A l’heure où tout le monde n’a d’yeux que pour Metal Gear Solid 5 : The Phantom Pain, qui -rappelons-le- sortira le 1er septembre 2015, j’ai décidé de me mettre à Metal Gear Rising : Revengeance (MGRR pour les intimes). Alors autant le dire tout de suite, je ne suis pas un fan inconditionnel de la série, ni un adorateur vénérateur d’Hidéo Kojima. J’aime la série pour ses qualités et j’admets volontiers qu’elle a apporté un renouveau et un style à part entière dans le monde du jeu vidéo certes mais je trouve qu’elle est surestimée et qu’Hidéo Kojima n’est pas le génie demi-dieu du jeu vidéo comme on peut le lire un peu partout. Pour tout vous dire j’ai adoré le premier Metal Gear Solid sur PS1, qui était pour moi une vraie découverte, ainsi que le 2e opus sur PS2. Je n’ai malheureusement jamais terminé MGS 3 (il faudrait que je m’y remette un jour d’ailleurs) et je me suis ennuyé devant MGS 4 avec cet old Snake digne du Dr Boskonovitch de Tekken et qui n’attend qu’une chose, prendre sa retraite. Mais non, ne partez pas et ne me jetez pas de tomates, je ne suis pas ici pour vous parler de Metal Gear Solid mais de son spin-off, Metal Gear Rising : Revengeance.
Hidéo Kojima en pleine réflexion… ah non en fait on me dit que c’est la photo de son profil Meetic.
Je l’ai terminé en environ 6 heures 40 minutes en difficulté « Normal ». Durée de vie somme toute moyenne mais les beat them all ne sont pas réputés pour leur durée de vie colossale. Le jeu se compose de 7 parties et d’un prologue qui fait office de tutoriel. La durée de chaque niveau est assez inégale. On peut compter en moyenne 1h à 1h30 par partie sauf pour la 5 qui est très courte (20 minutes environ). Les niveaux 6 et 7 ne sont eux constitués que d’un combat de boss, et quels combats. Je ne vais pas trop spoiler mais l’avant-dernier boss est un duel d’épéistes de haut niveau (une bonne demi-heure de combat), quant au boss de fin il se déroule en plusieurs phases mais dans la dernière c’est un mélange de Terminator et de Hulk avec une barre de vie deux fois plus élevée que la normale. Autant dire que ce combat final m’a donné du fil à retordre mais tout est bien qui finit bien, je m’en suis sorti sans casser la manette.
Un jeu en Platine
On peut dire que le développement de MGR Revengeance a été pour le moins tumultueux. Annoncé lors de l’E3 2009, Kojima ne s’implique pas beaucoup dans le développement du jeu et lui préfère l’épisode PSP, Metal Gear Solid : Peace Walker. C’est également pour lui l’occasion de passer la main à sa jeune équipe de Kojima Production et de laisser libre cours à leur imagination. Puis, fin 2011 on apprend que le producteur, Kenichiro Imaizumi laisse sa place à Yuji Korekado, qui a travaillé sur tous les opus mis à part le premier, mais aussi que le scénario ne se déroule plus entre Metal Gear Solid 2 et 4 mais après MGS 4, que le jeu prend une orientation plus action, plus agressive et que le développement passe entre les mains du studio Platinum Games (MadWorld et Bayonetta entre autre). Ah oui, et le jeu change de titre aussi, auparavant il s’intitulé Metal Gear Solid : Rising. Il perd donc son affiliation directe avec la série principale pour être relégué officiellement en tant que spin-off. Beaucoup de changements pour un seul jeu mais Kojima Production reste tout de même aux commandes concernant l’histoire et l’intégration de ce jeu dans la mythologie Metal Gear. Finalement le projet arrive à son terme et c’est en 2013 qu’il sort sur PS3 et Xbox 360 puis en 2014 sur PC.
Quelques personnages phares du studio : Jack Cayman de MadWorld, Sam Gideon de Vanquish et Bayonetta de… Bayonetta.
Platinum Games est un studio que j’apprécie particulièrement, il faut dire qu’il est constitué d’anciens de chez Clover Studio, les géniteurs d’un des meilleurs jeux de tous les temps j’ai nommé Okami. Le studio compte également dans ses rangs des développeurs de renoms tels que Shinji Mikami (papa de la série Resident Evil mais aussi de Dino Crisis, Viewtiful Joe, Killer 7 ou encore God Hand) et Hideki Kamiya (Devil May Cry, Okami, Bayonetta). Du beau monde qui laisse entrevoir des idées et des concepts originaux.
