Pour une majorité de personnes, Ghibli, c’est avant tout le grand Hayao Miyazaki, occultant les autres réalisateurs du studio. Alors quand celui-ci a annoncé il y a déjà plusieurs mois son départ à la retraite, forcément, les fans se sont demandés comment Ghibli pourrait continuer d’exister. Surtout que suite à cela, il a été annoncé la mise en pause temporaire du studio concernant la production de films d’animation. Aujourd’hui, Gangeek Style vous propose une rétrospective de l’inoubliable studio Ghibli.
Hayao Miyazaki, le prodige
Hayao Miyazaki est né en 1941 à Tokyo. Marqué dans sa jeunesse par l’évolution des mangas et les films d’animations japonais, Miyazaki choisit de devenir animateur. A 22 ans, il débute en tant qu’animateur intervalliste au studio Toei Doga.
Il y travaillera sur plusieurs films comme Les Voyages de Gulliver dans l’Espace (1965) ou Ali-Baba et les Quarante Voleurs (1971) ainsi que sur des séries animées telles que Ken l’Enfant-Loup (1963), concurrente d’Astro, le petit robot d’Osamu Tezuka dont Miyazaki admire le travail.
En 1964, suite à des troubles syndicaux au sein du studio, Hayao Miyazaki s’engage et devient secrétaire en chef du syndicat des travailleurs de la Toei. C’est un moment-clé puisque Miyazaki y rencontrera trois autres animateurs qui changeront sa vie et sa carrière : Isao Takahata, vice-président du syndicat et futur réalisateur majeur, Yasuo Otsuka, chef animateur de renom, et Akemi Ota, qu’il épousera l’année suivante. Le couple donnera naissance à deux enfants : Goro (en 1967) et Keisuke (en 1969).
En 1965, Hayao Miyazaki participe à la conception du film Horus Prince du Soleil avec Takahata et Otsuka dont la production traîne en longueur : 3 ans, au lieu des 8 mois prévus initialement. Le film sort au cinéma en juillet 1968. Malgré la réussite artistique, ce film deviendra le plus gros échec commercial de la Toei.
Miyazaki travaillera par la suite avec sa femme sur quelques projets dont une séquence du Chat Botté (1969) et quelques plans du Vaisseau fantôme volant (1969). A la naissance de leur second enfant, Akemi arrêtera de travailler pour devenir femme au foyer et s’occuper de ses deux fils.
Miyazaki s’essaye au manga sous le pseudo d’ Akitsu Saburo en publiant périodiquement des épisodes du Peuple du Désert entre 1969 et 1970.
En 1971, Miyazaki quitte les studios Toei pour rejoindre ses amis Takahata et Otsuka, passés depuis quelques temps chez la concurrence aux studios A-Pro. Il y travaillera sur plusieurs épisodes de la série Lupin III (1971-1972) et sur Panda Petit Panda (1972-1973). En 1973, rebelote ! Les 3 amis quittent A-Pro et rejoignent le studio Zuiyo Eizo, branche du futur Nippon Animation. Pendant 5 années, ils y travaillent ensemble sur différents projets, dont la série Heidi (1974), diffusée en France.
En 1978, Miyazaki réalise une série animée en 26 épisodes, Conan le Fils du Futur se déroulant dans un univers post-apocalyptique.
En 1979, Miyazaki quitte le studio Zuiyo Eizo pour rejoindre le studio Tokyo Movie Shinsha, accompagné d’Otsuka. Il y réalisera son premier long métrage, le Château de Cagliostro, qui fera un carton au Japon lors de sa sortie en salle. Ce film d’animation nous permet de suivre les aventures d’Edgar, un cambrioleur hors-pair inspiré de Lupin (Miyazaki avait déjà participé à la réalisation d’une série animée sur ce personnage emblématique au début des années 1970).
En 1982, le magazine Animage publie des planches du manga Nausicaä de Miyazaki, c’est un succès dès les premiers épisodes ! En 1983, le manga sera adapté en film grâce au studio Topcraft.
