Nous sommes dans les années 90, c’est la course à la technologie. Internet n’est pas encore répandu. Il n’y a pas de retrogaming. Pour s’informer sur les nouveautés il y a le bouche à oreille et les magazines qui nous racontent un peu ce qu’ils veulent (Hagane : 75% chez Player One. Bande de nazes, à cause de vous je n’avais pas acheté le seul exemplaire disponible chez Continent). Pour se faire une opinion sur un jeu il faut soit s’acheter un magazine pour lire le test, soit l’essayer avant l’achat, soit se fier à la jaquette.

Durant cette période, les personnes qui s’occupent de la distribution des jeux vidéo en occident se concentrent sur la communication pour lui donner une nouvelle image. Hélas, ils restent bloqués sur le style visuel imposé par les années de règne de l’Atari 2600, du Videopac ou de la Colecovision. Une grosse partie de ces nouveaux jeux vidéo viennent du Japon. Au lieu de respecter la direction artistique des créateurs de ces jeux, les occidentaux changent les visuels des boites à leur sauce et effectuent parfois des modifications au sein même du jeu.

De nos jours, grâce à l’import sauvage et internet, nous avons tous constaté à quel point les distributeurs se sont bien foutus de notre gueule pendant ces années folles en innovations.

Souvent grossières et peu esthétiques, les jaquettes de notre enfance n’avaient pas forcément l’effet escompté : à savoir, nous donner envie de lâcher entre 450 et 600 francs dans un putain de jeu vidéo.

Aujourd’hui nous allons survoler le sujet avec des exemples déplorables. Nous vous présenterons aussi quelques artworks destinés au marché occidental qui étaient très réussis (eh oui ça arrive aussi.)

 

Le syndrome Megaman

Rockman est sorti en 1987 au japon. Le personnage a été créé par Akira Kitamura et Keiji Inafune pour le compte de Capcom. Les créateurs de la franchise voulaient donner un ton rock à cette série. Ils ont révolutionné les jeux de plateforme grâce à plusieurs choses: le choix du niveau en début de partie (comme le jeu devait sortir en arcade, ils voulaient laisser au joueur la possibilité de tester tous les niveaux), le man à terrasser pour devenir plus puissant, la direction artistique très réussie, la bande son culte etc.

Jeu horrible, jaquette merdique. Les jeux électroniques Tiger étaient une magnifique banane.

Le jeu débarque aux USA et en Europe sous le nom de Megaman.  Et là, c’est le drame : des jaquettes déplorables qui ne retranscrivent absolument pas le travail de Capcom. Mention spéciale pour la jaquette de Megaman 1 en version US. C’est certainement l’une des jaquettes de jeu vidéo les plus infectes qui nous a été donnée de voir. Nous avons collé un logo « pour public averti » sur la boite du jeu au cas où un fou voudrait enlever la protection plastique.

 Et bim ! Voici l’un des dessins les plus désastreux de l’histoire des jeux vidéo. Et en HD s’il vous plaît.

 

Comment peut-on tomber aussi bas ? Nous avons notre petite théorie. Il s’agit d’un concours de dessin d’enfant de moins de 16 ans. Ils ont lancé le sujet « dessinez votre Megaman ». Les gosses n’avaient que quelques photos floues d’écran du jeu. Un mauvais coup de flash donne un petit côté jaune au bonhomme, des boulettes partent de son bras. Il doit avoir un flingue. Il y a un peu de bleu sur son casque. Les gosses vont être contents de participer, on va faire des économies vu qu’on ne payera pas un dessinateur etc. Cette jaquette est l’un des plus beau fuck du jeu vidéo. Chapeau, il fallait avoir des grosses bollocks bien poilues pour sortir ce jeu avec une jaquette aussi abominable.

Bon les gars, pour le concours de dessin Megaman, on va laisser le fils du patron gagner…

 

Les jaquettes de la honte

Je pense que la plupart des trentenaires connaissent le manga Ranma 1/2. C’est une oeuvre de Rumiko Takahashi datant de 1987. C’est l’histoire de Ranma Saotome qui peut, suite à une malédiction, se transformer en femme dès qu’il entre en contact avec de l’eau froide. Avec sa fiancée Akane Tendô ils vont vivre des aventures passionnantes pleines de gags et de péripéties. Cette licence eut un tel succès que plusieurs jeux vidéo issus du manga virent le jour. Le second jeu de baston Ranma 1/2 Chounai Gekitou-hen est sorti sur Super Famicom en 1992.

Le jeu est sorti en 1993 en occident en Pal et en US.  Si l’éditeur Ocean nous gratifia d’une jaquette correcte en Europe, l’éditeur DTMC a littéralement massacré la boite pour le marché américain et canadien. Le manga n’était pas connu chez l’oncle Sam, du coup DTMC prit certaines libertés par rapport à l’oeuvre originale. C’est à se demander si cet éditeur n’était pas fielleux pour nous pondre un tel torchon.

On ressent des choses en regardant cette oeuvre. C’est du même niveau que La Grande Vague de Kanagawa.

 Maintenant, imaginez si DTMC (Dans Ton Merveilleux Cul) avait sorti Dragon Ball Z premier du nom aux USA. Le dessin animé ne passait pas là-bas. Imaginez que l’illustration de la jaquette soit confiée à un bon ricain fan de comic. Je vous laisse juge.

Musique Hard Rock bas de gamme, censure, déformation du scénario, jaquette exécrable. C’est ça le rêve Américain.

