Shadow of the Colossus – PS3

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Parfois on tombe sur un jeu dans sa collection et on a envie d’y jouer subitement, un peu comme une pulsion. Et bien récemment c’est un titre acquis en 2013 que j’ai décidé d’enfourner dans ma PS3 : Shadow of the Colossus. Alors bon, je l’avais déjà fini à l’époque sur PS2, ça n’était donc pas une découverte pour moi mais j’ai quand même décidé de le refaire dans sa version HD surtout que mes souvenirs de ce jeu remontaient à 2008.

En ligne droite, j’ai mis environ 8 heures, ce qui est une durée de vie moyenne. Une fois terminé, on débloque le mode Difficile et le Time Attack afin de rajouter un peu de challenge et de rejouabilité. Il est également possible de se mettre à la recherche de tous les fruits et lézards afin de terminer le jeu à 100% et d’augmenter les capacités du héros. Et si certains sont déjà arrivés au bout de tout ça, je leur conseille de se mettre en quête du Jardin Secret accessible uniquement une fois la barre d’endurance boostée au maximum.

Présentation

Le jeu n’avait pas déchainé les foules lors de sa sortie sur PS2 en Europe, pourtant aujourd’hui il est considéré comme un must have. Mais alors, Shadow of the Colossus, c’est quoi ? Et bien c’est l’histoire d’un homme, Wander (Wanda), qui est prêt à tout afin de redonner vie à sa dulcinée. Pour cela il se rend sur une terre sacrée abandonnée où il fera un pacte avec des esprits : s’il élimine les seize colosses, les esprits ressusciteront la jeune femme. Une histoire plutôt classique mais il faut bien un prétexte pour aller tuer ces colosses.

shadow-of-the-colossus-2Notre héros est prêt à tout pour faire revenir sa belle à la vie. Mais cela se fera-t-il sans conséquence ?

Aidé de son fidèle destrier, Aron (Agro), notre héros va devoir partir à la recherche de ces colosses, des monstres de plusieurs dizaines de mètres de haut, afin de les tuer. Pour cela, il a à sa disposition une épée afin de les localiser (une fois brandie, l’épée émet une lumière dans la direction où se rendre) et un arc pour les attirer vers lui. Une fois dans l’antre de notre ennemi, c’est maintenant que la partie de plaisir commence. Il faudra localiser chacun de ses points faibles signalé par un symbole blanc (là encore, l’épée peut être utile) puis trouver un moyen de grimper sur le colosse afin de planter la fameuse épée au niveau de ces marques. Le monstre agonisant alors dans une trainée de fumée noire.

Autant dire que si les premiers colosses sont plutôt faciles, la suite se corse au fur et à mesure des rencontres avec des combats sur terre mais aussi en vol ou sur l’eau. Personnellement, je garde un bon souvenir du colosse N° 5, sensations fortes et effet décoiffant garanti, ainsi que du dernier colosse, une vraie forteresse toute en hauteur. Le moindre faux pas et il faut tout escalader depuis le début. J’ai bien mis 1h pour le tuer.

shadow-of-the-colossus-5L’épée permet de localiser les colosses. Mais attention à ne pas être ébloui…

L’ambiance…

Le jeu se présente comme un vaste monde fait de montagnes, de verdures, de sables et de rivières. On peut se balader où bon nous semble même s’il n’y a pas grand-chose à y faire, surtout que l’on se sent éperdument seul. Oui, car la force de Shadow of the Colossus c’est son atmosphère, son ambiance. Les plaines sont éperdument vides, il n’y a rien. Rien à part le héros, son cheval et les colosses. L’interface de jeu est également très épurée. Le HUD comprend une jauge d’endurance, l’arme utilisée, la barre de vie du héros et celle du colosse. Une ambiance assez déroutante, on ne s’est jamais autant senti seul dans un jeu et pourtant ça fonctionne à merveille.

Il n’y a pas de musique, hormis lorsque l’on s’attaque à un colosse, seul des cris d’oiseaux viennent parfois troubler ce silence oppressant. Justement les musiques, celles-ci apparaissent principalement lors des cinématiques ou des affrontements contre les colosses. Elles sont envoûtantes et angoissantes, voire carrément épiques avec des instruments à cordes et à vent et des percussions tels que le piano, la harpe, la flûte, le tambour, le cor d’harmonie ou encore le bouzouki irlandais. Le tout est rythmé par notre évolution pendant le combat, la musique est donc un fil conducteur à notre affrontement, un indice qui nous indique que l’on est sur la voie de la victoire.