Aux origines du studio Ghibli
Suite au succès en 1983 du film Nausicaä adapté de son manga éponyme, Hayao Miyazaki fonde en 1985 (avec la participation de la société Tokuma Shoten, éditrice du magazine d’animation Animage dans lequel paraissaient ses planches, ainsi que son acolyte de longue date Isao Takahata) un studio dédié à la production de longs métrages d’animation. En effet, Topcraft, le studio qui s’était occupé de Nausicaä était en grosse difficulté et la société Tokuma Shoten voulait absolument commander un nouveau film au prodige Miyazaki. Ghibli est donc crée sous la filiation de Tokuma Shoten en débauchant une bonne partie des équipes de réalisation et de production de Topcraft (c’est pour cela que malgré que Nausicaä ait été réalisé avant la création de Ghibli, il soit tout de même considéré officiellement comme une de ses créations).
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Au départ, le studio Ghibli est très modeste. Sa survie dépend uniquement du succès rencontré par les différents films réalisés et les employés sont embauchés le temps de produire le film. L’entreprise ne pourra se permettre d’embaucher réellement et de salarier correctement ses employés qu’à la suite du succès de Kiki la petite sorcière en 1989. C’est à ce moment que Toshio Suzuki (à l’origine du magazine Animage qui avait donné sa chance à Miyazaki quelques années auparavant) rejoint le studio pour y devenir producteur.
Les films
C’est Disney (et sa filiale Buena Vista pour la France) qui s’est occupé de la diffusion des films d’animation de Ghibli en Europe dès 1996 au cinéma puis en DVD. Les films n’ont pas été diffusés dans l’ordre de leur sortie japonaise et la gestion des sorties au cinéma est difficile il faut dire, les cinémas français étant peu enclins à programmer des animes japonais, et encore, les « Ghibli » sont moins touchés que les autres productions nippones.
Nous avons tout de même pu constater que le dernier Ghibli en date, Souvenirs de Marnie n’a été projeté que dans seulement 200 salles alors que la France en compte un peu plus de 5000. Habitant en rase campagne, inutile de préciser que je n’ai pu aller voir ce film bien que la bande annonce ait été diffusée dans le cinéma le plus proche de chez moi. Quand il n’y a pas le nom MIYAZAKI en bas de l’affiche, ça doit être beaucoup plus compliqué de se faire acheter…
Nausicaä de la vallée du vent
1984 (2006 en France) : réalisé par Hayao Miyazaki
Sur une Terre ravagée par la folie des hommes durant les « sept jours de feu », une poignée d’humains a réussi à survivre dans une vallée protégée par le vent. Ce peuple agricole est pourtant menacé par une forêt toxique qui ne cesse de prendre de l’ampleur, forêt où seuls survivent des insectes géants et mutants. Ces quelques survivants voient un jour leur roi bien aimé assassiné et leur princesse Nausicaä faite prisonnière. Or cette dernière, sensible à la nature et à l’écosystème, est seule capable de communiquer avec les mutants …
Comme expliqué précédemment, Nausicaä a été produit antérieurement à la création des studios Ghibli, mais reste historiquement affilié à Ghibli comme pierre angulaire. Dans Nausicaä, on retrouve l’opposition de différents partis bataillant chacun pour une noble cause, on ne sait donc jamais si l’héroïne fait les bons ou mauvais choix. Pourquoi est-ce si difficile de vivre ensemble, en parfaite communauté entre hommes et avec la nature ?
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Le château dans le ciel
1986 (2003 en France) : réalisé par Hayao Miyazaki
Histoire librement inspirée des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift
Retenue prisonnière par une force armée dans un dirigeable, la jeune Sheeta tombe dans le vide en tentant de s’échapper lors d’une attaque de pirates. Porteuse d’une mystérieuse pierre, elle atterrit saine et sauve et est recueillie par Pazu, un jeune mineur orphelin. Pourchassés à la fois par les pirates et l’armée, Sheeta dévoile à son nouvel ami qu’elle est la dernière descendante des souverains de Laputa, une cité évoluant dans les airs.
Le château dans le ciel est une course-poursuite dans un univers Steampunk peuplé de machines volantes en tout genre (sans doute le thème où Miyazaki est le plus à l’aise !). Le pouvoir de voler suscite beaucoup d’intérêts, malheureusement souvent fondés sur de mauvaises intentions.
