Ce qu’il y a de fascinant avec un jeu vidéo, c’est qu’on n’est jamais au bout de nos surprises. Même lorsqu’on est prévenu du fort potentiel d’un titre, il se peut malgré tout qu’il arrive à vous prendre totalement à contre-pied et qu’il vous fasse vivre un grand moment vidéo-ludique. Super Aleste fait indéniablement partie de ces jeux oubliés d’une partie du public qui, de part sa perfection, envoit le joueur très loin dans la galaxie, dans un monde en guerre où seul votre skill sauvera l’humanité. Super Aleste (Space Megaforce pour la version Américaine) est un shoot them up à scrolling vertical sorti en avril 1992 sur Super Famicom. Le jeu a été développé par Compile et édité par Toho.
La saga Aleste
Aleste est une franchise très bordélique, avec un scénario assez simple. On passe d’une navette à un Mecha pour ensuite se retrouver avec un Mecha à vapeur pour revenir dans une navette etc. C’est un peu n’importe quoi. Voici la liste des titres estampillés Aleste. Je n’ai joué sérieusement qu’à Super Aleste et Musha Aleste. Les autres, je les ai testé à l’arrache en émulation. Benjamin Peray explique dans une émission sur youtube que la licence Aleste devait, à la base, être un manga. Il est le seul à posséder les documents prouvant ses dires.
Aleste (Power Strike, 1988 MSX et Master System) raconte comment en 2019, le super computer artificiel DIA 51 va devenir fou à cause d’un virus. Cette maladie va pousser cet ordinateur à éliminer la race humaine. Raymond Waizen se porte volontaire pour une mission suicide. Aux commandes du vaisseau Aleste, il va partir venger sa copine Yuri, gravement blessée, et sauver l’humanité. La version Master System est différente de la version MSX.
Aleste 2 (1989, MSX2) se passe en 2039. Après une longue période de paix, la Terre est envahie par une race d’humanoïdes végétaux appelée Vagand. Cette race recherche de la nourriture. Lors de leur première attaque, les Vagands vont détruire un croiseur spatial commandé par Ray Waizen. Leur plan d’envahir la Terre est mis à mal par la nouvelle version de l’Aleste pilotée par la fille de Ray et Yuri Waizen, Ellinor. Elle jure de venger la mort de son père et part en mission avec le nouveau vaisseau Aleste pour défier le général Gaizel.
Aleste Gaiden (MSX, 1989) n’est pas vraiment un titre représentatif de la série. Cette fois-ci vous incarnez un Ninja à pied et vous shootez tout ce qui se présente sur votre passage. Ce titre ressemble beaucoup à The Ninja (Master System, 1986).
Musha Aleste (Megadrive, 1990) prend place en 2290, la race humaine s’est étendue sur de nombreuses colonies à travers le système solaire. Sur le point de Lagrange Gamma, l’intelligence artificiel « Dire 51 » s’occupe de la gestion des infrastructures. Après avoir acquis une certaine autonomie, il décida de devenir maître du système solaire. Il fit construire une véritable armée et attaqua la Terre. Les dirigeants de notre planète bleue décidèrent d’envoyer une équipe de M.U.S.H.A. pour faire du nettoyage. 5 robots de travaux de construction, modifiés pour la guerre, furent envoyés pour détruire « Dire 51 ». 4 des pilotes trouvèrent la mort pendant le premier assaut, laissant notre héroïne, Terri, seule pour continuer la lutte.
C’est certainement l’un des 5 meilleurs jeux de la Megadrive et l’un des meilleurs shoot them up sorti sur console. Il est supérieur à Super Aleste sur bien des points. Que ça soit son ambiance, sa scénarisation et certains passages cultes, rien n’est à jeter. Dommage que le jeu ne montre son véritable potentiel qu’à partir du 3e niveau.
On ne peut pas être fan de la Game Gear et ne pas connaître GG Aleste (Game Gear, 1991) et GG Aleste 2 (Game Gear, 1993). C’est à mon avis les meilleurs shoot them up sur cette console, rivalisant sans problème avec certains titres sortis sur console de salon.
Dennin Aleste (Mega-CD, Robo Aleste en version américaine, 1993) L’intrigue du jeu se passe à l’époque du Japon féodal et y mélange des mechas géants. Kage est le seul membre survivant du clan Oda. Cette fois-ci, l’Aleste est un robot mécanique à vapeur de 8 mètres de haut. Kage prendra les commandes de cette machine pour venger son clan. Il affrontera même son frère aîné Tetsu. Ce jeu est très scénarisé par rapport aux autres. Je pense que c’est l’un des meilleurs jeu du Mega CD.
