 ans, Playtonic Games lançait une campagne kickstarter promettant un nouveau platformer 3D digne successeur de Banjo Kazooie, arguant le fait que le studio avait en son sein de nombreux membres de l’équipe Rare responsable du succès de l’ours sur la N64. Bref, demandant 175 000 £ pour pouvoir développer son jeu, Playtonic Games en récoltera 2 090 104 £, soit presque 12x plus… Quel engouement ! Il y a du bon à surfer sur la vague nommée nostalgie ! Après, c’est clair que Banjo Kazooie était un pur chef d’œuvre de la plateforme, genre qui a peu à peu disparu de nos écrans de nos jours ! De bons souvenirs ! Je me rappelle aussi quelques soucis de gestion de la caméra, tiens d’un coup, le beau souvenir se ternit peu à peu…
Yooka – Laylee
Le scénario n’est pas très poussé, comme c’est souvent le cas dans les jeux de plateforme. Yooka, un caméléon et son amie chauve-souris Laylee, se reposent après une dure journée de labeur quand soudain, le livre de Laylee s’envole en direction d’une usine voisine, qui attire tous les livres à elle. Yooka et Laylee décident alors d’aller voir ce qui se passe là bas et cherchent à récupérer le livre, dont les pages, appelées Pagies, se sont envolées. Il vous faudra donc trouver des Pagies pour déverrouiller les différents mondes, apparaissant sous forme de gros livres disséminés dans l’usine. Vous ferez la connaissance de Capital B, le méchant boss de l’usine, sous les traits d’une abeille obèse, et de Dr Quack son bras droit, un canard boiteux enfermé dans une boite à roulettes. Bref, rien de transcendant la dedans, à part un humour tonitruant et des borborygmes en guise de voix pour les personnages, comme dans Banjoo Kazooie. Une suite spirituelle nous a -t’on promis !
Gameplay
Une fois dans l’usine, appelée la ruche, vous pourrez accéder, selon votre nombre de pagies (et surtout selon vos capacités déjà acquises pour y parvenir) aux 5 mondes que compte l’aventure. Outre les grands classiques de l’île tropicale et de la montagne enneigée, on trouve un marais et une galaxie entourés tous deux d’un liquide qu’il ne vaut mieux pas toucher. Chose étonnante parmi ces mondes, il y a un casino, où le boss se fait passer pour un caissier où vous échangez vos jetons gagnés (pour certains à des jeux de bandits manchots ><‘) contre des pagies. Outre les redondantes missions de courses en franchissant tous les anneaux, les transformations génétiques du Dr Puzz (qui vous transforment en tout et n’importe quoi : une plante, un bateau, un hélicoptère, une déneigeuse… ce qui vous permet d’effectuer de nouvelles missions propres à cet état), les défis de Kartos (récupérer un nombre donné de pièces lors d’un parcours en wagon de mine, un peu comme dans Banjo Kazooie, mais en beaucoup moins bien je trouve), les jeux d’arcade type rétro (avec des jeux variés mais ça raaaaaaaaaaaaaaaaaame ! donc paf t’es mort !) à finir une fois et ensuite un record bien balèze à battre (enfin un peu de défi me diront certains), vous aurez d’autres actions propres à chaque monde à accomplir pour récupérer des pagies, précieuses pour votre avancée dans l’aventure. Celles-ci vous permettent soit de débloquer un nouveau monde une fois son livre trouvé, soit d’étendre un monde déjà connu pour que sa surface d’exploration soit encore plus grande, sorte de poudre aux yeux pour vous faire croire que vous avez la liberté de choisir !
Les 5 mondes sont plutôt grands à explorer puisqu’il faut vraiment inspecter les moindres recoins pour trouver tous les défis à accomplir. Le jeu est construit de manière à laisser le joueur assez libre de ses choix pour récolter les pagies : essayer de chercher toutes les pagies d’un monde ou aller explorer un nouveau monde et revenir plus tard. Sauf que ce n’est pas si libre que ça, vous ne pouvez pas récolter toutes les pagies d’un monde sans toutes les compétences. De plus, naviguer entre les différents mondes se révèle chiant à souhait, puisque vous devrez à chaque fois vous retaper le chemin entre les 2 mondes dans la ruche, malgré la présence de quelques raccourcis.
Bien entendu, nous retrouvons un boss par monde plus le boss de fin. Rien de bien transcendant car même si chaque boss possède sa propre faille à trouver pour les vaincre, ils sont vraiment faciles à battre. Seul Capital B propose un combat un peu plus long que les autres, mais une fois les différentes phases comprises, aucun soucis pour le mettre au tapis. Ce n’est pas parce qu’un jeu est tout public qu’il faut le rendre trop accessible. Alors oui, vous me direz que certaines pagies sont plus difficiles que d’autres à récupérer (d’ailleurs, je ne les ai pas encore toutes), comme celles du hi-score aux jeux d’arcade, mais pour moi, un boss, ça doit demander un peu d’entraînement, il n’est pas normal de le battre dès les premières rencontres.
Yooka et Laylee apprennent de nouveaux mouvements au fur et à mesure de leur avancée dans les différents mondes, en combinant différentes touches, genre L2 ou R2 avec une autre touche pour, entre autres, devenir invisible, rouler en boule, faire un vol plané, voler (prévoir le sac à vomi ! on remercie notre amie la caméra !!!), utiliser un sonar pour découvrir des choses invisibles, activer une boule de protection pour franchir les champs laser sans être découpé en rondelles et encore bien d’autres choses. Ces différentes actions utilisent de l’énergie, il faudra donc les utiliser sans excès. La palette de mouvements est vraiment variée. Si certains de ces mouvements sont « gratuits » en découvrant un nouveau monde, d’autres seront à acheter dans la boutique du serpent Trowser, avec les plumes dorées que vous aurez récupérées.