L’histoire
Le jeu est donc un beat them all très orienté action. Il met le joueur dans la peau du héros mal-aimé de la série, Raiden alias Jack l’Éventreur. Héros torturé, tiraillé entre ce qu’il est et ce qu’il veut devenir, à la fin de MGS 4 il semble enfin avoir trouvé la paix intérieure. Que nenni, l’action se passe en 2018, soit 4 ans après MGS 4 et nous retrouvons Raiden travaillant pour une société de sécurité militaire privée appelée « Maverick Security Consulting ». Le monde subit de nouvelles attaques et un puissant cyborg, Samuel Rodriguez, alias « Jetstream Sam », assassine le Premier Ministre africain qui était sous la protection de Raiden. S’ensuit un terrible combat où J.Sam détruit en grande partie le corps cybernétique de notre héros. Raiden arrive à survive et est remis sur pied par le Doktor Voigt (le genre de scientifique qui aurait tiré parti de l’opération « paperclip » en son temps) qui le dote d’une nouvelle armure encore plus puissante. Notre héros blond reprend alors du service et prépare sa revanche, armé de son épée à lame à haute fréquence.
On retrouve dans ce jeu les thèmes chers à Kojima : les conflits géopolitiques, les enjeux économiques et militaires, la soif de pouvoir et la corruption le tout sur fond de trahison. Enfin bref, tout ce qu’il faut pour cogiter sur le monde moderne, le pouvoir de l’argent et ses travers. A l’instar de la série principale ce MGRR n’est pas avare en cinématiques et blabla explicatif, les fans apprécieront.
Dok Gynéko nous présente son dernier single : « Viens voir le Doktor ».
Le gameplay
On est ici sur un beat them all classique, deux boutons d’attaques (Carré et Triangle), le saut (Croix), les actions contextuelles (Rond) et le lock (R2). Le jeu se dote également d’un bouton de sprint (R1) appelé « Course Ninja » permettant également de grimper ou de sauter automatiquement par-dessus les obstacles. On pense tout de suite à une inspiration provenant de la série Assassin’s Creed d’autant plus que ces séries n’ont de cesse de se rendre hommage respectivement. Durant votre course, vous pouvez à tout moment trancher les ennemis sans arrêter de courir avec Carré ou vous lancer dans une glissade spectaculaire avec Triangle. Une fois vos ennemis bien entamés il est possible qu’une séquence de QTE se déclenche vous permettant d’achever l’ennemi avec style. Le but est donc de tuer chaque ennemi présent dans la zone. Pour cela on peut essayer de se la jouer infiltration, ce qui est assez difficile par moment. On a donc alors la faculté de tuer l’ennemi en un coup grâce au bouton Rond ou d’y aller façon barbare et de trancher à tout va. A noter que les ennemis sont assez variés. On retrouve des Cyborgs et leurs différentes déclinaisons, des Dwarf Gekko, des Metal Gear Ray ainsi que différents animaux cybernétiques tels que des gorilles ou des loups. On a donc tout ce qu’il faut à portée de main pour tenir affutée notre épée. En parlant épée justement, le jeu propose un mode assez sympathique appelé « Mode Katana ». Via une pression sur le bouton L1, et avec la jauge de Katana remplie, le jeu passe en mode ralenti et la caméra vient se placer au niveau de l’épaule droite de Raiden. Il est ainsi possible de contrôler avec les deux sticks (un pour l’angle l’autre pour le mouvement du bras) le Katana de notre héros. Ce mode permet de découper tel un chirurgien les membres des adversaires et parfois de leur arracher la colonne vertébrale. Au passage cette action s’appelle le Zandatsu (couper et prendre) et permet de récupérer de la vie. Un compteur apparaît en bas à droite de l’écran pour indiquant du nombre de morceaux découpés. Une fois la zone nettoyée un petit rapport s’affiche avec vos statistiques et une note allant de D à S. Plus vous combattez avec style, plus vous obtenez des Battle Points vous permettant à la fin d’un niveau d’upgrader notre héros en lui octroyant des armes, de la vie, des nouvelles techniques et bien d’autres chose. Ah oui, j’ai failli oublier, en cours de jeu, vers la fin du niveau 3, vous obtenez la capacité de déclencher le « Mode Ripper » avec l’appui simultané des touches L3 et R3. Dans ce mode Raiden est entouré d’une aura rouge et bénéficie d’une force augmentée pendant un court instant. A vous d’en profiter pour exterminer vos ennemis durant ce laps de temps.
