Développeurs : IREM corp USA (distribué chez nous par Bandai)
Sortie : 1990 – 1991
INTRODUCTION
Quand on était gamin, le Kung Fu, le Karaté, et tout sport de combat un peu asiatique nous attirait beaucoup. Les raisons étaient plutôt simples : quand on ne se battait pas à l’école, on jouait à Street Fighter, et quand on ne jouait pas à des jeux de tape, on matait des films de tape… Alors ça pouvait aller du basique film SF/anticipation un peu violent type Robocop ou Terminator, aux films de combats purs avec, entre autres, l’éminent Bruce Lee, qui fit le bonheur des gamins que nous étions.
Je ne saurais dire le nombre de fois où j’ai pu regarder « Opération Dragon » ou la « Fureur de Vaincre » et autres blockbusters du genre. Ce mec était un dieu pour nous, ni plus ni moins, il était rapide, il n’avait peur de rien, se battait pour la veuve et l’orphelin, et rentrait dans le lard de tout un tas d’ennemis qui lui tombaient dessus à la chaîne. En bref, les films de Bruce Lee, ce sont tout simplement des Beat’em all avant l’heure.
« Le bois, ne rend pas les coups. »
« Opération Dragon » – Robert Clouse 1973.
Alors hé bien oui, lorsque gamin, un jeu de Kung’Fu débarque sur Game Boy avec écrit au dos de la boite, un certain Bruce Leap… forcément je suis un des premiers à venir mendier 249 francs pour avoir le jeu.
Je rentre chez moi, et disparaît avec ma GB, aspiré par un excellent Beat, peut-être trop court mais vraiment jouissif.
Donc.
Kung’Fu Master, alias Spartan X au japon, est un Beat’em up de la respectable IREM corporation.
Sorti en 1990 au Japon et en 1991 aux USA et partout ailleurs (dont en France), il est une pseudo-suite du jeu portant le même nom, sorti en 1984 sur Arcade, micro-ordinateurs et quelques consoles de salon, dont l’Atari 2600 et 7800. Kung’Fu Master n’est autre que le premier Beat’em Up, voilà, déjà ça met un peu la pression. Le jeu n’était franchement pas super beau et les mouvements peu réalistes, mais ils étaient déjà suffisants pour que les gamins s’attachent au style de jeu.
Je préfère vous montrer la version Arcade, bien plus jolie que les autres, évidemment.
Mais cette fois-ci sur Game Boy, pas de dojo en boucle avec des escaliers pas beaux tout moches au bout à gauche ou à droite de l’écran, mais quelques univers changeants, des ennemis un peu plus variés, de bonnes animations et musiques.
Les boites présentées aux gosses en fonction de la localisation prévues sont totalement différentes au Japon et ailleurs. Au Japon, Bruce Lee n’est pas mis en avant, on voit un mec random qui se prépare, et des boss en fond. La composition de l’image claque et on achète pas le jeu pour Bruce Lee, mais parce que le boulot apporté donne simplement envie. Mais chez nous et aux USA, c’est différent, en fond on retrouve un mec avec une tronçonneuse sur un chameau (wtf ??), des pyramides, un désert de sable et surtout le fameux Bruce Leap en premier plan, héros du jeu, qui est directement inspiré d’une scène bien connue d’un film. Ils ont fait un miroir de la pose, et remplacé les coups de griffes qu’il a reçu dans le film par une ombre de sa main… voyez plutôt.
La différence entre les deux boites est littéralement impressionnante.
Voilà, vous voyez le truc ? Ils ont en gros repris une posture que les jeunes adoraient pour vendre leurs boites.
Du coup, escroquerie ou vrai bon jeu ? Décortiquons aujourd’hui, avec un peu de recul et beaucoup de nostalgie cet excellent titre.
SCENARIO / AMBIANCE
Franchement, vous raconter le scénario est une perte de temps, mais vous mettre des screens de ce qui est raconté dans le manuel pour justifier votre quête, oui, parce que ça fait encore et toujours sourire.
Voyez plutôt.
Donc en gros, ouais vous avez compris : on est soit-disant un agent secret, sans arme, sans moyen de transport, on va se taper des centaines de kilomètres à pinces pour défoncer un gars visiblement anciennement acteur porno du nom de Daddy Long Legs (littéralement : Papa Longues Jambes… sérieux quoi…).
Donc voilà quoi, vous étiez comme un clochard dans votre maison en bois dans les montagnes en train de bouffer des serpents quand un pseudo-gourou d’une orga’ militaire vient vous chercher pour vous dire « hey, fais ça pour moi, seul, sans rien, y’a des mecs qui jouent aux sorciers égyptiens avec des scorpions et du pétrole, trouve un train et démerdes-toi, mais attention, c’est ultra-méga-giga confidentiel…(stp) ».
Quand on voit le nombre de gars qui t’attendent dès que t’arrives, on y croit juste pas une seconde…
En plus, regardez bien le sprite du fameux Bruce Leap… Vous trouvez qu’il ressemble à Bruce Lee vous ? Nannnn… on dirait juste un ricain coiffé en mode Laurent Delahousse qui veut pécho des amphet’.