Pour les curieux, l’OST, intitulée Roar of the Earth, a été composée par Kow Otani, qui a principalement œuvré sur des films ou des animes (City Hunter, You’re Under Arrest!, ou Eyeshield 21 notamment), et comporte quand même une quarantaine de morceaux. Il s’agit là d’une des plus belles OST jamais composée pour un jeu vidéo.

Un petit morceau de l’OST.

et la technique

Graphiquement, j’ai été un peu déçu. Sur PS2, le jeu poussait la console dans ses derniers retranchements, avec parfois quelques ralentissements. Sur PS3, on se retrouve avec un jeu en 1080p et 30 fps sans aucun ralentissement, c’est bien sauf que le jeu est assez aliasé et régulièrement les textures apparaissent au dernier moment. C’est dommage car pour moi, il aurait vraiment mérité une belle refonte graphique afin de sublimer l’expérience de jeu. Un peu comme ce qui a été fait pour les compilations HD de Kingdom Hearts.

Petite nouveauté par rapport à la version PS2 : la 3D stéréoscopique. J’en ai donc profité pour tester tout ça et c’est vraiment sympa. On a une bonne impression de profondeur et ça donne une nouvelle dimension au jeu. Très bonne idée je trouve, même si je n’ai fait que quelques colosses avec les lunettes 3D car ça a tendance à me donner mal au crâne. Au niveau des désagréments on peut ajouter une caméra parfois capricieuse, qui a tendance à mal se placer ou à toujours vouloir se recentrer derrière le personnage. Bon il faut dire que ça n’est pas facile de bien se placer afin d’avoir un bon angle de vue avec des colosses aussi impressionnants.

shadow-of-the-colossus-1L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux.

Le colosse derrière les colosses

Derrière chaque grand jeu il y a un grand homme (ou une femme), ici c’est Monsieur Fumito Ueda. En 1995 l’homme était tout d’abord animateur 3D sur le jeu Enemy Zero sorti sur Saturn puis il bascule du côté obscur de la force pour se retrouver chez Sony Japon et devenir en 1997 directeur et game designer sur le célèbre Ico. Le jeu sort en 2001 sur PS2 et malgré un succès mitigé, il est encensé par la critique.

En 2002 Fumito Ueda commence à imaginer ce qui deviendra Shadow of the Colossus. Beaucoup espéraient une suite à Ico mais Ueda veut proposer une expérience nouvelle, et c’est fin 2005 au Japon que sort Wanda to Kyozō sur PlayStation 2. Alors, préquelle ? Suite ? En tout cas, une chose est sûre, les deux jeux sont liés et se déroulent dans le même univers. Depuis, le monsieur travaille sur The Last Guardian, enfin il paraît car ça fait quand même 6 ans qu’on l’attend. Patience est mère de toutes les vertus… Enfin c’est ce qu’on dit…

fumito-uedaA Gangeek Style on a décidé de séquestrer Fumito Ueda afin qu’il termine The Last Guardian.

Les produits dérivés

Pour sa sortie sur PS2 au Japon le jeu a bénéficié d’une édition ultra limitée puisqu’en glanant des informations sur Internet j’ai pu lire qu’elle n’a été éditée qu’à 50 exemplaires dans le monde. Autant dire que les prix s’envolent lorsqu’elle apparait en vente sur la toile. Une légende raconte même que la première fois qu’elle est apparue sur un site d’enchères très connu elle se serait vendue à 1 200$. Cette édition limitée contient le jeu (heureusement), un tee-shirt , un collier et un DVD promotionnel intitulé NICO pour ICO 2, le nom de code de Shadow of the Colossus pendant son développement, le tout rangé dans un boîtier cartonné.

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Pour sa réédition HD en 2011 sur PS3 au Japon, la compilation a eu droit également à son édition spéciale dans un coffret cartonné du plus bel effet. Le coffret contient les deux jeux chacun sur un Blu-ray et un livret de 100 pages réalisé par le magazine japonais BRUTUS spécialisé dans la pop-culture. Ce livret contient des croquis et des anecdotes en japonais ainsi que deux magnifiques lithographies. Elle est aujourd’hui encore trouvable sur Internet moyennant une centaine d’Euros.