Parmi les items à collectionner dans les différents mondes, outre les pagies et les plumes, il y a des fantômes à débusquer, les jetons de Rétrox pour avoir accès aux jeux d’arcade, les molécools pour accéder aux transformations génétiques du Dr Puzz, les bonus cœur et énergie pour augmenter votre vie et votre barre d’énergie.
Vous pourrez également déverrouiller les tonifiants de Vendi, qui vous permettront de choisir une amélioration parmi d’autres, comme par exemple un bonus d’un cœur supplémentaire, qui peut s’avérer pratique pour les boss ou swing qui vous permet d’utiliser moins d’énergie quand vous roulez en boule, pratique pour certains défis de courses aux anneaux.
Ce que j’ai bien aimé, c’est qu’on peut combiner une caractéristique (par exemple « collant » en gobant du miel pour monter un plan incliné, « lourd » en gobant un boulet de canon pour être insensible au vent soufflant sur vous… ) et la compétence de jet de baies (qui existent sous différentes formes : feu, eau, glace, bombes…) mais malheureusement, ces combinaisons sont sous-exploitées dans le jeu. C’est dommage.
Technique
Côté graphismes, il n’y a rien de transcendant. C’est mignon, c’est coloré, mais ça reste somme toute très classique. Les principaux protagonistes ne sont pas super stylés. Pire, certains PNJ sont de mauvais goût, genre le chevalier cochon, Vendi qui ressemble à une barquette de frites tout droit sortie de chez McDo, les « souris manchot » du casino… Et que dire des ennemis, ils ne sont tout de même pas très variés. Bref, on sent clairement le manque d’ambition du titre de ce côté là ! « Oui, mais c’est un hommage… » à quoi je peut répondre sans équivoque que si je veux jouer à Banjo Kazooie, j’insère ma cartouche de Banjo Kazooie dans ma N64, j’allume la console et je joue.
De nombreux lags viennent gâcher le plaisir de jouer. Cela est bien évidemment handicapant dans certaines phases du jeu demandant un timing précis, comme c’est le cas dans certains jeux d’arcade de Rétrox. Playtonic Games aurait dû penser à livrer une paire de rames avec son jeu !
C’est dingue, le jeu aurait pu sortir sur N64 tellement il souffre des mêmes problèmes de caméra que son aîné sur la 64 bits de Nintendo. A croire que les développeurs n’ont pas appris de leurs erreurs et sont restés cloîtrés depuis x années dans leur studio de 9m² à mater leur démo sur un vieux cathodique (et non, je ne dénigre pas les télés cathos, j’en possède moi-même encore 2 à la maison).
Côté musique, David Wise (Donkey Kong Country),Grant Kirkhope (Banjo-Kazooie, Viva Piñata, GoldenEye 007) et Steve Burke (effets sonores sur Banjo-Kazooie, BO Kameo: Elements of Power) sont de la partie. Et c’est bizarre parce que ça fait super longtemps que j’ai pas rejoué à Banjo Kazooie mais j’ai comme une impression de déjà entendu. Et effectivement, en creusant un peu, certains thèmes utilisent les mêmes sonorités et les mêmes accords. « Oui mais madame, c’est un hommage à… » Ta gueule ! Bon, les musiques sont sympas et collent bien aux différents mondes et ambiances, c’est déjà ça !
Conclusion
Le jeu possède une bonne durée de vie. J’y ai joué environ 30h pour vaincre le boss Capital B, sans avoir récolté tous les items et les 145 pagies. Mais le manque de monde, au nombre de 5, ne permet pas de diversifier assez les paysages, et surtout, après quelques heures de jeu, on a l’impression de toujours devoir faire la même chose pour récolter les pagies. Bon, après, je ne dis pas que le jeu est mauvais, loin de là, je n’aurais pas pris la peine de terminer l’histoire si c’était de la merde. Mais disons qu’on reste sur sa faim. Il y a pourtant de bonnes choses, surtout côté gameplay mais pas suffisamment creusées.
Surfer sur la vague nostalgique, OK, mais si à l’époque certaines erreurs étaient pardonnables, ce n’est plus le cas aujourd’hui, avec le recul. Yooka Laylee ? une triste copie de Banjo Kazooie. Alors certes, on s’amuse, mais tout rappelle le duo tonitruant de Rare, et à trop tirer sur la corde, elle cède : musiques ressemblantes, les hommages trop appuyés (genre les questionnaires de Quack avec des questions sur les mondes explorés mais aussi sur votre progression dans le jeu, comme le nombre de cœurs récupérés ou le temps de jeu), les voix des personnages, je m’arrête là, la liste serait trop longue, gameplay calqué. Il faudrait que Playtonic Games se rende compte de la différence entre hommage et simple copié-collé, c’est loin d’être la même chose, car l’hommage, lui, demande d’être créatif, au contraire du copié-collé.
En bref, Yooka Laylee est un jeu à l’esprit léger, bourré d’humour (même si j’ai lu que les traductions fr étaient moins percutantes qu’en VO), qui ravira tout de même les fans de jeux de plateforme de l’ère PlayStation (voir mon test de Croc) et N64. Il est plaisant mais s’avère tout de fois vite lassant, malgré des mécaniques de jeu bien construites.
Yooka Laylee est clairement un hommage au jeu Banjo Kazooie sorti 20 ans auparavant. On y retrouve le même esprit, avec une pointe d'humour, les collections d'objets, les environnements colorés, des musiques sympathiques mais aussi et surtout une caméra très capricieuse.
Ce n'est ni un mauvais jeu ni un excellent jeu.
-
Scénario/Ambiance6
-
Gameplay7
-
Graphismes7
-
Musiques / Sons8.3
-
Intérêt général6.5