Bon, comme on me demande souvent comment j’ai construit mon Talos Dark Eldar, je vous ai ressorti quelques photos prises pendant le process en 2011 … histoire de tous vous convaincre que le milliput, c’est quand même vachement bien !!
Tout débuta dans l’allégresse vers Novembre 2010 : j’avais réussi à confectionner mes premiers Gyoza, je venais de découvrir le tout nouvel album d’Amélie Morin, et une resculpture intégrale de cette armée honnie qu’étaient les Dark Eldars venait d’être annoncée. Comme l’idée de remporter enfin une statuette dorée après deux tentatives infructueuses continuait de me tarabuster, j’en vins à la conclusion que taper dans ce thème avec une figurine inédite pourrait attirer l’attention du jury. Et le Talos semblait être un choix d’autant plus judicieux que sa première figurine était … err … facile à surpasser.
A l’origine, j’avais en tête une composition bien plus vaste : une sorte de diorama rotatif nous montrant une impitoyable scène de sacrifice, et la tentative de sauvetage faite par une armée Eldar mécanisée pour délivrer les captifs. Las, le boulot m’obligea à revoir mes ambitions à la baisse et à me recentrer sur ce seul projet, cannibalisant les structures qui avaient déjà été sculptées pour construire un socle original.
Déjà, ce qu’on pouvait entrevoir du nouveau Talos avait l’air plutôt super …
Quelques zones d’ombres créaient des incertitudes, mais on tenait là un concept tout à fait exploitable. J’étais bien conscient que je risquais d’investir des semaines de boulot perso pour au final obtenir un résultat proche d’un kit plastique coûtant une trentaine d’euros, mais participer à un Golden Demon avec une figurine non-encore sortie n’allait pas manquer de créer le buzz !
#1 : Je décidai donc de commencer par cette grande carapace dorsale, dont le volume allait décider de la taille de l’ensemble dès ce stade. En voyant ce premier jet (encore collé à la brosse à dents qui avait servi de support à la construction) , les gens commencèrent à se poser de sérieuses questions sur ce que j’étais en train de faire … il faut dire que ça évoquait plutôt une bague-armure gothique qu’une machine de mort extra-terrestre. Les doutes s’amplifièrent au stade suivant : « la crevette qui a peur ».
#2 : Une fois les premières formes bien ébauchées, je préférai rajouter des canons éclateurs de la première génération à l’extrémité de la queue … en fait surtout une tactique pour m’éviter une disqualification de la part du jury (du genre : « votre figurine ne contient aucun élément GW« ). Je préférai traiter toutes les piques en Greenstuff, pour les rendre moins cassantes qu’une même forme sculptée en milliput. Je décidai d’employer ces petites billes d’airsoft pour les rotules des pattes latérales, aucune phase de cuisson n’étant programmée pendant la conception du modèle. La première difficulté vint de la zone de jonction de l’abdomen et du corps central, qui demanda pas mal d’ajustements pour fonctionner correctement. Premier assemblage à côté d’Urien Rakarth 1st gen, l’une des seules bonnes figs de la vague de 1998.
#3 : Toujours fidèle à l’illustration, je rajoutai quelques petits instruments en résine à l’extrémité des appendices manipulateurs du Talos (il était facile de les imaginer se mouvoir autour de la victime avec la vivacité des pattes d’un insecte). Je débutai la gravure à la pointe de l’X-acto, technique reprise des grands maîtres de l’Ecole de Nantes (JAG et Thomas). J’hésitai longtemps sur les yeux, avant d’opter pour deux paires de tailles assez différentes l’une de l’autre.
Sculpté séparément en Fimo, le supplicié Eldar s’apprête à déguster …
#4 : détail des mains emportant l’autre victime (un infortuné gardien). Les courtes piques ornant le galbe du bras gauche lui donnèrent l’aspect d’un bien curieux fruit exotique !
#5 : Je travaillai parallèlement sur la warpgate, à l’origine un élément du diorama sus-mentionné. Pressé par mes nouveaux impératifs, j’en fis tout autre chose : une base rattachée au socle du Talos, permettant de le suspendre de façon convaincante au dessus du sol. Noter sur l’avant-bras droit l’ajout de petites pièces de briquets. Ces mécanismes internes du brûleur sont d’autant plus faciles à replacer qu’ils ne sont pas instantanément reconnaissables, à l’inverse de la molette. Le moment était venu de rajouter ces bulbes ovoïdes si chers aux Eldars, partagés par leurs sombres cousins.