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Lors de sa sortie en Europe sur PS2 le jeu a bénéficié d’une édition spéciale dans un boîtier cartonné et contenant 4 cartes postales retraçant des grands moments du jeu. Ça n’est pas l’édition de fou comparé à nos camarades japonais mais ça donne tout de même un aspect plus sympa que le classique boîtier plastique bleu même si le carton a tendance à s’abîmer avec le temps.

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En 2006 est sorti uniquement au Japon un livre d’environ 200 pages qui est moitié artbook / moitié guidebook. Celui-ci indique la position de chaque colosse sur la carte du jeu mais nous permet surtout d’admirer des artworks et des dessins préparatoires à la conception du jeu avec notamment des designs de colosse non implémentés dans le jeu. Les dernières pages du livre contiennent une interview de l’équipe de développement racontant notamment l’idée d’une fin alternative si le joueur disposait d’une sauvegarde d’Ico sur sa carte mémoire.

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En 2007 sont sorties des figurines Shadow of the Colossus, les One Coin Grande Figure Collection. Au nombre de 7, celles-ci représentent les principaux protagonistes du jeu et quelques colosses. Cette collection de figurines est aujourd’hui assez difficile à trouver à moins d’y mettre le prix.

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Un peu plus jolie, une représentation en résine du premier colosse rencontré dans le jeu. Cette figurine d’environ 20 cm est plutôt détaillée, on remarque même aux pieds du colosse notre héros Wander. Elle est réalisée par Kotobukiya et limitée à 500 pièces dans le monde.

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On trouvera également des objets insolites créés par des fans doués de leurs mains, tel ce disque dur externe en forme de colosse. Autant dire qu’avec ça personne ne viendra vous voler vos photos de vacances.

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Et pour terminer, c’est en 2009 que l’on apprend que le jeu aura droit à une adaptation cinématographique. Tout d’abord sous l’égide du réalisateur Joshua Trank, connu pour le film de super-héros Chronicle et pour le reboot des Quatre Fantastiques qui doit sortir cette année. Finalement l’homme décide de jeter l’éponge et c’est maintenant Andres Muschietti qui est aux commandes. Le scénario n’est pas en reste puisque tout d’abord écrit par Justin Marks (Street Fighter : La légende de Chun-Li) c’est maintenant Seth Lochead, auteur du film Hanna, qui est à l’écriture. Et … c’est tout, pas d’autres informations à se mettre sous la dent. Les paris sont maintenant ouverts : qui sortira en premier, Shadow of the Colossus – The Movie ou The Last Guardian sur PS4 (ou PS5) ?

wandp2206L’avenir est incertain pour les licences de Fumito Ueda.

L’héritage

Il n’y a qu’à regarder les combats de boss de God of War 3, de Castlevania : Lords of Shadow ou encore Darksiders 2 pour se rendre compte que Shadow of the Colossus est bien plus qu’un jeu, il est une source d’inspiration, un concept à lui tout seul. Alors oui, la frontière entre hommage et plagiat est mince, mais il est indéniable que ce jeu a marqué d’une pierre blanche le monde vidéoludique. Et peut être pas uniquement les jeux vidéo car lorsqu’on lit ou regarde L’attaque des Titans il est impossible de ne pas se demander si Shadow of the Colossus n’y est pas un petit peu pour quelque chose dans le concept du manga. Dans une autre mesure on peut dire que Flower et Journey sont en quelque sorte les fils spirituels du style artistique de Fumito Ueda. Des jeux aux concepts uniques avec une ambiance de solitude et pourtant emplis de beaucoup d’émotion où là aussi les sonorités et les musiques sont un personnage à part entière de l’histoire. A méditer …

attack_on_colossus_by_risachantag-d6oatf6Attack on Colossus.

This is the end my friend

La fin du jeu est assez inattendue et émouvante. Par ailleurs, on peut se demander quelle est la morale de ce jeu. Car même si tout part d’une bonne intention, le héros veut ramener à la vie sa bien-aimée, au final c’est quand même lui qui vient vers les colosses pour les tuer. Eux n’ont rien demandé et n’ont rien fait de mal. Et d’ailleurs, à chaque fin de combat, notre héros se fait transpercer par des lames noires, un peu comme si, à son tour, il devait ressentir la même douleur qu’il a fait subir à ses ennemis. Qui a le rôle de gentil ou de méchant ? Ici le joueur se fera sa propre opinion des motivations du héros et des moyens qu’il emploi pour y arriver. Un bon sujet de philo pour le bac 2015 tout ça.

shadow-of-the-colossus-2Gentil le chien, gentil.