Power Strike II (Master System, 1993) : Ce titre n’est pas sorti au Japon. Les fans de la Master System considèrent que Power Strike II est le meilleur shoot them up de la console de maître Sega.
Si vous êtes fan de shoot, vous devez absolument avoir Super Aleste et Musha Aleste dans votre ludothèque.
Super Aleste
En 2048, une grande sphère mécanique tombe de l’espace et rase les grandes villes de notre civilisation. Lorsqu’elle eu fini, la sphère se mit en vol stationnaire au dessus de la jungle Sud Américaine. Elle dessina des lignes sur le sol semblables aux dessins de Nazca pour appeler du renfort. L’armée fut impuissante face à cette menace. Même le Aleste ne fût pas en mesure d’en venir à bout. Les terriens firent alors appel au Super Aleste (le ED-057 en version française). Sa mission : détruire la mystérieuse sphère et ses alliés. Dans la notice de la version française, le vaisseau ED-057 doit d’abord libérer les planètes qui alimentent la sphère en énergie.
Dans la versions japonaise, le Super Aleste est piloté par Raz et Thi. Raz est le meilleur pilote humain encore en vie. Il est aussi le seul à s’entendre avec Thi.
Thi est une prisonnière Alien qui aidera le Super Aleste à entrer dans la Sphère et qui permettra au vaisseau d’exploiter l’armement mystique de l’ennemi pour augmenter sa puissance.
Cette partie du scénario est absente de la version Européenne et Américaine. Pour développer cette histoire, un manga est sorti en 1993. Les textes ont été écrit par Kubo Muneo. Il est connu pour avoir écrit des scénarios pour la série Eriaru visual (1989). Les dessins sont de Okazaki Sami. Il est assez connu pour son travail sur Battle Knight Ken (1984).
La grande question qu’on se pose c’est pourquoi cette censure ? De la façon dont on nous présente les choses dans la version occidentale, on a l’impression que l’éditeur cherche à faire en sorte que le joueur se prenne pour le pilote. Je pense aussi que les formes de Thi étaient peut-être un peu trop accrocheuses pour l’époque.
Les digitalisations sont différentes sur la version japonaise.Les punch lines ne sont pas les mêmes. Les digitalisations masculines sont bien plus audibles dans la version occidentale. Une version BS existe avec les voix US.
La musique du premier stage « bonus » n’est pas la même que les autres dans la version japonaise. Peut-être l’ont-il supprimé pour que les joueurs comprennent que ce sont des niveaux similaires.
Ce titre s’est fait remarquer lors de sa sortie grâce à son animation. A l’époque, la Super Famicom était réputée plus faible pour animer des Shoot Them Up. Elle ne faisait pas le poids face à la Megadrive et la PC-Engine. Contrairement aux rumeurs, il n’y a aucune puce supplémentaire incorporée dans la cartouche. Ce soft est, parait-il un des tout premiers à faire gérer une partie des sprites par le processeur sonore de la console, pour éviter les ralentissements systématiques présents dans des précédents titres comme Super R-Type ou Gradius III. Il utilise une PCB différente des premiers jeux. Je ne vais pas m’étendre sur le sujet, car je n’y connais rien ! Grâce à cette technique, la Super Famicom a réussi à rivaliser avec la dame noire de chez Sega.
Les américains sont souvent persuadés que Super Aleste (Space Megaforce) est une suite de Gunhed (Blazing Lazers) édité par Toho et toujours développé par Compile. Pourtant, il n’en est rien : Gunhed est inspiré du film du même nom sorti en 1989. Super Aleste est une suite directe des titres sur MSX.
Ce jeu propose deux types de parties : Game Start qui est le jeu complet et Short Game qui est une version très raccourcie des niveaux. Ce mode est idéal pour vous familiariser avec le jeu. Il y a aussi un écran d’option qui diffère entre la version occidentale et la version japonaise.
Super Aleste a un gameplay très riche. La touche A permet de tirer. pour lancer une bombe, il faut utiliser le bouton B. Le Bouton R change la configuration de votre tir. Le bouton Select modifie la vitesse du vaisseau. Ce titre propose un système d’armes multiples, qu’il est possible d’up-grader soit en récoltant des capsules correspondant à l’arme déjà en votre possession, soit en récupérant plusieurs orbes oranges. Vous pouvez aussi attraper les capsules vertes pour augmenter la puissance de votre arme.
Les capsules vertes vous améliorent immédiatement d’un niveau votre arme.
Les capsules oranges doivent être accumulées pour améliorer d’un niveau votre arme.
