Tremblez sombres mortels et acteurs de la génération Y.
Accrochez-vous à vos plus intimes souvenirs d’enfance et à vos sentiments les plus nostalgiques.
Nous sommes le 11 Août 2014, et Robin Williams a disparu de la surface de notre terre pour rejoindre son pays imaginaire.
C’est avec beaucoup d’humilité et de tristesse que j’écris cet article, pour revenir sur sa carrière, son œuvre et son personnage.
Biographie
Robin Mc Laurin Williams est un acteur américain né au début des années 50 à Chicago.
Nous passerons sur son enfance, simple, bercée d’un côté par un père peu présent mais aimant, gros commercial pour Ford et une mère à moitié française. Adolescent, il se passionne pour les sciences politiques avant de rentrer à la Juillard School, une école privée de New York où il y sera remarqué en 1974 par Garry Marshall. Son humour fait immédiatement mouche, on lui trouva immédiatement une « bille de clown » pour incarner l’extra-terrestre « Mork » dans la série éponyme, pour laquelle il recevra d’ailleurs un Golden Globe en 1978.
Son premier rôle au cinéma lui est donné par Robert Altman pour incarner Popeye. Le film reprend les grandes lignes de la série animée originale avec quelques petites modifications scénaristiques.
Sa carrière continue en grandes pompes avec un rôle remarqué dans « Good Morning Vietnam » qui lui vaut une nomination aux oscars en 1988. Mais c’est surtout à partir de 1990 qu’il sera connu et reconnu de toute la génération Y actuelle.
Pour beaucoup, il est Peter Pan (Hook ou la revanche du capitaine crochet, 1991), Alan Parish (Jumanji, 1995), John Keating ( le cercle des poètes disparus, 1989), Sean Maguire (Will hunting, 1997) ou encore Mme Doubtfire, et le moins connu mais excellentissime Chris Nielsen (Au-delà de nos rêves, 1998).
Il serait difficile de revenir sur la totalité de sa filmographie, qui ne contient pas moins de 65 longs métrages… soit une moyenne de près de 2 films par an depuis 1980 ! Alors bien évidemment, il y a des daubes, c’est inévitable, mais comment passer outre Les aventures du Baron de Muchaüsen (Terry Gilliam, 1989), « Flubber » et tous ces films qui ont littéralement bercé notre enfance à tous…
Les connaissez-vous si bien que cela ?
Voulez vous en savoir plus ? | Voir> |
---|---|
Filmographie
Voici une sélection purement personnelle des films dans lesquels Robin Williams fait une apparition remarquable (par ordre de sortie).
– Le cercle des poètes disparus (Dead Poets Society) :
Le premier rôle vraiment marquant de Robin Williams au cinéma. Réalisé par Peter Weir en 1989, le film raconte comment en 1959 dans une école privée du Vermont, le professeur de Lettres John Keating enseigne de façon originale à ses étudiants le goût de la liberté, le refus du quotidien, de la fatalité imposée par la société et l’épanouissement personnel.
Certains élèves vont prendre goût à cette forme d’apprentissage et cette élévation spirituelle et décident de reformer une ancienne association : celle du cercle des poètes disparus. Le Professeur Keating en fut un membre éminent à l’époque de ses études de cette petite secte anti-conformiste, qui cherche à encourager l’épanouissement de soi à travers diverses formes d’expressions quotidiennes. On pourrait longtemps parler d’un parallèle entre l’Église épiscopale (dont Robin Williams faisait partie) et les messages subtilement insérés dans le film dans les dialogues, les situations et les choix des protagonistes.
Émouvant, le film fait réfléchir sur diverses conditions de vie et pensées humaines cartésiennes jusqu’à un final époustouflant.
Magnifié par l’acting incroyable de Robin Williams (qui sera d’ailleurs nominé pour l’oscar du meilleur acteur en 1990), ce film est littéralement un hymne à l’auto-perfectionnement et le refus du train-train. Une véritable porte ouverte sur la liberté de penser et d’expression pour atteindre une sorte de nirvana bouddhique vers une nouvelle vie. Souvent copié ou pris en exemple, jamais égalé, le cercle des poètes disparus est un film comme on aimerait en avoir tous les jours au menu.
