Les souvenirs d’enfance ont toujours tendance à garder un goût acidulé, comme si on était en train de manger de la barbe à papa en sirotant un verre de Tropico, avec le perroquet qui chante à tue-tête … Ok, j’arrête. Si aujourd’hui nous avons décidé de vous parler de Bomb Jack, vous aurez bien compris que c’est parce que ce jeu a teinté l’enfance de l’un d’entre nous. Du haut de ses 5 ans, Poulipou passera seulement quelques heures devant l’écran de l’Amstrad CPC chez sa nounou à faire virevolter un héros en collants moulants façon Superman. Et pourtant, ces quelques heures de découverte du jeu resteront à jamais gravées dans sa mémoire. Alors quand Poulipou a mis la main il y a quelques mois sur un CPC encore fonctionnel, son objectif premier fut de se procurer une disquette de Bomb Jack …
Présentation de Bomb Jack
Mais qui est donc ce Bomb Jack ? Ce super héros, en combinaison moulante, vêtu d’une cape, doté de cornes et d’un masque recouvrant son visage, qui ne sort d’aucun comics, apparaîtra sur borne d’arcade en 1984 ! Il a été conçu par Michitaka Tsuruta et développé par Tehkan, avant que ce studio ne soit renommé quelques années plus tard en Tecmo. Le monsieur sera aussi à l’origine du concept de Solomon’s Key, sorti en 1986 sur Nes.
On se trouve face à un jeu dénué de tout scénario. On ne sait pas d’où vient le héros, ni qui sont ses ennemis, d’ailleurs, on ne trouvera aucune indication écrite dans le jeu concernant le scénario. C’était la bonne époque, celle où il n’y avait pas besoin de tout un blabla brillant pour enrober la pilule. Tu te posais devant la borne et hop, tu jouais …
Si Jack présente quelques ressemblances avec Superman, il n’en a pas les pouvoirs ! Ce dernier vole alors que Jack sait tout juste léviter quelques instants. Par contre, il est capable de sauter très haut. Mais à quoi cela lui sert-il ? A récupérer des bombes sur divers lieux touristiques afin de sauver les pauvres touristes d’une mort certaine de faire un max de points… Oui, Bomb Jack est un pur jeu de scoring qui n’a pas de fin !
Quant à savoir ce qu’il fait des bombes, on en sait rien, on ne peut que constater qu’elles disparaissent de l’écran dès que Jack les a touchées. Après, est-ce qu’il les a gobées ou mises dans son slip ? Tiens, ça pourrait peut-être expliquer sa capacité à sauter si haut, un pet bien placé et hop il décolle !
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Principe de Bomb Jack
Le but du jeu est de récupérer les 24 bombes présentes sur chaque tableau en prenant soin, bien entendu, d’éviter les ennemis (le moindre contact est fatal, voilà encore une différence avec Superman). Le principe est librement inspiré du célèbre jeu d’arcade Pac-man (accès au tableau suivant en récupérant tous les items à l’écran sans se faire toucher par exemple). En début de tableau, lorsque Jack récupère sa première bombe, une mèche d’une autre bombe s’allume. Ainsi, si l’on ramasse les bombes dans l’ordre d’allumage, on fait plus de points. En fin de tableau, on obtiendra un bonus selon le nombre de bombes allumées récupérées.
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Il existe différents bonus, apparaissant soit suite à la récupération d’un certain nombre de bombes, soit suite au score réalisé (par exemple, on obtient un bonus tous les 5000 points).
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Il existe 5 tableaux qui se succèdent indéfiniment : Gizeh avec son célèbre Sphynx et sa pyramide égyptienne, l’acropole grecque, le château de Neuschwanstein en Bavière, une cité de buildings imposants (Miami ?) et les rues hollywoodiennes vues de nuit.
Bien entendu, les plateformes sont placées différemment selon les niveaux, mais au bout de quelques rotations de tableaux, on a fait le tour et on se retrouve sur des tableaux avec des plateformes placées pareil qu’auparavant. La difficulté augmente par l’accélération graduelle des déplacements des ennemis.
Pour réussir à avoir le meilleur score à Bomb Jack, il faut redoubler de vigilance. Chaque sorte de monstres possède son propre algorithme de déplacement. Ils sont donc assez prévisibles mais il faudra toujours rester éloigner d’eux car une chose est commune à tous : ils ne vous aiment pas et se déplacent donc à leur manière dans votre direction pour vous empêcher de mener à bien vos emplettes de bombes. A vous donc d’anticiper tout ça !
Sinon au niveau des contrôles, c’est bien simple, à part gauche/droite, on a un seul bouton pour faire sauter Jack. On peut également stopper sa chute en appuyant de manière rapide et répétée sur ce même bouton. Lors d’un saut, si on pousse le joystick vers le haut, on sautera plus haut. De la même manière, abaisser le joystick lors d’une chute vous permettra de regagner le sol plus rapidement.