Bref, le scénar’ d’un beat’em up quoi… littéralement insipide.
L’ambiance, quant à elle, se défend plutôt bien.
Le port, niveau 2, avec ses caisses et ses bidons
GAMEPLAY / LEVEL DESIGN
Le Game Design est ici signé MOHS.
Vous êtes donc dans un Beat-em up, et dirigez Bruce Leap, soit-disant grand maître du Kung Fu, mais qui ne se servira que de 3 coups pour se débarrasser de ses ennemis :
– Le coup de poing, bouton A (possibilité de l’utiliser en sautant ou en se baissant)
– Le coup de pied, bouton B (possibilité de l’utiliser en sautant ou en se baissant) – plus grande portée que le poing
– Le coup de pied retourné, votre plus puissant coup (Diagonale HAUT + B)
– Les bombes, HAUT + A
Oui c’est bien connu, les maîtres en arts martiaux utilisent des bombes !
Vous pouvez donc vous déplacer à l’aide du pad, pour sauter c’est HAUT ou DIAGONALE HAUT, et pour se baisser, BAS.
Vous n’avez pas de parade, il vous faudra donc défoncer tout ce qui bouge parce que le fameux Bruce Leap a beau être balaise, il marche. Il n’a pas appris à courir, mais les ennemis eux, bien sûr que si, ils sont donc bien plus rapides que vous.
Level Design :
Le jeu est découpé en 6 levels. Le but est d’arriver au boss du niveau, situé à l’extrémité Est du level (point B).
Vous traverserez plusieurs univers, car dans Kung’Fu Master, malgré une durée de vie extrêmement faible, le plaisir n’est cependant pas gâché ingame.
Les niveaux sont variés et assez bien construits.
Il n’y aura bien que dans le premier où vous risquerez de trouver le jeu décevant. C’est très plat, les ennemis vous attaquent, vous êtes là pour trouver surtout vos marques avec le jeu.
On aurait préféré un petit stage de mise en forme avant le vrai jeu tout simplement ou un tuto.
Certains passages (trop rares à mon goût) vous proposeront un peu de plateforme, vous devrez également éviter des petits pièges.
C’est vraiment dommage que les niveaux soient trop courts, ils auraient pu être complètement plus longs avec le peu de variétés que les développeurs avaient.
Les ennemis :
Vous combattrez dans votre mission plusieurs types d’ennemis :
– Les ennemis de terrain, qui vous attaquent sans réfléchir. Il y en a 2 types différents : les ninjas et les Kung Phooeys (des petits chinois, qui doivent être battus à l’aide du coup de pied accroupi). Ces ennemis font office de vague et arrivent par 1-2 ou 3 en une fois. Ils meurent en 1 coup.
– Les ennemis réfléchis, il y en a 2 types : les mecs avec des chaines, les ninjas qui envoient des shuriken qui nécessiteront respectivement 4 coups pour mourir.
Ils sautent, envoient des shuriken, demandent 4 coups pour mourir, et parfois s’en vont comme des pleutres : ce sont les ninjas « presque » dangereux…
– Les ennemis / objets dangereux du décor : des gars cachés dans le train qui vous tirent dessus, des bidons qui essayent de vous faire la peau sur le port, des objets dangereux mobiles ou de l’huile sortant de l’usine, vous devrez faire attention où vous mettez les pieds !
– Les boss : présents en fin de stage, vous affronterez donc au total 6 boss. Ce qui est intéressant, c’est que chaque boss a son propre pattern. Voici la liste des boss que vous rencontrerez :
- Ville : Chainsaw Freddy, une parodie de Freddy Krueger mélangé à Leatherface de Massacre à la tronçonneuse, qui voudra vous découper
- Port-Pyramide : Pugsly Ugsly, qui vous attend au bout du port avec des bidons. Pourquoi « pyramide » ? Réponse : aucune idée.
- Voyage en train : Abdul, qui garde le train avec un lance grenade
Abdul le ghostbuster qui essayera de vous cramer avec son tuyau…
- Usine 1 : Starburst, le ninja au katana et aux shuriken
- Usine 2 : StarSpike, le Ninja contremaître entraîné à jeter des shuriken sur des tapis roulant pour punir les employés (chinois donc… jeu de raciste -_-). C’est le frère jumeau de Starburst.
Starspike, probablement le boss le plus intéressant du jeu.
- QG : le boss de fin, « Daddy Long Legs ». Plus coriace que les précédents, il fait également bien plus mal avec ses attaques.
Tous sont très intéressants je trouve, mais peut-être trop peu exploités.
Les objets / armes :
Au cours de votre partie, vous verrez quelques objets apparaître. Ces objets sont exclusivement droppés par les ennemis et sont au nombre de 4.
Les potions de pétrole vous redonneront une barre de vie, les cœurs une jauge complète de vie, les bombes, dévastatrices, qui ne peuvent être portées qu’une par une, et enfin, ce qu’ils appellent la « Médaille de la CIA » (??) qui vous redonne une vie supplémentaire… D’ailleurs pour ce dernier objet, franchement, c’est la seule façon que vous aurez de comprendre que vous bossez pour l’agence.