Mon voisin Totoro
1988 (1999 et 2002 en France) : réalisé par Hayao Miyazaki
Deux petites filles, Mei et Satsuki, quittent la ville pour s’installer à la campagne avec leur père afin de se rapprocher de l’hôpital où séjourne leur mère. Elles vont découvrir l’existence de créatures merveilleuses, les Totoro, sortes d’esprit de la forêt.
Ce film a la caractéristique de ne comporter aucune intrigue. Il est basé sur la jeunesse de Miyazaki, sa mère ayant été souvent absente du domicile pour cause de tuberculose. On retrouve aussi l’influence d’Alice au Pays des merveilles de Disney.
Totoro est certainement le personnage qui a rapporté le plus à Ghibli en terme de merchandising. Totoro est l’emblème du studio, apparaissant même sur le logo.
Le tombeau des lucioles
1988 (1996 en France) : réalisé par Isao Takahata, sans aucun doute mon Ghibli favori ! Il est vraiment terrible, c’est un drame poignant, qui vous prend aux tripes, à regarder avec une boite de mouchoirs à proximité.
Nous sommes en 1945, après le bombardement de Kobé. Suite au décès de leurs parents, Seita, un jeune adolescent, part vivre avec sa petite sœur Setsuko chez sa tante. Mais ils sont loin d’être accueillis avec joie et Seita préfère partir avec sa sœur vivre dans un bunker abandonné. Les journées des deux enfants sont riches de découvertes et de bonheur, jusqu’au jour où les vivres viennent à manquer et que la maladie frappe la petite Setsuko …
C’est l’adaptation du roman semi-autobiographique de Akiyuki Nosaka : « la Tombe des lucioles ». Takahata est beaucoup moins cru dans son film que Nosaka dans son livre. Ce dernier n’hésitait pas à dépeindre toutes les horreurs et souffrances vécues par les enfants. Takahata est plus poétique et nous livre un film magnifique (la scène des lucioles est de toute beauté) où l’amour fraternel fait oublier les difficultés de la vie et de la guerre … mais à quel prix ?
Kiki la petite sorcière
1989 (2004 en France) : réalisé par Hayao Miyazaki
A l’âge de treize ans, une future sorcière doit partir faire son apprentissage dans une ville inconnue durant un an. Une expérience que va vivre la jeune et espiègle Kiki aux côtés de Osono, une gentille boulangère qui lui propose un emploi de livreuse.
Ce film traite de la prise d’autonomie lors du passage à l’âge adulte avec toutes les responsabilités qui en découlent : travailler pour gagner sa vie, avoir un logement…
Kiki la sorcière est sans doute le film d’animation Ghibli le plus accessible aux jeunes enfants.
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Souvenirs goutte à goutte
1991 (pas de sortie au cinéma en France, sortie en DVD en 2007) : réalisé par Isao Takahata
Taeko, une jeune citadine de 27 ans, part en vacances à la campagne dans la famille de son beau-frère. Laissant derrière elle ses préoccupations professionnelles, elle se laisse submerger par ses souvenirs d’enfance, des anecdotes survenues en 1966 alors qu’elle n’avait que 11 ans.
Petite caractéristique : c’est de la VOST.
On est bien loin de la poésie et/ou de l’imaginaire et/ou de l’humour qui animent d’habitude les Ghibli. On navigue entre le moment présent où l’héroïne se cherche sans le savoir et les souvenirs nostalgiques, il n’y a rien de hors du commun, ce n’est qu’un enchaînement de (trop) longues scènes de la vie quotidienne. Et que dire de Toshio, le futur compagnon de Taeko, on dirait qu’il n’est là que pour faire de la propagande à propos de l’agriculture bio. Personnellement, j’ai trouvé ce Ghibli très ennuyeux…
Porco Rosso
1992 (1995 en France) : réalisé par Hayao Miyazaki
Porco Rosso est à l’origine un manga en 3 chapitres de Miyazaki publié dans un magazine mensuel japonais consacré au modélisme.L’histoire sera reprise puis étoffée pour en faire un long métrage.
Sur les côtes de la Mer Adriatique, dans les années 1920, Marco Pagot, alias Porco Rosso, un aviateur chasseur de primes à tête de cochon, lutte contre des pirates de l’air pour l’amour de Gina et le souvenir de ses compagnons d’armes.