– Hook ou la revanche du capitaine Crochet (Hook):
Probablement de très loin le film le plus marquant de sa carrière. Sorti en 1991 et réalisé par Steven Spielberg, le film est une sorte de spin-off du dessin animé de Walt Disney (1953). Il raconte comment Peter Pan, retourné chez lui sur Terre, a fait sa vie et a complètement oublié le pays imaginaire. Wendy a grandi, est devenue grand-mère, et Peter a épousé sa fille. Un soir, alors que Peter est en pleine cérémonie pour célébrer l’œuvre de Wendy à Londres sur ses bienfaits envers les orphelins, Peter, complètement happé par son travail et cette soirée, se fait prendre par surprise.
En effet, Hook, le capitaine Crochet, profite de son absence pour kidnapper ses enfants Jack et Maggie, restés à la maison familiale. Toujours amer de sa défaite contre Peter des années plus tôt, il veut sa revanche.
Peter, affaibli par le quotidien et amnésique de son enfance et de toutes les aventures qu’il a vécu, est le soir-même retrouvé par la fée Clochette (interprétée par Julia Roberts), qui vient directement du Pays Imaginaire pour chercher l’ancien héros. Il y est conduit immédiatement. Sur place, il découvre un univers qu’il a complètement oublié et qu’il devra comprendre et maitriser afin de récupérer ses enfants.
Les enfants perdus, les pirates, le capitaine Crochet (Dustin Hoffman), Ruffio et tout plein d’aventures l’attendent. Car si « voler » était sa carte maitresse lorsqu’il était jeune, qu’en est-il désormais ? Comment réussir cette incroyable épreuve…
Ce film est simplement un modèle pour tous les autres films fantastiques d’action-aventure. Véritable étalon du genre, Robin Williams y trouve une place de choix, tout juste à sa taille. Le rôle lui sied parfaitement de bout en bout. Depuis l’insupportable commercial à l’aventurier imaginaire, il saura tantôt vous faire rire tantôt vous émouvoir par son histoire et sa façon si personnelle de jouer ce rôle. La confrontation entre enfants et adultes est remarquable. Peter devra redevenir un enfant pour parvenir au bout de ses rêves. Un modèle de vie, un modèle de pensée.
Le film est de plus, sublimé par la BO. Composée par le maitre John Williams, elle en fera chavirer plus d’un.
Un film à voir, revoir, et apprendre par cœur.
Le film fera un tel carton que la licence sera réutilisée pour créer des jeux vidéos (très moyens sur console, bon en arcade) ainsi que toute une panoplie de jouets.
– Jumanji :
Film fantastique d’aventure pour enfants sorti en 1995 (1996 chez nous) et réalisé par John Johnston.
Enfant des années 60, Alan Parish est le fils d’un industriel puissant qui fabrique des chaussures. Un jour, il découvre un jeu ancien qui semble l’appeler. Il appelle alors sa jeune amie Sarah Whittle pour venir le tester chez lui. Mais le jeu est magique, et à chaque fois qu’un pion est déplacé, un bonus ou un malus fait apparition comme par magie. Ainsi, au premier tour, le jeune Alan est avalé par le jeu, qui lui confère un gage de plus de 20 ans d’emprisonnement dans l’univers parallèle du jeu. Le jeune Alan disparait.
Les années passent, et les parents du petit Alan dépensent leur fortune à essayer de retrouver leur fils, et finissent par disparaitre.
La maison familiale est vendue à un couple qui a deux enfants : Peter et Judy Sheperd (interprétée par Kirsten Dunst). Les deux enfants finissent par trouver le jeu Jumanji au grenier abandonné par les anciens propriétaires, et évidemment, décident d’y jouer. Une partie ne peut cependant pas être recommencée, car une est déjà commencée, en 1969, par les deux anciens enfants. En commençant leur tour, ils délivrent Alan Parish du jeu, 26 ans plus tard, qui revient alors, adulte, parmi les siens.
Mais les siens… que sont-ils devenus ? Comment finir le jeu, et arriveront-ils à déjouer tous les pièges que renferme le jeu ?