Pour accompagner le déroulement du jeu, 3 musiques tournent en boucle. La première est tirée de l’anime japonais « Spoon Oba-san » (titre français : Madame Pepperpote, diffusé en 1984 sur TF1). La seconde n’est autre que « Lady Madonna » des Beatles (musique qui ne sera plus présente dans les remakes les plus récents, faute de renouvellement des droits). On peut ajouter à cela des jingles pour la réussite d’un niveau ou le tableau des highscores. En ce qui concerne les bruitages du jeu, ils sont juste à chier, comme ça c’est clair et net !
Vous l’aurez compris, Bomb Jack n’est pas un jeu « de la mort qui tue » mais son concept est sympathique et séduira tout ceux ayant une attirance pour les jeux de scoring.
Les différentes versions de Bomb Jack
La version arcade sera adaptée par différents éditeurs ( Sega, Elite Systems, Infogrammes et Tecmo) sur de nombreux supports, avec plus ou moins de brio.
Comme nous pouvons le constater sur les images ci-dessus, Bomb Jack a perdu beaucoup de son charme et de son aspect coloré lors de ses adaptations sur les différentes machines, liés aux contraintes techniques. Mais pas que…
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On peut aussi retrouver le titre Bomb Jack sur différentes compilations, comme Tecmo Hit Parade sur PS2 (2004 – Jap only) ou Tecmo Classic Arcade sur Xbox (2005 – US only).
De nombreuses adaptations homebrew ont été développées par des amateurs. Parmi les mieux réussies, on retrouve une version pour MSX2 faite par la team espagnole Kralizec. Une version Coleco est aussi en cours de réalisation par BFG. Bref, Bomb Jack est loin d’être enterré !
Les suites
Bomb Jack II (C16 et C64 en 1986, Amstrad CPC et ZX Spectrum en 1987, développé par Elite Systems)
Il est difficile de qualifier Bomb Jack II de suite de Bomb Jack premier du nom tellement les différences sont énormes.
Tenez-vous sur vos gardes car Jack est de retour ! Notre super héros Bomb Jack va encore faire des siennes en adoptant cette fois une tactique comique ! Mais il est maintenant armé et dangereux – prêt au combat. Servez-vous de votre clé-poignard pour lutter contre les reptiles qui infestent le puits de lave et gagner d’autres espaces.
Êtes-vous capable de réussir ? Arriverez-vous à vous montrer plus malin que vos ennemis et à amasser le trésor dans plus de 40 décors diaboliquement compliqués ? Vous devez les ramasser dans l’ordre pour obtenir une vie supplémentaire.
Le gameplay est complètement différent : Jack ne saute plus là « où le vent le portera » mais est cantonné à sauter de plateforme en plateforme (exclusivement sur le même axe que lui, que ça soit horizontalement ou verticalement). On perd la liberté de mouvement propre au premier opus.
Ensuite, Jack n’est plus aussi vulnérable que dans le jeu original : déjà, il est armé et il peut pousser ses ennemis hors des plateformes (bon, faut pas croire qu’il suffit de zigouiller tous les ennemis pour être tranquille, ils ressuscitent chaque fois en une créature de plus en plus féroce). De plus, il a maintenant une barre de vie. Notre bon vieux Jack change véritablement de statut ! Ce n’est plus le petit héros frêle et tout mignon du premier opus, il a pris du muscle et de l’assurance le gars !
Ce ne sont plus des bombes que notre ami Jack ramasse mais de l’or contenu dans de petits sacs. Alors autant dans le premier volet, je vois le rapport au titre, autant là, à part surfer sur un titre porteur, je vois pas du tout du tout, mais alors pas du tout ! Notre héros aurait-il pris la grosse tête et serait-il devenu cupide ? On retrouve toutefois un point commun avec le titre original : les fonds d’écrans (leur nombre et les lieux sont différents selon la machine). Ainsi, sur Amstrad CPC, on peut reconnaître les monuments mégalithique de Stonehenge, l’opéra de Sydney avec son architecture si originale et le Taj Mahal indien parmi deux autres paysages plus anonymes.
Le jeu en lui-même n’est pas mauvais, c’est juste qu’on est adepte ou non de ces grosses modifications, et les amoureux du premier Bomb Jack ne s’y retrouveront pas forcément dans cette « suite ». La petite chose sympa, c’est que Elite propose le premier Bomb Jack sur la face B de la disquette ou de la cassette de Bomb Jack II.
Mighty Bomb Jack (Famicom en 1986 et Nes en 1987, développé par Tecmo ; Atari ST, Amiga et C64 en 1990, développé par Elite Systems)
Il semblerait que Tecmo ait sorti une borne d’arcade de la suite de Bomb Jack en 1986 mais les informations à ce sujet sont assez floues. Il y a bien une borne « VS. Mighty Bomb Jack », mais c’est une conversion de la version Famicom.