Porco est le seul personnage non humain du film. On se demande alors quelle malédiction lui a été jetée et la traduction approximative de l’œuvre originale ne nous aide pas du tout. Ça reste un très bon film d’animation sur les hydravions, dont se passionne Miyazaki.
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Je peux entendre l’océan/Tu peux entendre la mer
1993 (jamais sorti en France) : réalisé par Tomomi Mochizuki
Suite au divorce de ses parents, Rikako Muto, lycéenne originaire de Tokyo suit à regrets sa mère qui vient s’établir à Kōchi. Elle arrive en cours d’année scolaire. Dès son arrivée, elle est remarquée par Yutaka Matsuno qui la présente à son meilleur ami, Taku Morisaki. L’ambiance méridionale et provinciale de Kōchi est très différente de Tokyo et Rikako a du mal à s’intégrer dans sa classe.
Ce titre a été localisé pour les anglophones, mais jamais pour le reste de l’Europe. On retrouve deux clins d’œil à Porco Rosso dans le film.
Pompoko
1994 (2005 en France) : réalisé par Isao Takahata
Jusqu’au milieu du XXe siècle, les tanukis, emprunts d’habitudes frivoles, partageaient aisément leur espace vital avec les paysans. Leur existence était douce et paisible.
Mais le gouvernement amorce la construction de la ville nouvelle de Tama. On commence à détruire fermes et forêts. Leur habitat devenu trop étroit, les tanukis jadis prospères et pacifistes se font la guerre, l’enjeu étant de conserver son bout de territoire. Efforts dérisoires car la forêt continue de disparaître …
Les humains, avec qui ils ont appris à cohabiter, font preuve d’un expansionnisme inexpliqué. Les chefs de clans coordonnent la riposte. Un plan est établi sur cinq ans : le temps pour les animaux d’étudier les humains et de réveiller leur pouvoir de transformation. Il va falloir tenter d’effrayer les humains en évoquant peurs et superstitions. Les solutions les plus farfelues sont expérimentées …
Dans Pompoko, on retrouve le discours écologique de Takahata contre la destruction des forêts. Le choix de mettre en scène des tanukis n’est pas anodin. Ces petits rongeurs ont leur place dans la mythologie japonaise dont s’inspire le film. Ils sont en effet connu pour leur art du déguisement. Et si vous regardez bien l’image juste au-dessus où on voit les tanukis descendre du ciel en parachute, c’est bien avec la peau de leurs couilles ! Essayez donc de faire la même chose !
Si tu tends l’oreille
1995 (janvier 2015 en DVD): réalisé par Yoshifumi Kondo
Passionnée de lecture, Shizuku Tsukishima fréquente assidûment la bibliothèque. Un jour, elle remarque grâce aux fiches de suivi que tous les livres qu’elle a emprunté l’ont précédemment été par un certain Seiji Amazawa. Elle se met alors à rêver à qui pourrait être ce garçon.
Avec Kondo, on quitte le merveilleux de Miyazaki pour se retrouver dans une romance adolescente où les sentiments vont bon train, sans toutefois se parer d’eau de rose. Une touche d’extraordinaire vient rythmer le film, avec la découverte d’une statuette de chat, le « baron », dans une vieille boutique. S’en suit de merveilleuses rencontres. Si tu tends l’oreille est un film touchant, et malheureusement, nous ne saurons jamais si Yoshifumi Kondo avait assez de talent pour succéder au maître Miyazaki. En effet, il mourût quelques années plus tard d’un anévrisme. Pas de bol !
Princesse Mononoké
1997 (2000 en France) : réalisé par Hayao Miyazaki
Blessé par un sanglier rendu fou par les démons, le jeune guerrier Ashitaka doit quitter les siens et partir à la recherche du dieu-cerf qui, seul, pourra défaire le sortilège. Au cours de son voyage, Ashitaka rencontre Lady Eboshi, une sacrée femme à la tête d’une communauté de forgerons, qui doit se défendre contre ceux qui lui reprochent de détruire la forêt pour alimenter ses forges. Parmi ses pires ennemis se trouve San, une jeune fille sauvage élevée par des loups, aussi appelée « Princesse Mononoké », la princesse des spectres …
Superbe film ancré dans la culture et la mythologie japonaise, c’est aussi un hymne à la tolérance et au respect de l’autre. En effet, difficile de choisir son camp car dans Princesse Mononoké, il n’y a ni gentils, ni méchants malgré l’opposition de 2 parties, celui des humains et celui des animaux, dans une lutte pour la survie.