Raiden, masseur-kinésithérapeute spécialisé dans les soins du dos.
L’ambiance
L’histoire prend place dans un monde moderne ravagé par les guerres. Nous nous baladons donc souvent au milieu de villes modernes remplies de buildings et de paysage détruits par les atrocités des combats. Graphiquement le jeu est très beau et très détaillé, limite si on arrive à distinguer chaque cheveu de la coiffure de Raiden. L’atmosphère du jeu est dans des teintes gris / brun / vert le tout sur fond de musiques Hard Rock voire Métal. Parfois on peut entendre des sonorités latinos dans la section se déroulant à Mexico ou nippones lorsqu’on traverse le jardin japonais avec des cerisiers en fleurs dans le niveau 4. L’OST est composée par Jamie Christopherson (Onimusha : Dawn of Dreams, Lost Planet 1 & 2 ou Stranglehold notamment) et comporte 29 pistes. L’ambiance du jeu est vraiment au service du gameplay et ne fait que le sublimer sans pour autant que les musiques nous laissent un souvenir impérissable. Aussi vite entendues aussi vite oubliées. On ne peut que remarquer les influences cinématographiques, de toute façon Hidéo Kojima n’a jamais caché être un féru de cinéma. Dans ce Metal Gear Rising : Revengeance les développeurs usent et abusent du slow motion façon Matrix. Aussi bien dans les cinématiques avec des ralentis lors de scènes d’action intenses ou dans les phases de gameplay avec le mode Katana ou dans des QTE nous faisant progresser en sautant de missile en missile.
Le célèbre saut de missile en missile.
Les collectors
Lors de sa sortie au Japon le jeu a bénéficié d’une édition collector intitulée « Premium Package ». Cette édition comprend, outre le jeu, un steelbook, un cd avec les musiques du jeu, un artbook, deux figurines Gekko aimantés et un code pour télécharger le skin de Gray Fox de Metal Gear Solid pour 9 980 Yens (95 €). Une seconde version de cette édition collector nommée « Premium package Konami Style special edition » a été proposée. Identique à la précédente, elle était accompagnée en plus d’une figurine Play Art Kai de Raiden en armure blanche. Pour la modique somme de 12 980 Yens (125 €). A noter qu’au Japon le jeu n’est sorti que sur PS3, la version Xbox 360 ayant été annulée. Bon il faut dire que vu les ventes de la Xbox 360 au pays du soleil levant peut de joueurs ont dû se plaindre de cette annulation.
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En Europe nous avons aussi eu droit à notre édition collector. Celle-ci proposait en plus du jeu une figurine Play Arts Kai de Raiden avec une armure blanche ainsi qu’un code permettant de récupérer le Skin de Gray Fox le tout dans une boîte blanche illustrée d’un artwork inédit de Yoji Shinkawa et de l’inscription ZANDATSU au dos. Cette collector a été distribuée à seulement 25 000 unités dans toute l’Europe au prix de 99,95€. A noter également que deux Steelbooks étaient disponibles uniquement chez Micromania. L’un arborant l’artwork officiel et le second une illustration signée Yoji Shinkawa (encore lui).
A noter qu’au Japon une PS3 Ultra Slim est sortie aux couleurs du jeu. Le pack comprenait une console de 250 Go, une manette Dual Shock 3 et le jeu au prix de 31 960 yens (environ 298 euros).
Le jeu est-il vraiment mauvais ?
Le jeu a été très décrié, notamment par les fans de la franchise. Alors oui, les phases d’infiltration sont anecdotiques voire inexistantes, oui nous n’avons pas ici le héros le plus charismatique de la série. Il est d’ailleurs intéressant de noter que lors d’une interview, Hideo Kojima a indiqué qu’il aurait souhaité que le héros soit Gray Fox mais que le jeu aurait été autrement différent (pour les fans de ce cher ninja il est toutefois possible de récupérer son skin via un DLC). Cependant nous avons là un beat them all nerveux et bourré d’action comme Platinum Games sait les faire et il serait dommage de bouder son plaisir. Et puis, n’en déplaise aux fans de la saga, ce Metal Gear Rising : Revengeance fait officiellement partie de l’histoire canonique de la série.