Les capsules d’armes rouges ont un numéro fixe correspondant à une arme. Si vous la prenez alors que vous avez déjà cet item en votre possession, vous augmentez d’un niveau son level.
Les capsules d’armes vertes changent constamment de numéro. A vous de choisir votre arme en attendant d’avoir le chiffre voulu. Elles ont les mêmes propriétés que les capsules rouges.
La capsule Bombe vous donne un tir qui détruit tout à l’écran. Même les tirs sont détruits et permettent d’augmenter le level du vaisseau.
Le système pour gagner des vies est assez vicieux. Vous gagnez 1 vie au bout de 50 000 points, puis 200 000, puis 500 000. Ensuite, il faudra à chaque fois atteindre 500 000 points supplémentaires pour en gagner une.
Lors d’un game over, vous avez des continus infinis. Vous pouvez choisir de partir d’un checkpoint ou de recommencer le niveau en entier (si vous souhaitez équiper votre vaisseau).
L’armement de votre navette est composé d’une arme principale et d’une bombe.
Il est possible d’avoir :
Des missiles à tête chercheuse. (capsule 5, Missile)
Un tir multiple. (capsule 1, Multiple shot)
Un laser capable d’absorber les tirs et qui peut être configuré pour se diriger automatiquement vers les ennemis. (capsule 2, Laser)
Un bouclier composé de balles protectrices gravitant autour de l’Aleste. Il est possible de leur faire adopter une position fixe autour du vaisseau. (capsule 3, Cercle)
Un Tir directionnel assez puissant qui suit vos mouvements avec le pad. Il est possible de bloquer le faisceau dans une seule direction. (capsule 4, Multiple-direction shot)
Un rayon laser à concentration qui peut emmagasiner de l’énergie pour faire un tir plus ou moins puissant et long. (capsule 6, power shot)
Des unités d’attaques peuvent vous venir en aide. Elles suivent vos mouvements et tir en rafale. Vous pouvez les fixer en appuyant sur R. (capsule 7, Sprite)
Et enfin, les Satellites alliés que l’on peut rendre fixe ou au contraire laisser en mouvement. (capsule 8, Scatter Shot)
De temps en temps, une onde verte apparaît à l’écran. Lorsque que vous passez dessus avec votre vaisseau, une explosion dévaste tout sur votre écran.
Si vous vous faites toucher une fois, vous perdez vos up-grades pour vos armes. Au second impact, si vous n’avez pas up-grader un minimum votre vaisseau, c’est la mort.
Le premier niveau annonce le ton, c’est du Aleste pur et dur. Les Mechas laissent leur place à cette bonne vieille navette. On vous attaque dans tous les sens, ça explose de partout et contrairement à ses homologues sur PC-Engine et Megadrive, je trouve ça plus lisible et jouable. Le premier boss, Zolba a des patterns intéressants. Il y a de superbes effets de transparence (les nuages) dans ce stage.
On entre dans le panthéon du jeu vidéo dès le second niveau avec l’attaque de la station orbitale Lono. Ce niveau est, pour les fans de la Super Nintendo, tout simplement culte. En gros, vous allez, grâce aux effets de zoom et de rotation de la console, avoir l’impression de vous approcher d’une station orbitale pour la détruire. Vous la voyez de loin, elle vous envoie des missiles, puis ses sbires et enfin vous allez arriver à sa surface dans le but de la démolir. C’est de l’art à ce stade.
Ensuite, on vous offre le premier stage bonus (il y en a en 3 tout) où vous allez annihiler tout sur votre passage sur une musique culte. Vous devrez détruire les satellites de combat Centry, Bomber et Gunner à la fin de chacun de ces niveaux.
Le level suivant a un superbe décor en fond. L’animation est vraiment magnifique. Le boss Ranel va vous donner du fil à retordre. Cette animation a été reprise par Summer Carnival 92 Recca sur Famicom !!!
Cette fois-ci, le fond me fait beaucoup penser aux styles de scrollings que l’on retrouve dans Crisis Force ou Musha Aleste. L’effet de profondeur est saisissant. Une fois de plus, Compile nous met une baffe : visuellement, c’est le sans faute. Le satellite de combat Nardork est bien pensé, mais son animation est un peu en dessous par rapport à la réalisation globale de ce soft.
La suite n’est autre qu’un champ d’astéroïde à traverser. Ce niveau est superbement bien animé ! Le boss Rubar est à la fois complètement dans le ton du jeu, mais en même temps complètement psychédélique grâce à son animation étonnante.