Les points dans le jeu :
Kung’Fu Master est un peu un jeu de scoring. Vu qu’il est très court, qu’en fin de niveau on nous met sous le yeux un écran de score, on a tendance à essayer de faire le meilleur score possible, et jauger s’il est par exemple plus efficace d’aller vite ou bien de prendre son temps jusqu’à la dernière minute et tuer le plus d’ennemis possible, sachant qu’ils reviennent en boucle…
Le dernier stage est très court, mais avec beaucoup d’ennemis et qui laissent derrière eux pas mal d’objets, c’est un bon endroit pour faire des points !
Les ennemis de base rapporteront 100 points s’ils sont tués avec un coup de pied, 200 avec un coup de poing (portée plus faible) et 400 avec le coup de pied retourné. En fait c’est à chaque fois doublé. Donc par exemple pour les ennemis avec les chaines, c’est 300 points avec le coup de pied, 600 avec le poing et 1200 avec le coup de pied retourné. Il en ira de même pour les boss, qui rapportent plus de points bien entendu.
Les objets ne rapportent pas de point.
À la fin du niveau, chaque barre de votre vie restante sera comptabilisée (500 points/barre), on y ajoute le temps restant, et le total s’ajoute à votre cumul de points.
Difficulté générale, replay value :
Le jeu est très facile.
Pour essayer de combler cette facilité déconcertante, les développeurs ont misé sur 2 modes de difficulté : EASY et HARD.
Le mode easy se termine montre en main, en 5-6 minutes. Le mode Hard, pareil, sauf qu’il y a moins d’objets et que les ennemis font plus mal.
Le souci essentiel du mode HARD se situe au niveau des points, car on aurait imaginé qu’en changeant de mode, on obtienne simplement plus de points en tuant les ennemis ou le boss, et bien non.
Conclusion, ce mode n’existe que pour ceux qui veulent tenter l’aventure en mode plus difficile… bof hein.
On sent une certaine fainéantise de la part de M. Anata & M. Maji, tous deux responsables de la partie programmation. Quelques valeurs à changer dans le code pour le mode Hard n’aurait pas été compliqué.
La replay value est du coup centrée sur le plaisir de jeu du joueur. Moi j’y reviens très souvent, parce que justement le jeu est très court, et que je prends du plaisir à le finir en peu de temps.
MUSIQUES
La team IREM Sound, compositrice des musiques du jeu est également responsable de la partie Sound Design.
Il y a en tout 5 musiques dans le jeu.
– 2 musiques de stages
– 1 musique pour les BOSS
– 1 musique spéciale pour le dernier stage
– 1 musique pour le ending
On compte également un petit jingle avant le début de chaque Stage. Le jeu étant construit comme un titre très arcade.
Les musiques sont globalement bonnes, surtout celle du dernier stage. Heureusement, parce que franchement c’est le plus court des 6, environ 30 secondes montre en main…
L’ost sur le net est pas facile à dénicher, je pense que beaucoup ne l’ont pas trop écoutée sachant que le jeu est extrêmement court, mais je vous conseille de vous y attarder si vous vous prenez le jeu.
Sur les niveaux 4 et 5, une sonorité asiatique est apportée au jeu, un peu comme dans les niveaux 10 et 11 de Mario Land. Ici, une phase de plateformes, un peu trop simple…
Les sons sont quand à eux plutôt corrects également, on regrettera peut-être un petit cri pour les ennemis quand on les défonce, mais c’est tout.
Je n’ai pas réussi à trouver une bonne qualité pour les musiques du jeu, alors j’ai enregistré ma GameBoy et uploadé les sons rapidement, vous pourrez écouter ainsi toutes les musiques + sons du jeu ci-dessous.
et zop, une autre
CONCLUSION
Clairement, c’est un jeu à se faire, même si la durée de vie est approximativement de 7 minutes (vous m’avez bien lu, et c’est véridique), vous prendrez mine de rien pas mal de plaisir à jouer à Kung’Fu Master, quoiqu’en disent certains critiques.
Le jeu est très dynamique, les contrôles et gameplay parfaitement maîtrisés, les Boss ont tous un pattern différent qui les rend intéressants, et vous vous baladerez également dans un level design bien pensé.
On regrettera simplement peut-être le manque de phases de plateformes, qui finalement auraient pu être intéressantes, et auraient rallongé les niveaux, et peut-être une fin un peu plus longue et construite. On sent quand même au final que l’équipe n’a pas eu beaucoup de temps pour faire le jeu, c’est dommage.
NDLR : À noter que le jeu a été noté en moyenne 80% dans le Consoles + de l’époque, image du test ci-dessous.
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Kung Fu MAster - Game Boy
Un titre à faire malgré sa durée de vie complètement risible. Son dynamisme et la sympathie du Gameplay feront que l'on y reviendra souvent.
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Gameplay10
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Musiques / sons8
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Level Design7
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Durée de vie2
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Intérêt général8.6
Un commentaire
Alors là chapeau, article TRÈS complet ! Bravo !