On ne va pas s’acharner uniquement sur Nintendo. La Master System avait  aussi des couvertures vraiment merdiques. C’était très souvent des dessins aux traits maladroits sur un fond quadrillé dégueulasse. La plus naze d’entre elle n’est autre que celle du jeu Black Belt.  A l’origine, le jeu est une adaptation du titre Hokuto No Ken sorti en 1986 sur Sega Mark 3. A la place de kenshiro vous dirigez un expert en karaté portant la fameuse ceinture noire !

La jaquette japonaise reprend un dessin de l’anime. Elle respecte un minimum l’oeuvre originale. Maintenant je vous laisse découvrir la jaquette de la version master system. C’est un dessin qui n’a vraiment pas l’effet escompté. Au lieu de retranscrire la violence des affrontements du jeu avec un dessin Badass, nous avons le droit à un pied dessiné par un artiste qui a dû finir sa carrière chez Nickelodeon en tant que designer pour « Les Razmoket ».

Furieux d’avoir eu son dessin tronqué, notre artiste a quitté Sega pour aller chez Nickelodeon.

 

Nous continuons avec les crottes pixelisées Nes. Il faut dire la vérité, les première jaquettes des jeux Nes avaient quelque chose de non-conformiste. Il suffit de comparer Super Mario Bros sur Famicom et sa version Nes pour se rendre compte du viol sauvage du dessin d’origine. Pourquoi un tel choix ?

 Cherchez les intrus !

Si nous regroupons les premiers jeux sortis, nous sommes d’accord pour dire qu’il y a une cohérence visuelle. Le problème c’est que des gens de bon goût ont sorti des jaquettes plus belles pour leurs jeux.  Dans notre jeunesse, quand un camarade voulait faire un prêt de jeu, il se faisait souvent rembarrer lorsqu’il te sortait sa vieille cartouche pixelisée pour effectuer l’échange. Visuellement c’était comme une alerte : combien de joueurs peu scrupuleux ont tenté d’emprunter un Double Dragon 2 contre un Popeye ? Hein combien ? (Enfoiré de Toufik, tu m’avais pigeonné à l’époque.)

Si tu as le malheur de dire à un geek qui collectionne les jeux ASD que sa collection est moche, il t’endormira le cerveau avec ce genre de phrase : le mauvais goût, c’est une chimère sociale pour brider l’humour et affadir son rôle salvateur d’épanouissement de l’individu. Ces jeux sont beaux parce qu’il me font rire. Surtout quand je vois le prix que je les ai payés !

 

Il y a sur le marché des jeux aux jaquettes frauduleuses avec des visuels et des titres plus ou moins aguicheurs, alors que le contenu est désastreux. Mais parfois c’est l’inverse qui nous est présenté dans les rayons. Certains éditeurs aiment se mettre une balle dans le pied.

Nous pouvons citer comme exemple R-Type 3 sur Super Nintendo sorti en 1993 au japon et aux USA. Il sort en 1994 en Europe. Regardez moi cette jaquette horrible arrivée tout droit des States. Au lieu d’utiliser le visuel de la boite japonaise avec le fameux R-9 si cher à la série, ils ont sorti un dessin qui n’a rien avoir avec le contenu du jeu. On a l’impression qu’ils ont utilisé ce qu’ils avaient sous la main.

 Bon les gars, on a oublié de commander le dessin pour la jaquette de R-Type 3. On va utiliser un vieux dessin qui était prévu pour Bio-Ship Paladin sur Megadrive.

Imaginez si Virgin avait fait la même chose pour le jeu Hagane.

Bon les gars, j’ai un vieux dessin sous la main. Dans le jeu y a des têtes volantes, du mobilier urbain et un Ninja. Ok Jim, ça fera l’affaire!

La jaquette Us de Rival Turf est certainement une perle dans le genre. Deux K3vin habillés n’importe comment posent sur la boite. Ils ne feraient même pas peur à une grand mère en chaise roulante. Le résultat est plus que médiocre.

Wesh cousin, on va dépouiller des Mamies. Tu viens ?

Imaginez maintenant la même chose sur la boite de Street Fighter 2. La jaquette aurait été imbuvable.

Faites moi vos têtes les plus fâchées les gars ! Faut que les mômes y croient à mort !

Quelques exceptions qui confirment la règle

Nous avons quand même eu quelques réussites. Je pense par exemple à la boite de Burai Fighter sur Nes qui est plus belle que celle sur Famicom.

Je vous laisse juge. A gauche la jaquette occidentale, à droite la jaquette japonaise.

La boite du jeu Blue Shadow est très réussie en version Européenne. Elle est très « Manga » par rapport à la version US. La jaquette d’origine est très curieuse (le jeu s’appelle Kage sur Famicom, si vous voulez faire une recherche). Sorti pendant la période Dorothée, cet artwork donnait vraiment envie d’acheter le jeu.

 

Les dessins occidentaux de Super R-Type sont plus réussis que celui d’origine pour la version Super Famicom. Comme quoi tout est possible.

Pour une fois, la jaquette de la version Super Famicom est vraiment pétée.

Pour notre dernier exemple, nous allons vous laisser comparer la version Super Nintendo pal et la version Super Famicom de Yoshi’s Island. A vous de juger la qualité des boites.

Conclusion

Nous allons arrêter de vous torturer les yeux avec nos montages crapuleux,  notre mauvaise foi et notre insupportable humour à deux balles. Nous vous invitons à venir poster sur le forum les jaquettes les plus laides que vous ayez vues ou trouvées sur le net.

Ce dossier nous prouve bien que l’habit ne fait pas le moine. En revanche, il ouvre les portes du monastère. Une jaquette réussie donne toujours envie de retourner la boite pour voir de quoi ça cause. A l’inverse, si vous êtes un amateur de boites moches, je n’ose pas imaginer ce que vous êtes capable de taper dans le moteur de recherche de Youporn !