Dossier spécial Ninja Game

Pendant la période féodale, les shinobis et shinobus étaient des marginaux, experts dans l’art du combat et de la survie. Leur réputation est tombée à l’eau lorsqu’ils ont été remis au goût du jour, dans les années 80 aux USA, avec de mauvais films d’action. L’absence de talent, de génie et la transgression des règles de la vraisemblance chez ces réalisateurs générèrent, fortuitement, un nouveau style cinématographique: le film de Ninja. A Hong Kong, des cinéastes peu scrupuleux produiront en masse des films de « ninjas », incroyablement mauvais, pour se faire un maximum de fric en surfant sur cette nouvelle mode. Cette mode toucha aussi les jeux vidéo. Ces jeux utilisaient tous les clichés issus du cinéma pour attirer le beauf moyen en mal de sensations fortes, créant ainsi une nouvelle catégorie de jeu : le Ninja Game. Parmi toutes ces productions, il y a eu du mauvais, du bon, du très bon et quelques chefs-d’œuvre. Il existe aussi quelques jeux inclassables qui redorent les lettres de noblesse du Ninjutsu.

Le top du top des films de Ninja.

Jouer à un Ninja Game s’apparente à un exercice périlleux : c’est une expérience spatio-temporelle et sensorielle qui, la plupart du temps, mettra vos nerfs à rude épreuve. La majorité de ces titres défient tous les repères connus de la logique, du bon goût, et des critères esthétiques qui font fureur chez les fans de Fifa. L’apothéose de toute cette culture nanarde donna même naissance à un manga ayant le character design le plus dégueulasse jamais vu : Naruto. Mais ne nous perdons pas en route. Cet article parlera uniquement de jeux vidéo et de ninjas!

Nous vous présenterons ici plusieurs softs de l’impossible et quelques coups de cœur. Certains d’entre eux s’attaqueront à votre égo surdimensionné, violant votre âme à chaque Game Over! Nous ne parlerons pas des merdes comme Kasumi Ninja (1994, Jaguar, Atari) ou Ninja Combat (1994, ADK, Neo Geo). Nous ne pouvions pas parler non plus de tous les jeux (comme Oniken, 2012, jeu indépendant).

Nous vous proposons juste une petite rétrospective des Ninja Game les plus réussis à nos yeux !

Sortez votre Kaginawa et votre Ninjatō ! C’est la guerre !

The Legend of Kage

The Legend of Kage (Kage no Densetsu, 1985, Japon, Arcade, Taito) est l’un des premiers jeux d’action mettant en scène un Ninja. Armé de son kodachi et avec un nombre illimité de shuriken, Kage, jeune ninja d’Iga, devra sauver la princesse Kiri (Kirihime) des griffes de Yoshi (Yoshiro Yukikusa) et Yuki (Yukinosuke Kiri). J’ai beaucoup joué à la version Nes, qui est un cran en dessous de la version arcade.

Le jeu a connu une suite, The Legend of Kage 2 sur Nintendo DS. Elle s’est faite défoncer par les critiques.

Mr. Goemon

Mr. Goemon (Konami, 1986, Arcade) est un jeu de plateforme action mettant en scène une caricature de Goemon Ishikawa, un bandit japonais légendaire qui volait pour donner aux pauvres. Il est connu pour s’être fait bouillir vivant en public suite à sa tentative d’assassinat raté du seigneur de guerre Toyotomi Hideyoshi. D’où le nom des fameuses baignoires de fers « Goemon-buro ».

Si certains prétendrons que ce n’est pas à la base un Ninja Game, l’appellation occidentale nanarde « The Legend of the Mystical Ninja » (1991, Japon, Super Famicom, Je vous conseille vivement ce jeu, qui est certainement le meilleur jeu Goemon) le fera passer dans cette catégorie.

Les versions Super Famicom et Nintendo 64, l’ont fait entrer dans la légende du Ninjutsu. Goemon fait la joie des joueurs fans de Konami, grâce à des titres loufoques et amusants.

Shinobi

Celui qui n’a jamais pris le contrôle de Joe Musashi, doit arrêter de lire cet article et me faire 50 pompes. Shinobi (Sega, 1987, Japon) est certainement le Ninja Game le plus connu. Le joueur dirige Joe. Celui-ci peut sauter, s’abaisser, lancer des shurikens et changer de hauteur en maintenant haut ou bas et en sautant.