#6 : Je sculptai ensuite une série de symboles en milliput, slalomant entre les éléments déjà en place (ré-utilisant cette technique développée pendant le développement éreintant du projet « Golem Tir Na Bor » chez Rackham 4 années plus tôt).
L’idée est de placer un ruban de milliput sur une plaque déjà sèche, en assurant l’adhérence entre les deux couches par un jus de milliput. Je créai sur l’armure une animation bienvenue … que je trouve rétrospectivement un peu molle, les symboles Dark Eldars étant au final bien plus anguleux et tranchants.
#7 :Arrh, jamais bon ça !! J’obtins en cours de travail un scan de meilleure qualité du concept.
J’y repérai à la dernière minute d’insolites formes circulaires à la base de la queue, restées cachées jusqu’alors dans la pénombre …quitte à aller jusqu’au bout, j’en fis des lance-leurres, construits sur des boutons de manchettes convexes.
#8 : ma foi, on était bons. Tout au plus, quelques rajouts plastiques prélevés sur les grappes des cérastes, et des tuyaux faits en corde de guitare pour habiller le tout.
#9 : Je pulvérisai enfin l’apprêt blanc, à quelques jours seulement de l’échéance. Fort de l’expérience malencontreuse de certains, je m’assurai de ne pas utiliser une bombe crachotante pour ce faire.
#10 : Temps d’appliquer la peinture à l’aérographe, bien sûr. J’en profitai pour me livrer à une série de tests sur son cortège d’incubes. Au programme, base de Tamar Black et passage de Skorne Red par dessus. Quelques traces de Tin Bitz sur les métaux, et un lining de Rackham Color 034 Cuir Naturel « reformulé », très chouette peinture qui laissait présager ce qu’aurait pu devenir la gamme Rackham, et dont il ne doit plus rester que 3 ou 4 pots au monde à présent. Et toujours l’incontournable Boltgun Metal teinté au Smoke X-19 pour les rotules.
#11 : Stupéfait de retrouver un tel stade d’éclaircissement sur une photo … j’y ai vraiment été aussi fort ? Je penche plutôt pour un éclairage violent ayant généré un problème de contraste. A quelques jours du Golden, j’hésitai encore énormément sur la tête : valait-il mieux choisir un blanc, un métal ? Je me décidai finalement pour une finition noire plus sobre. Par contraste, la victime Eldar évoluait vers un pattern gris constellé de craquelures.
#12 : Une fois parvenu à un rouge convenable, je procédai à l’éclaircissement des arêtes au « blanc goret » Prince August. Ayant lu à ce moment un article sur les contrastes chromatiques, j’intégrai avec succès du Catachan Green pour éclaircir mes noirs.
#13 : Il était plus que temps de penser à l’intégration du Talos sur son socle, via la Warpgate (maintenant constellée de spirit stones montées en cabochons) … la dernière inquiétude étant la solidité de la structure une fois la figurine en place et sa stabilité.
#14 : Je drybrushai nerveusement mon décor (en prenant soin de ne pas toucher au socle pour ne pas altérer sa finition satinée). Malgré quelques touches bien senties de drypigments brun-rouges pour lier le tout, je pressentis qu’il manquait encore quelque chose à H-8 !
#15. Oui, c’était ça : un motif freehand organique reprenant l’innervation de la rétine (le plus drôle étant de voir chacun y reconnaitre une inspiration différente).
#16 : Ta-daa !! Il était grand temps, c’était l’avant-dernière occasion pour moi d’obtenir un Golden Demon sur le sol français. Nous revînmes triomphants avec Martin, lui aussi vainqueur en figurine individuelle et créature. Une victoire décisive sanctionnée par une statuette … un pic-nic avec les amis dans le parc floral, entourés par de magnifiques paons … la présence et les félicitations de Jes Goodwin … décidément un super souvenir, cette journée !
nous pûmes voir sur place le Talos officiel qui -ô suprise- était parti dans une direction assez différente, ajoutant de nombreuses parties organiques sur la pièce (mais excluant toute référence au prisonnier supplicié).
Après tout, je n’avais pas bossé pour rien, me retrouvant possesseur de l’unique exemplaire d’une machine de torture hors-normes !
2 commentaires
impressionnant, j’ai toujours voulu savoir sculpter comme ça.
C’est drôle d’entendre ce genre de commentaire, venant de la part de quelqu’un avec autant de ressources !