Je vous propose ici de suivre en pas à pas la conception d’un travail récent, un assassin mécanique à l’échelle 32mm pour le jeu d’escarmouches post-apocalyptique Eden.
#01 : Le concept (dessiné par Stéphane Louis) tombe sur ma table
La pièce appartient à la faction ISC, ces automates animés d’intentions meurtrières si prisés dans le jeu.
Appellation temporaire : ISC Witch.
Pistes : accorder un soin particulier à la dynamique de la figurine.
Supprimer les trous sur la lame du katana (ils fragiliseraient par trop le modèle à cette échelle : hauteur 40mm).
Difficultés d’interprétation du bas du vêtement : est-ce du tissu, ou des lames de métal ? Autre ? Même question pour les drapés accrochés aux épaules.
Les cheveux seront certainement un calvaire à traiter.
Les tibias semblent excessivement longs sur le dessin. Est-ce un effet de perspective ? Ou la silhouette du personnage est-elle délibérément maniérée ?
#02 : Construction de l’armature en fil de fer 0.7mm.
Classique, en deux segments. A ce stade, j’ai choisi l’option “longs tibias” pour ma sorcière … C’est l’avantage des sculptures de robots par rapports aux êtres vivants : toute déformation d’anatomie est beaucoup plus facile à justifier.
Réfléchir à ce stade à la découpe de la pièce pour la rendre moulable : le client souhaiterait un maximum de 4 éléments.
#03 : l’armature est recouverte de Greenstuff (ou Duro), afin de permettre à la couche de pâte suivante d’adhérer à ce squelette.
Pour la découpe, nous aurons donc :
-torse + jambe gauche
-jambe droite séparée (pour garder le dynamisme du concept, j’ai intérêt à avoir un espace entre les deux jambes. Qui plus est, toutes ces petites plaques recourbées riquent de transformer le moulage en casse-tête).
-jambe gauche
-tête (la séparer donne à l’acheteur la possibilité de la positionner à volonté … et de donner un mouvement plus intéressant à la chevelure)
-bras + drapé des épaules + katanas. Rassembler tous ces détails en un élément permet de réduire le nombre de pièces du kit. Economie au moulage, et plus de facilité à l’assemblage. En contrepartie, ces détails fins et changements de direction rendront ladite pièce d’autant plus difficile à mouler.
#04 & #05: premières poses de Milliput. Une matière vraiment tip-top pour construire les parties mécaniques, tant elle se ponce et se scie bien une fois sèche. Je préfère en général la qualité Yellow-Grey, dont la couleur me permet de mieux apprécier les détail sculptés.
J’ai dupliqué en résine des éléments récupérés sur des grappes Kotobukiya pour les formes des épaules … qu’importe leur fonction, ils créent déjà une animation bienvenue sur la pièce.
Une première pose de masse sur la tête permet de définir son emplacement correctement.
Je colle à la glue quelques segments de fil de fer et de corde de guitare autour de l’abdomen, pour renforcer le caractère mécanique du sujet.
#06 : Cataschtroumpf !!
J’ai tenté une fois encore de mettre en pratique cette technique impossible (pour moi en tous cas !) des drapés flottants Rackham en Fimo.
Résultat lourd visuellement, et le graphisme n’est pas du tout en phase avec le caractère vif et tranchant de la pièce.
Pour couronner le tout, j’ai oublié d’anticiper que les collages à la glue ne toléraient pas la chaleur de la cuisson … je regarde impuissant toutes les petites pièces tomber une à une sur mon plan de travail.
#07 : le crâne sculpté en milliput ajoute tout de suite beaucoup de personnalité au modèle.
Les drapés disgracieux ont fait place à des plaques de milliput, beaucoup plus en phase avec le sujet … un peu comme une espèce d’artichaut de métal.
#08 : les choix de découpe précédents conditionnent l’orientation des armes, des bras et des drapés qui y sont rattachés par les épaules : ils devront impérativement tous se trouver dans le même plan.
Pour son élasticité, le Greenstuff à ma préférence quand il s’agit de traiter les chevelures.
Je colle une ébauche de forme sur un fil métallique, pour définir son mouvement global.
#09 :Il est temps de débiter le modèle comme décidé initialement. Je peux à présent traiter les zones les plus inaccessibles de la figurine. Les katanas ont été taillés dans de la carte plastique … un jeu d’enfants après toutes ces anicroches 🙂
#10 : Mmh … je pose un à un de minces fils de Greenstuff pour représenter les cheveux. Même constat que précedemment, le style graphique fonctionne assez mal avec la pièce … son aspect est trop “touffu” !
#11 : A deux jours de ma deadline, je réalise que de petits segments de cordes de guitare insérés dans la tête marchent infiniment mieux. Il me faudra reboucher les vides entre chacun d’entre eux pour minimiser la contre-dépouille sur la pièce.
#12 : OK !!
Modèle terminé, je fais un assemblage provisoire à la patafix pour le soumettre au client (Mohand), qui acquiesce.
#13 : figurine peintre par Jinn, en style non-metal.
Ouff !!
Contrat rempli !
Beaucoup d’erreurs et de tâtonnements dans la conception de cette figurine.
Le nom définitif de la pièce vient de tomber : ce sera donc la « Carmin Onryo ».
J’espère bien travailler sur quelque chose de plus reposant la prochaine fois …
Voici un assortiment des autres pièces que j’ai réalisées pour cette gamme :
(très fier de celui-là)