Un film incroyable, de par son histoire, sa trame, ses plans, ses acteurs et son univers. L’un des films américains les plus marquants des années 90 aux côtés de Terminator 2, Jurassic Park et consorts. Vous ne pourrez qu’être séduits par le jeu de Robin Williams qui y joue ici un rôle quelque peu décalé, après avoir été privé de civilisation pendant près de 30 ans. On retient son souffle à chaque fois que les dés sont jetés…
Nous pourrons regretter amèrement l’absence d’une sortie jeu vidéo avec cette licence à l’époque. Il y avait clairement moyen de faire quelque chose d’incroyable !!! Il n’y a qu’une daube sortie sur PC et PS2, regroupant quelques mini jeux, sorti en 2006… quelle honte. Trop cher pour les droits, pas assez d’idées ? Dommage hein…
À noter que l’un des 3 plateaux en bois du jeu original utilisé pour le film a récemment été vendu sur ebay pour la « modique » somme de $60.800…
Si comme moi vous n’avez pas les moyens de vous payer l’original, sachez tout de même qu’un jeu de plateau est sorti en 1995 par Milton Bradley…
– Will Hunting (Good Will Hunting):
Réalisé en 1997 par Gus Van Sant, le film raconte l’histoire d’un génie en mathématiques (Matt Damon) paumé au passé tumultueux. Ne sachant que faire de sa vie, il traine avec ses potes dans les bars et finalement se retrouve en liberté conditionnelle, surveillé de près par un professeur de l’institut du MIT qu’il avait impressionné en résolvant l’un des problèmes dans un couloir.
Mais le professeur n’arrive pas à canaliser le jeune homme fougueux, et décide de l’amener voir son vieil ami psychologue Sean Maguire (Robin Williams) pour lui faire faire une thérapie.
Un lien fort va unir les deux personnages de l’histoire.
L’un, jeune, entêté, trouvera auprès du psychanalyste l’oreille attentive dont il a toujours eu besoin et l’autre, dans la force de l’age, aura bien besoin d’un peu de jeunesse pour remettre de la force dans ses convictions et dans ses envies.
Robin Williams y joue ici le rôle très touchant, triste et à la fois courageux d’un homme à qui la vie n’a pas fait de cadeau.
Il essaye d’empêcher son jeune patient de faire les erreurs qu’il a commises, il le met sur la voie de la rédemption, sur le chemin de la vie, remplie de dangers et de doutes, mais ô combien intéressante et enrichissante. Un véritable chef d’œuvre d’interprétation des deux côtés, qui vaudront à Robin Williams de remporter l’Oscar du meilleur acteur pour ce rôle…
– Mme Doubtfire (Mrs Doubtfire):
Dans ce film réalisé par Chris Colombus (Maman j’ai raté l’avion, Harry Potter…) en 1993 et adapté du roman d’Anne Fine « Quand Papa était femme de ménage », Robin Williams prend cette fois-ci le rôle comique d’une situation burlesque.
Divorcé, sa femme Miranda ne lui laisse pas voir ses gosses, alors pour les voir, il va se changer en femme de ménage et apparaitre si transformé que sa femme ne le reconnaitra pas et l’engagera.
Le comique de situation omniprésent dans le film fait penser à plusieurs comédies américaines du genre de l’époque (un flic à la maternelle, Jumeaux etc…).
Robin Williams range ses idées rêveuses et enfile l’habit théâtral d’une femme pour notre plus grand fou rire. (NB : On le retrouvera dans un rôle très comique en 1997 dans le film Flubber d’ailleurs, si vous ne l’avez pas encore vu)
Mine de rien, la comédie fonctionne et l’acteur reste comme à son habitude, très touchant dans son interprétation.
À ne pas manquer.
– Au-delà de nos rêves (What dreams may come) :
Sorti en 1998 et réalisé par Vincent Ward (scénariste entre autres de Alien 3), le film raconte la triste histoire d’un couple, voué à se battre corps et âmes pour se retrouver.
Robin Willams y joue le rôle d’un mari aimant, tué lors d’un accident avec ses deux enfants, laissant sa femme seule au monde dans une dépression abyssale.
Son suicide la conduit tout droit en enfer, d’où Robin Williams tentera par tous les moyens de l’en faire sortir.