Mes voisins les Yamada
1999 (2001 en France) : réalisé par Isao Takahata
La famille Yamada est une famille de fortes personnalités. Takashi Yamada est un gentilhomme d’affaires un peu bougon qui se bat contre le mal avec les héros imaginaires de son enfance. Il partage sa vie avec Matsuko, sa femme un peu farfelue et peu motivée pour les tâches ménagères … La grand-mère a la langue bien pendue et est encore pleine d’énergie. Le fils est en pleine crise d’adolescence tandis que la petite sœur a déjà un caractère pour une fille de son âge. Même le chien est lunatique.
Partagez avec cette famille peu ordinaire éclats de rire et moments de tendresse !
Le style graphique épuré adopté pour Mes voisins les Yamada provient du fait que Takahata a travaillé en collaboration avec Ishii, mangaka dessinant l’histoire des Yamada dont s’inspire le film.
Le voyage de Chihiro
2001 (2002 en France) : réalisé par Hayao Miyazaki
Chihiro, 10 ans, a tout d’une petite fille capricieuse. Elle s’apprête à emménager avec ses parents dans une nouvelle demeure. Sur la route, la petite famille se retrouve face à un immense bâtiment rouge au centre duquel s’ouvre un long tunnel. De l’autre côté du passage se dresse une ville fantôme. Les parents découvrent dans un restaurant désert de nombreux mets succulents et ne tardent pas à se jeter dessus. Il se retrouvent alors transformés en cochons. Prise de panique, Chihiro s’enfuit et se dématérialise progressivement. L’énigmatique Haku se charge de lui expliquer le fonctionnement de l’univers dans lequel elle vient de pénétrer. Pour sauver ses parents, la fillette va devoir faire face à la terrible sorcière Yubaba, qui arbore les traits d’une harpie méphistophélique.
Le voyage de Chihiro nous propose une vision Shintoïste du monde.
Le royaume des chats
2002 (2003 en France) : réalisé par Hiroyuki Morita
Haru est une jeune lycéenne pleine de doutes qui ne trouve pas sa place au milieu des autres. Sa vie bascule le jour où, sur le chemin de retour du lycée, elle sauve la vie d’un chat qui manque d’être écrasé par un camion. Mais il ne s’agit pas de n’importe quel chat, celui-ci parle et se présente comme Loon, le prince du Royaume des chats. Les chats ont désormais une dette envers Haru. Dès le lendemain, ils la comblent de cadeaux et le roi des chats en personne l’invite dans son Royaume, où elle devra épouser le Prince Loon…
Le Royaume des chats prend appui sur la statuette de chat, le « baron », présentée initialement dans Si tu tends l’oreille.
Le château ambulant
2004 (2005 en France) : réalisé par Hayao Miyazaki
Sophie, une jeune fille de 18 ans, fait la connaissance du magicien Hauru, jeune homme séduisant et mystérieux. Se méprenant sur leur relation, une sorcière jalouse jette un épouvantable sort à Sophie et la transforme en vieille femme de 90 ans.
Dans ce film, on retrouve une tonne de clins d’œil à diverses œuvres de littérature de jeunesse comme l’épouvantail du magicien d’Oz tout comme l’histoire avec Pendragon.
Les contes de Terremer
2006 (2007 en France) : réalisé par Gorō Miyazaki
Les contes de Terremer racontent les aventures du jeune Arren, prince du royaume d’Enlad, qui va s’allier aux forces du grand magicien Epervier pour rétablir l’équilibre du monde rompu par une sorcière maléfique. Dans le combat qui s’annonce, Arren et Epervier croiseront la route de Therru, une mystérieuse jeune fille. Ensemble, ils dépasseront leurs peurs et uniront leurs destins pour mener le plus fascinant des voyages.