On continue toujours à se frayer un chemin pour trouver notre ennemi juré. Ici le niveau est plus convenu et beaucoup moins fou que ce que l’on a vu avant. Peut-être est-ce voulu car la difficulté augmente et qu’il faut rester concentré ! L’attaque de vaisseaux avec des planètes en décor de fond est au programme dans ce stage. Le boss Nont propose un effet en 3D fil de fer assez sympathique avant de mourir sous vos tirs.
On retourne en surface pour un level dans la même lignée que les précédents. Je ne sais pas pourquoi, mais ils ont mis le premier boss Zolba à la fin du niveau.
La suite est à réserver aux as de la vitesse. Mettez le speed à fond sur votre vaisseau et faites une prière pour passer le dédale de mur qui défile à une vitesse folle dans la première partie.
Le dernier stage est d’une beauté rarement égalée sur cette console. Même si vous n’aimez pas les ambiances alienoïdes et pleines de vie, vous ne pourrez pas rester indifférent à ce qu’il se passe sur votre écran. C’est beau et coloré et ça bouge de partout.
Le boss de fin, Lucifer, est assez décevant par rapport à ce qu’on a pu voir avant. Avant de le rencontrer, vous allez devoir à nouveau combattre Nardok et Nont.
La fin justifie tout ce que l’on a traversé, grâce une mise en scène très réussie (pour la version Européenne et US). C’est très drôle de voir au loin et de face les structures que l’on ne voyait qu’uniquement en vue aérienne.
Ne vous faites surtout pas avoir par ce soft : vous aurez l’impression d’être surpuissant et invincible, mais dès que vous allez vous faire toucher, vous allez vous retrouver dans une merde pas possible. Du coup, malgré votre équipement, il faut rester très vigilant et éviter les tirs et le décor !
Les seuls mauvais points sont qu’il n’est pas possible de jouer à deux joueurs et que j’aurais préféré avoir le Mecha de Musha Aleste plutôt que le vaisseau des premières versions. On peut reprocher au jeu un petit manque d’originalité en ce qui concerne le design des Boss et des passages moins inspirés par rapport à des moments fous, comme le stage 2. Je trouve les Patterns tellement impressionnants que je pardonne volontiers ce petit défaut !
On retrouve dans l’équipe de Compile des gens qui ont bossé sur pratiquement chaque titre que je vous ai cité plus haut : Masamitsu Niitani à la direction, Koji Teramoto pour les graphismes, Takayuki Hirono pour le design et la programmation.
La bande son de Keiji Takeuchi, Einosuke Nagao et Katsumi Tanaka est parmi les meilleures de la console. Certains joueurs préfèrent les thèmes de Musha Aleste composés par Toshiaki Sakoda (alias Washija) sur Megadrive. Une fois de plus, c’est une question de goût. Pour moi, les deux sont réussis. Disons qu’ils ont des ambiances différentes. Sakoda a bien compris qu’avec les possibilités de la Megadrive, il n’avait pas d’autre choix que de faire des sons agressifs et speed. Les compositeurs de Super Aleste se sont fait plaisir avec des mélodies plus posées et moins agressives. J’ai quand même une préférence pour la bande son de Super Aleste qui apporte de l’originalité par rapport à ce qu’il se faisait avant en matière de mélodie pour ce style de titre.
Les critiques
Comme nos amis américains, les testeurs de Consoles + sont persuadés que Super Aleste est une suite à Gunhed. L’équipe trouve ce shoot trop classique et trop convenu !?
Crevette, de chez Player One, estime que Super Aleste approche la perfection.
Sylvano Bros, de chez Super Power, estime que Super Aleste est une œuvre d’art. A noter qu’il y a des screens de la version japonaise pour le test de la version Européenne.
T.S.R, de chez Joypad, pense que c’est le shoot à posséder sur Super Nintendo.
Je vous laisse lire ces tests pour vous faire votre avis.
Conclusion
Croulant sous les effets spéciaux du début à la fin, piquant tout ce qui peut être piqué dans le domaine du shoot tout en y apportant sa touche, Super Aleste est un jeu des plus agréables, à qui l’on pardonnera ses quelques petits défauts, comme le fait de ne pas pouvoir jouer à deux. Rétrospectivement, je ne sais pas si je préfère Axelay ou Super Aleste… Je vous laisse juge.
Super Aleste
Croulant sous les effets spéciaux début à la fin, piquant tout ce qui peut être piqué dans le domaine du shoot tout en y apportant sa touche, Super Aleste est un jeu des plus agréables, à qui l’on pardonnera ses quelques petits défauts, comme le fait de ne pas pouvoir jouer à deux. Rétrospectivement, je ne sais pas si je préfère Axelay où Super Aleste... Je vous laisse juge.
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Gameplay10
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Graphismes9
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Sound Design10
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Intérêt général7