Notre expert en Ninjutsu doit arrêter une organisation criminelle appelée « Zeed » qui a kidnappé les élèves de son clan. Il devra se frayer un chemin jusqu’aux quartiers généraux de Zeed, libérer les otages et affronter le boss de chaque mission. Des bidonvilles en passant par le port, notre héros finira par débusquer le manoir du chef « Zeed Masked Ninja ».

C’est certainement l’un des titres les plus connus des années 80. Peut-être pas le meilleur, mais il a eu le mérite de démocratiser le genre. Il aura une ribambelle de suites.

The Ninja Warriors

The Ninja Warriors (1987, arcade, Taïto) est un beat’em all en side-scrolling mettant en scène des robots ninjas. En 1993, Kunoichi (pour le joueur 1) et Ninja (pour le joueur 2) doivent mettre un terme au règne de Banglar, qui a institué la loi martiale au Etats-Unis. Plus votre personnage se fait toucher, plus il se désagrège pour laisser apparaître son squelette robotisé. Ce Ninja Game était vraiment bien réalisé pour l’époque.

La fameuse borne 3 écrans!

Ce titre a connu une suite, The Ninja Warriors: The New Generation (1994,Super Famicom, Natsume).

Ninja Spirit

Ninja Spirit (Saigo no Nindou, 1988, Japon) est un jeu made in Irem. Gekkou est un jeune ninja qui souhaite venger son père. Dans un Japon féodal assez chaotique, vous allez devoir vous frayer un chemin à travers sept stages assez classiques (la forêt, les friches, les marécages, un temple et des falaises). Un boss vous attendra à la fin de chaque niveau.

Armé de son Ninjatō, Gekku va se battre contre un déluge de sprites. De nombreux items viendront booster notre héros. Grâce à sa technique fantôme, il pourra se décupler pour faire un maximum de dégâts.

La version arcade est vraiment géniale. La meilleure conversion est sortie sur TurboGrafx. Elle comprend deux modes de jeu : Le premier offre une barre de vie permettant au joueur de jouer assez longtemps. Le second est un mode Arcade plus difficile où Gekkou mourra au moindre contact avec un sprite ennemi. Le ninja de Ninja Spirit fait aussi une apparition sur Game Boy dans le jeu Shuyaku Sentai Irem Fighter (1993, Japon).

Shadow Warriors

Shadow Warriors (Ninja Gaiden, Tecmo, 1988, arcade, Japon) est un Beat’em all d’une difficulté affolante. Ryu Hayabusa, recherche le meurtrier de son père (en 1988, « venger son père » était vachement à la mode) qui se cache aux Etats Unis. D’un classicisme religieux dans son déroulement, ce soft se démarque de la concurrence grâce à une variété de mouvements qui permettent à Ryu de se déplacer avec aisance et style dans les niveaux, tel un Ninja ! Il peut aussi se suspendre à des éléments du décor pour donner des coups de pieds de Ninj… heu de catcheur. C’est aussi l’un des premiers jeux à proposer des séquences un peu scénarisées avec des éléments du décor destructibles abritant des bonus. Mais nous gardons surtout en tête son écran de continue avec cette mise à mort particulièrement sadique du héros, si vous ne mettez pas une pièce pour continuer votre partie.

Vous connaissez la suite, des jeux Ninja Gaiden en veux-tu en voilà, une apparition de notre héros dans Dead or Alive et une version 2014 du jeu particulièrement originale !

Strider

Vous êtes Strider Hiryu (1989, Arcade, Capcom, Japon) et vous évoluez dans un action-plates-formes novateur! Inspiré du manga du même nom, créé par Moto Kikaku, ce titre vous promet des sueurs froides. En 2048, notre héros est envoyé en mission pour tuer le dictateur Meio. De l’URSS en passant par la Lune, vous allez en chier pour venir à bout de ce soft.

Notre Ninja peut partir dans toutes les directions, s’accrocher aux murs, changer la gravité pour marcher sur le plafond etc. Les dialogues entre les niveaux avec des voix digitalisées mettaient la pression. Le sprite était énorme pour l’époque et les boss magnifiques. C’est certainement l’un de mes plus beaux souvenirs vidéo-ludiques.

Le jeu fut adapté sur consoles de jeu, consoles portables et micro-ordinateurs. C’est l’un des plus gros succès et l’une des plus grandes réussites de Capcom.

Il connaîtra une suite affreuse réalisée par US GOLD (Strider II, 1990) qui plongera la licence dans l’oubli pendant un long moment. Sa véritable suite, (Strider 2, 1999, arcade) qui sera adaptée sur Playstation sera une véritable bombe atomique!

Quand à la version NES (1989), c’est une daube!