Graphiquement complètement décalé, ce film explose littéralement la vision de l’amour à travers l’art et la naturalisation des pensées. Les amoureux de la vie, candides et autres sentimentaux vont se jeter dessus à corps perdus.
Le paradis y est décrit comme un lieu de perdition enchanteur où la peinture se mêle à la nature, où Robin Williams, magique, rit de sa propre mort tentera le tout pour le tout pour retrouver les siens.
Un film à ne manquer sous aucun prétexte, et bien souvent trop peu connu du grand public pour son grand dam. Certainement l’un des tout meilleurs rôles de l’acteur.
Son personnage et son jeu d’acteur, notre héritage
Les rôles qui lui seront confiés dans les films les plus marquants de sa carrière semblent avoir été pensés pour lui tant son jeu d’acteur colle parfaitement avec les dialogues et les ambiances incroyables de ces films.
Robin Williams est un clown triste. Un homme qui dans la vie, aime la nostalgie de l’humour et ce paradoxe intemporel qu’elle renvoie sans cesse à tout un chacun. C’est d’ailleurs bien pour cela que ses meilleurs rôles tournent un peu toujours autour du thème de l’enfance, de l’oubli et de l’aventure.
L’exaltation est pour lui l’hymne de la planète et des humains. Elle émane de notre cœur et fait de nous bien plus que de simples mortels. Elle crée des souvenirs impérissables, des témoins de notre passage en ce bas monde, avant de rejoindre le pays imaginaire : ce lieu de perdition où les mauvaises pensées sont oubliées, où l’enfance, l’innocence, l’amour et l’aventure son maitres-mots d’une vie parallèle sans égale.
Peut-être était-ce pour voyager dans son univers qu’il avait besoin de quitter notre monde, de se perdre quelque peu dans l’alcool, qui sait. Il était je pense, assez mal dans son rôle et ses idées, trop puissantes pour son cœur triste et mélancolique. À l’instar de John Keating, il part aujourd’hui seul, de son plein gré, en ce 11 Août 2014, vers de nouvelles aventures qui nous sont inconnues. Mais il nous laisse un magnifique héritage, qu’il faut aujourd’hui voir et revoir, en tirer des leçons et de la matière.
Étrangement, Neverland, est un peu une faucheuse finalement par chez nous. Après Michael Jackson en 2009, il nous enlève Robin Williams… Ça suffit maintenant..
Souhaitons lui bonne chance, il gardera probablement quelques pensées agréables en réserve pour atteindre son univers imaginaire.
Une étoile nous a quitté.
Fayre thee well Robin.
@Minouche (12/08/2014)
7 commentaires
Excellent hommage ! Vraiment un grand acteur !
Superbe hommage Minouche, tu as su parfaitement décrire le personnage et nous rappeler à quel point il était doué. Un héros de notre enfance à tous. R.I.P Monsieur Williams.
Super homage minouche 🙂
c’est sans conteste au delà de nos rêve qui m’avait marqué… effectivement, un film trop peu connu mais très très fort à tous points de vue…
Excellent hommage, j’ai regardé Jack hier soir, mais le film que je préfère c’est bien Hook et Jumanji !
Mais bon ils faut ce dire qu’il est partie en nous laissant 3 nouveau film, donc il est encore un peu avec nous 🙂
Très bel hommage, je n’ai jamais vu jumanji et tu m’as donné envie de le regarder 🙂
Très bel article Minouche, et quel titre !
Sa disparition m’a beaucoup touché aussi, on a grandi avec les films de Robin Williams, j’avais la VHS de Hook qu’on a bien du mater 100 fois avec mon frère quand on était petits.
J’avais vu Jumanji et Mme Doubtfire au cinéma.
Et puis Le Cercles des Poètes Disparus reste un de mes films cultes.
J’aurais fait la même sélection de films que toi.
Merci pour cet article sur ce grand monsieur. Je viens d’apprendre son décès il y a seulement 2/3 jours.
Un gars qui a appelé sa fille Zelda née en 1989 est vraiment Gangeekstylé.
Je m’en vais de ce pas regarder Jumanji avec mon fiston.
R.I.P. Robin
ps: ce n’est pas moi qui te jetterai la pierre d’avoir trop taquiné la coke et la bouteille