Premier film de Goro Miyazaki qui tente la lourde tâche de succéder à son père. Le fils avait même noté son géniteur sur son blog : « 0 à Hayao Miyazaki en tant que père et 20/20 en tant que réalisateur ». Alors, fiston est-il à la hauteur ? … Personnellement, j’ai trouvé ce film un peu ennuyeux…
Ponyo sur la falaise
2008 (2009 en France) : réalisé par Hayao Miyazaki
Après qu’il joue sur la plage, le petit Sosuke, 5 ans, découvre une petite fille poisson rouge nommée Ponyo, piégée dans un pot de confiture. Sosuke la sauve et décide de la garder avec lui. Ponyo est aussi fascinée par Sosuke que ce dernier l’est par elle. Le petit garçon lui promet de la protéger et de s’occuper d’elle, mais le père de Ponyo, Fujimoto – un sorcier autrefois humain qui vit tout au fond de la mer – la force à revenir avec lui dans les profondeurs. Bien décidée à devenir humaine, Ponyo s’échappe pour retrouver Sosuke. Mais avant, elle répand l’élixir magique de Fujimoto dans l’océan. Le niveau de la mer s’élève et les sœurs de Ponyo sont transformées en vagues gigantesques qui montent jusqu’à la maison de Sosuke sur la falaise et engloutissent le village…
On pourrait reprocher à Ponyo son côté commercial, se destinant plus particulièrement aux jeunes enfants, mais il est tellement plein de poésie et d’amour qu’on en oublie rapidement ce côté. On retrouve la symbiose entre l’homme et la nature si chère à Miyazaki transposée au domaine marin.
Arrietty, le petit monde des chapardeurs
2010 (2011 en France) : réalisé par Hiromasa Yonebayashi
Dans la banlieue de Tokyo, sous le plancher d’une vieille maison perdue au cœur d’un immense jardin, la minuscule Arrietty vit en secret avec sa famille. Ce sont des Chapardeurs.
Arrietty connaît les règles : on n’emprunte que ce dont on a besoin, en tellement petite quantité que les habitants de la maison ne s’en aperçoivent pas. Plus important encore, on se méfie du chat, des rats, et interdiction absolue d’être vus par les humains sous peine d’être obligés de déménager et de perdre cet univers miniature fascinant fait d’objets détournés.
Arrietty sait tout cela. Pourtant, lorsqu’un jeune garçon, Sho, arrive à la maison pour se reposer avant une grave opération, elle sent que tout sera différent. Entre la jeune fille et celui qu’elle voit comme un géant, commence une aventure et une amitié que personne ne pourra oublier…
Si le film a été réalisé par Hiromasa Yonebayashi, le scénario est signé de la main du maître Hayao Miyazaki, en pleine période de passage de témoin. Il est à noter que c’est la première fois qu’un film Ghibli a une BO composée par un artiste non japonais. Ici, c’est Cécile Corbel, harpiste française ! Cocorico !
La colline aux coquelicots
2011 (2012 en France) : réalisé par Gorō Miyazaki
Yokohama, 1963. Umi est une jeune lycéenne qui vit dans une vieille bâtisse au sommet d’une colline surplombant le port. Chaque matin, depuis que son père a disparu en mer, elle hisse deux pavillons face à la baie, comme un message lancé à l’horizon. Au lycée, quelqu’un a même écrit un article sur cet émouvant signal dans le journal du campus. C’est peut-être l’intrépide Shun, le séduisant jeune homme qu’Umi n’a pas manqué de remarquer …
La colline aux coquelicots est ancrée dans le monde réel. On dirait que Goro Miyazaki souhaite prendre le moins de risques possible quant à la réalisation de son film animé, et cela se ressent grandement, tout autant que son premier film. C’est prévisible et sans surprises.
Le vent se lève
2013 (2014 en France) : réalisé par Hayao Miyazaki
C’est le dernier Miyazaki en date. Ce film nous conte l’histoire de Jirô Horikoshi, jeune homme qui aurait rêvé d’être pilote mais qui deviendra tout de même ingénieur en aviation à l’époque de la seconde Guerre mondiale. On navigue sans cesse entre l’imagination débordante de Jirô et les scènes de vie réelle ancrées dans l’histoire du Japon.
Ce film respire Miyazaki (Hayao, bien évidemment !). On retrouve ses thèmes phares : l’aviation, mais aussi la maladie (la mère de Miyazaki était atteinte de tuberculose).