J’ai pris plaisir sur ce jeu, un bon défouloir grâce a de bonnes idées et un gameplay nerveux, et puis je fais partie de ceux qui ont apprécié Raiden dans MGS 2 donc j’ai trouvé sympa de le retrouver après ces quelques années. Je regrette quand même une durée de vie rachitique même s’il est toujours possible d’améliorer son score et d’obtenir des Battle Points supplémentaires afin d’upgrader au maximum notre personnage. Ou encore de faire les différentes Missions RV ce qui nous ramène au bon vieux Metal Gear Solid. Et puis pour prolonger l’aventure solo sachez qu’il existe deux DLC permettant de prendre le contrôle de Sam et Blade Wolf afin d’en apprendre un peu plus sur leurs backgrounds respectifs et leurs rôles au sein de l’histoire principale. N’ayant pas acheté ces DLC je ne pourrais pas vous en dire d’avantage.
Une suite en vue ?
La fin du jeu reste assez ouverte et il ne faut pas oublier qu’il fut un temps évoqué le fait de faire de ce titre une franchise à part entière. Et puis n’oublions pas l’apparition rapide d’un « 2 » avec la typographie de Metal Gear Rising : Revengeance au sein d’un mash-up récapitulatif des gros titres Sony diffusé lors du Taipei Game Show. Même si l’information a été démentie en annonçant qu’il ne s’agissait que d’un artwork servant à fêter le 2ème anniversaire du jeu, on ne peut que rester dubitatif. En tout cas moi je ne serais pas contre une suite.
[L’avis de XUR : voilà un titre qu’on attendait avec impatience et méfiance à la fois, l’idée d’un jeu issu de la franchise Metal Gear privilégiant l’action à l’infiltration étant un pari risqué. Après une attente suspecte, l’annonce de la reprise en main du développement par Platinum laissait présager du meilleur. A l’arrivée, on se retrouve avec un jeu d’action nerveux, quoiqu’en deçà des beat’em all auxquels Mikami et Kamiya nous avaient habitués.
Que lui reprocher ? Tout d’abord des phases d’action devenant rapidement bordéliques … les protagonistes sont de bonne taille à l’écran, mais ce choix s’avère détrimentaire au gameplay, tant il devient difficile de prévoir les coups des adversaires situés dans le « foreground » (plan hypothétique situé entre le joueur et les personnages). A contrario, Bayonetta est bien plus lisible dans son action.
On peut aussi regretter une montée en puissance du personnage (concept essentiel des jeux Platinum) moins perceptible que dans leurs autres titres, les nouvelles armes et coups à débloquer n’apportant pas forcément grand chose à la panoplie de Raiden (sinon pour induire de la variété dans les combos).
Restent ces phases de combat très scriptées contre des boss titanesques où la force du héros devient sans raison herculéenne (autre syndrome typique des productions des deux compères), qui peuvent agacer.
En 2001, Hideo Kojima nous obligeait à jouer les deux tiers de Sons of Liberty avec un Raiden peu reluisant, ne récupérant sa vibro-lame que dans les derniers moments du jeu. Comble du comble, en concepteur sadique, il changeait Raiden en un cyber-ninja au design affolant dans Guns of Patriots … sans toutefois pouvoir le jouer ! (hormis quelques cinématiques agrémentées de QTE qu’on ne pouvait de toutes façons admirer, occupés comme on l’était à presser les bons boutons). Il aura fallu attendre REVENGEANCE pour se faire plaisir avec « Jack the Ripper », et pour que justice soit faite. ]
Un jeu sanglant et nerveux qui permet de se défouler. Son principal défaut est de s'intégrer dans la mythique saga des Metal Gear ce qui risque de froisser les fans. Le héros n'est pas une bête de scène mais il fait le boulot. On aurait peut être pu lui préférer Gray Fox mais ça sera peut être l'occasion d'une suite ou d'un autre spin-off.
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Ambiance7
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Gameplay8
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Graphismes8
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Musiques / Sons6