Petite particularité, après la mise à jour du jeu, il est possible d’y jouer en Remote Play sur PS Vita. Il est important de le signaler car très (trop ?) peu de jeux proposent cette fonctionnalité. Et puis ça permet de ressortir sa PS Vita du tiroir.

Shadow of the Colossus fait partie de ces jeux boudés à leur sortie mais qui, avec le temps, arrivent enfin à être estimés à leur juste valeur. Le tout est un intelligent mélange entre une ambiance de solitude mais oppressante et des combats épiques contre ces Goliaths, le tout lié par un système de jeu unique et innovant. Un jeu indispensable, il est aujourd’hui impensable d’avoir une PS2 ou une PS3 et de n’avoir jamais fait Shadow of the Colossus. Et, même si sur le plan technique on était en droit d’en attendre plus, le plaisir est toujours là. Il n’y a plus qu’à attendre le prochain jeu de la Team Ico, The Last Guardian, afin de savoir comment il s’intégrera dans l’univers formé par Ico et Shadow of the Colossus et surtout quel lien il y aura entre ces trois jeux.

fumito-ueda-gamesAllez les enfants, on va jouer au parc.

78%
78%
Une autre svp

Une ambiance oppressante et inoubliable et un gameplay original font de ce titre un jeu unique et indispensable. On regrettera tout de même des graphismes pas assez retravaillés pour cette mouture PS3 et une caméra capricieuse. On attend avec impatience le prochain jeu de Fumito Ueda afin de nous conter la suite de ces aventures à l’atmosphère oniriques.

  • Ambiance
    9
  • Gameplay
    8
  • Graphismes
    6
  • Musiques / Sons
    8
  • Notes des internautes (4 Votes)
    8.2
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A propos du gangeekeur

4 commentaires

  1. Sympathique test !

    Par contre petite précision, le collector box de Wanda to Kyoso sur PS2 avec le DVD nico n’est pas du tout sorti à 50 ex, et se négocie, encore aujourd’hui, aux alentours de 250€ environs 😉

  2. Merci 😉

    Tu as plus d’info sur le nombre d’exemplaires de cette collector ? Car j’ai pas trouvé grand chose sur le net et j’ai vu ce chiffre sur un site. D’ailleurs il me semble que tu l’as cette collector, je suis tombé sur une photo de ta collection en cherchant des infos dessus 🙂

  3. Non il n’y a pas d’info officielles il me semble à ce sujet. Quand il est sorti, il était rare sans plus, c’est avec le temps qu’il a un peu disparu des market places. Je penche pour un 2000-5000 ex je pense, c’est un avis perso que je me fait au vu du nombre que j’en ai vu passer.

    Par contre au niveau de ton dossier, je trouve juste dommage que tu n’approfondisses pas l’essentiel du jeu, à savoir l’ambiance, les références multiples auxquelles elle renvoie, ce mix « mythologie croisée avec le conte banal chevaleresque », sur quels aspects les développeurs ont été des génies et pourquoi on encense aujourd’hui autant ce jeu plutôt qu’un autre, en quoi les jeux de cette époque apportèrent une marque au jeu vidéo, qui s’est peu à peu perdue uniquement vers les dev indépendants (on a quand même eu Okami quasiment la même année pour l’exemple) etc…

    Pour moi ton dossier doit aller dans le sens de l’explication du contenu, parce que le test, on l’a déjà lu il y a 10 ans, mais l’approfondissement de l’idéologie et du contenu du jeu lui, est unique en son genre, et c’est CA qui mérite d’être mis en avant 😉

  4. Merci pour tes critiques. C’est vrai que traiter de Shadow of the Colossus n’est pas une mince affaire. Il y a tellement de choses à dire et d’interprétation sur l’ambiance, les motivations du héros , les choix des développeurs que je suis sûrement passé à côté de quelque chose.

    A la base je souhaitais simplement poser par écrit ce que ce jeu m’a fait ressentir en y jouant, cette expérience unique et encore aujourd’hui je considère qu’aucun autre jeu n’égale les sensations procurées par Shadow of the Colossus. Et puis de fil en aiguille je me suis laissé guider par mes découvertes autour du jeu et j’ai essayé d’approfondir le sujet. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai découvert la fameuse collector japonaise.

    Peut-être qu’un jour j’aurais l’occasion de revenir sur le sujet et de faire une v2 de cet article et à ce moment là je me rappellerais de tes conseils 😉

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