Le conte de la princesse Kaguya
2013 (2014 en France) : réalisé par Isao Takahata
Kaguya,minuscule princesse, est découverte dans la tige d’un bambou. Élevée par un vieux coupeur de bambou et sa femme, elle devient une séduisante jeune femme dont la beauté suscite l’engouement de tous ceux qui la rencontre. Cinq nobles prétendants vont devoir relever d’impossibles défis dans l’espoir d’obtenir sa main…
Takahata nous surprend de nouveau avec cette œuvre au fond blanc persistant sur lequel prend vit les décors et personnages de l’histoire à l’aquarelle. Un film plein d’émotion ! A vos mouchoirs ! (on a l’habitude avec Takahata !)
Souvenirs de Marnie
2014 (Janvier 2015 en France) : réalisé par Hiromasa Yonebayashi
Anna est solitaire et n’a aucune amie. Alors qu’elle part en vacances dans un village proche d’Hokkaïdo, elle rencontre Marnie, une jeune fille étrange…
Je n’ai pas pu le voir au cinéma, j’attends donc sa prochaine sortie en DVD pour juger…
Ghibli a aussi produit une dizaine de courts métrages.
Jeux vidéo
Katsuya Kondo, animateur chez Ghibli avait déjà donné de son temps en 1998 en tant que character design pour le jeu de rôle Jade Cocoon, développé par Genki sur Playstation. D’ailleurs, ce jeu s’inspire grandement de Princesse Mononoké.
Jade Cocoon surfe sur la mode des Pokemons. On alterne phases de déplacement et combats. Le système de combat est au tour par tour. Ce qui diffère des RPG plus traditionnels, ce sont les caractéristiques du héros, Levant, qui restent identiques du début à la fin de l’histoire. Le héros est donc faible face aux créatures qu’il rencontre. Mais en capturant ces dernières, il pourra les entraîner et les faire combattre à ses côtés.
Le jeu ne jouit pas d’une excellente critique car sa durée de vie est médiocre et le jeu est assez répétitif, malgré la richesse graphique de l’œuvre. On peut tout de même noter que Jade Cocoon a été intégralement traduit en français.
En 2010, une collaboration d’une plus grande envergure a lieu entre le studio de développement de jeux vidéo Level-5 et le studio d’animation Ghibli, avec Ni no Kuni, RPG sur PS3 (le Japon a eu également droit à une version DS). Le scénario a une consonance enfantine et magique, le jeune héros cherchant désespérant à sauver sa mère en traversant un monde parallèle.
Durant son aventure, Oliver rencontrera de nombreux personnages qui l’aideront à grandir et évoluer, ainsi que de fabuleuses créatures peuplant cet univers parallèle. Ni no Kuni est un jeu magnifique en Cel shading, on reconnaît vraiment la patte graphique de Ghibli.
Pourtant, les critiques seront loin d’encenser ce jeu, certainement à cause d’un système de combat imprécis. La durée de vie est, elle, tout à fait correcte et la touche Ghibli séduira de nombreux fans.
Conclusion
Ghibli est un studio hors-du-commun grâce au fabuleux talent de ses créateurs, Isao Takahata et Hayao Miyazaki, mais ces deux messieurs commençant à faire beaucoup trop grisonnant, il est temps de passer le relai. Sauf que la tâche n’est pas si facile. Miyazaki est réputé pour son perfectionnisme extrême et son dévouement à la tâche, ce n’est d’ailleurs pas son fils qui le contredira. La relève ne semble pas encore à la hauteur alors que faire ?
On a vu que Ghibli a tenter une reconversion en collaborant dans le développement de jeux vidéo, mais le résultat semble toutefois trop loin des espérances.
Ce que j’aime dans les films d’animation Ghibli, c’est qu’on ne tombe jamais dans la bienveillance absolue.
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Si Ghibli est si attaché au nom de Miyazaki, c’est parce que c’est cet homme qui a élevé le studio la où il est aujourd’hui. Mais cette force est aussi une faiblesse car il est très difficile de trouver le digne successeur. Alors la solution toute trouvée, c’est la résignation, et donc la fermeture (temporaire ?) du studio. Tu m’étonnes la pression que doivent se prendre en pleine face les jeunes artistes.