Si on regarde les dates de sorties de Bomb Jack II et Mighty Bomb Jack, on voit bien que les deux suites ont été développées à peu près en même temps, Tecmo et Elite devant avoir les droits simultanément. Ça fait un peu comme certains films, dont on a deux versions différentes qui sortent la même année (Yves Saint Laurent et Saint Laurent en 2014), avec deux visions bien distinctes. Si Bomb Jack II de Elite Systems surfait incontestablement sur le succès du titre original en proposant un gameplay bien différent, Mighty Bomb Jack de Tecmo cherche à renouveler son jeu en alliant nouveauté et retour aux sources.
On quitte donc le jeu en tableau pour aller vers un jeu plutôt orienté plateforme. Il y a 16 niveaux à parcourir, chacun étant découpé en 2 parties bien distinctes : une phase de plateforme en scrolling horizontal, sûrement inspirée par le succès de Super Mario Bros et une phase arcade en tableau reprenant le gameplay du Bomb Jack original.
Lorsque le démoniaque Belzebult enlève et enferme la famille royale dans sa pyramide maudite, seul Jack peut leur venir en aide.
Le jeu se déroule en Egypte dans une pyramide (superbe clin d’œil au premier opus) remplie de trésors et de bombes. Jack est, comme à l’origine, capable de faire des sauts extraordinairement hauts. Un appui sur la touche en cours de saut le fait redescendre vers le sol. Si on ne cherche pas à atteindre le plus haut score, la phase de plateforme sera très simple, il faudra juste traverser le niveau.
Pour faire du point, il faudra récupérer les bombes et ouvrir les coffres. Si certains s’ouvrent juste en sautant dessus, d’autres sont verrouillés et ne vous livreront leur contenu que par l’activation d’un bonus par un système de pièces bonus. Attention toutefois, si vous possédez plus de 9 pièces bonus, vous serez téléporté dans une salle de torture où il vous faudra survivre 1 minute.
Il existe 4 façons différentes de finir le jeu. Bien sûr, pour obtenir la « meilleure fin », c’est-à-dire libérer toute la famille royale et capturer Belzebult, il faudra avoir en sa possession certains items.
Mighty Bomb Jack fait pâle figure par rapport à son grand frère et les phases de plateforme peinent à convaincre. On collecte des bombes et des trésors sans trop savoir à quoi ça sert outre le score. Et c’est peut être parce qu’il y a un scénario qu’on s’emmêle les pinceaux.
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Bomb Jack Twin (Arcade en 1993, développé par NMK)
Cette suite reprend le même principe que le jeu original, à savoir un jeu en tableau où il faut récupérer toutes les bombes dans l’ordre pour faire un max de point. Le nombre de fond d’écran a été augmenté pour passer à 13 lieux différents. On retrouve quelques classiques de la série comme le château de Neuschwanstein et l’acropole, mais aussi un clin d’œil à Bomb Jack II avec la reprise du Taj Mahal. Parmi les nouveaux venus, on reconnait le grand Canyon, Tower Bridge, la grande muraille de Chine, la tour Eiffel.
Les graphismes des sprites ont été revus pour surfer sur la mode du Kawaii au Japon. Le monde de l’arcade au début des années 90 est abreuvé de personnages colorés mimi-tout plein comme dans Bubble Symphony (Arcade, 1994, Taito). Pendant le jeu, on peut remarquer que certaines actions donnent droit à quelques réactions du personnage. Par exemple, si on saute trop haut et qu’on se prend le mur, Jack sera étourdi quelques instants. Quand on réussit un niveau, Jack se trémousse à l’écran … Bref, so kawaii !
La grosse nouveauté de Bomb Jack Twin est la possibilité de jouer à 2 en simultané, comme le titre le laisse entendre. Le second joueur incarnera la copine de Jack, avec deux chignons blonds à la place des cornes.
Au final, Bomb Jack Twin se révèle être bien plus difficile que son ainé : ça va plus vite et il y a plus d’ennemis.
Conclusion
Puisque Bomb Jack est un jeu de scoring, on va finir par un mot sur le scoring ! Le record du monde, selon le site Twingalaxies, est attribué à Giauco Bondavalli sur borne d’arcade. Son score de 20 010 960 est indétrônable depuis le 3 novembre 1984, soit un mois après la sortie de la borne. Plus récemment, en 2013, Paul Kearns a fait un score de 73 378 560 sur émulateur MAME, après un marathon de 16h.
En matant la vidéo, on se rend compte du degré de technique qu’il faut pour arriver à obtenir un score élevé : jouer avec les boutons pour léviter juste ce qu’il faut pour attirer les ennemis afin de nous laisser ensuite le champ libre … plus facile à dire qu’à faire !
Alors, des candidats pour battre ce record ?
3 commentaires
Sympa la petite histoire ^^ mais je trouve que le sphinx fait une drôle de tête sur la plupart des machines.
Après Bomb Jack le peuple réclame un dossier Fruity Frank !
Fruity Frank jeu de ouf ! J’aimais bien bomb jack en arcade, j’ai pas le souvenir de l’avoir testé sur Amstrad. Faut qu’on fasse honneur aux jeux à l’ancienne !