Alex Kidd in Shinobi World

Alex Kidd in Shinobi World (1990, Sega, Master System) est issu des jeux de plate-formes de la série Alex Kidd. Si l’épisode le plus célèbre reste Alex Kidd in Miracle World (1986, Sega, Master System), cette version reste quand même bien sympathique.

Librement inspiré de l’univers de Shinobi, il est rempli de clins d’œil pour flatter les fans. Le petit plus de ce jeu: Alex a une attaque spéciale de feu lorsqu’il s’accroche à un poteau ou une barre! Elle est superbement bien animée.

Blue Shadow

Nous vous avions déjà parlé de Blue Shadow (Yami no Shigotonin KAGE, 1990, Natsume, Famicom, Japon) dans notre premier dossier sur Natsume. Certainement le seul jeu de Ninja digne de ce nom sur la bonne vieille NES avec Kabuki Quantum Fighter qui n’en est pas vraiment un. Il nous a amusé des heures et des heures.  En 2029, l’empereur Garuda a envahi les USA. Deux maîtres ninjas du clan Iga (Hayate et Kaede) sont envoyés pour infiltrer la forteresse imprenable de Garuda dans le but de l’assassiner. Le joueur peut jouer le rôle d’Hayate (le ninja bleu) ou de Kaede (la ninja rouge) pour se frayer un chemin à travers 5 stages qui sont divisés en 2 zones. Vous pouvez jouer à 2. Nos héros manient l’épée. Celle-ci est upgradable. Ils peuvent aussi manier une chaîne qui a plus de portée que l’épée de base. Par contre la chaîne n’est pas très efficace au corps à corps. Il y a aussi des Shurikens et des bombes en quantité limitée dans les niveaux.

En sacrifiant une partie de votre barre de vie, vous pouvez envoyer une attaque magique dévastatrice. Nos ninjas peuvent s’accrocher partout. Le level design est très bien pensé. Blue Shadow est l’un des plus beaux titres de NES. Les musiques sont cultes, surtout celle de l’introduction. Mais le jeu est assez court et le bruit du saut est immonde. A chaque saut, on a l’impression que notre ninja lâche un prout. Sachant que vous devez sauter toutes les 3 secondes dans le jeu, je vous laisse imaginer la crise de nerf auditive !

Ninja Commando

La Neo Geo aussi a eu le droit à des jeux de ninjas. Ninja Commando (1992, SNK, NEO GEO AES ET MVS) est un Run and Gun s’inspirant de Commando (1985, Capcom) et de The Ninja (1985, Sega Ninja, Sega).

Jouable à deux, cette cartouche vous proposera d’incarner au choix: Joe Tiger, Ryu Eagle et la sulfureuse Rayar Dragon. Ils ont pour mission d’arrêter l’infâme Spider qui utilise une machine à voyager dans le temps pour prendre le contrôle du monde.

C’est un véritable défouloir pour les fans de shoot !

Run Saber

Run Saber (1993, Atlus, Super NES) était une bonne surprise pour l’époque. Librement inspirée de Strider et de Blue Shadow, cette cartouche vous propulsera en 2998.

La Terre est dévastée et sous le contrôle du Dr. Gordon Bruford. Celui-ci est devenu un véritable tyran suite à une expérience qui a mal tourné. Les survivants ont fuit dans une station orbitale, en orbite autour de la Terre. Pour tenter de se débarrasser de Bruford, ils envoient sur Terre leur arme secrète : trois cyborgs de combat, Kurtz, Allen and Sheena. Kurtz sera capturé par Bruford et reprogrammé pour éliminer ses anciens compagnons. Le joueur peut choisir entre Allen et Sheena pour tenter de botter le cul de Bruford.

Pas très difficile, cette cartouche vous fera passer un agréable moment.

Hagane: The Final Conflict

Celui là aussi, nous en avons parlé en long, en large et en travers. Hagane (1994, Hudson Soft, Japon) est un Side-Scroller,que l’on peut classer dans la catégorie des Ninja Game. C’est l’un des rares représentant du genre sur la console de Nintendo et c’est sans conteste l’un des meilleurs du genre toutes consoles 16 bits confondues. Je vous invite à lire notre test en cliquant ici.

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Ninja Master’s: Haō Ninpō Chō

Ninja Master’s: Haō Ninpō Chō (1996, SNK, NEO GEO AES ET MVS) est certainement l’un des jeux de versus fighting les plus originaux tournant sur le système de SNK. Sarutobi Sasuke, un expert en Nijutsu devra affronter différents personnages (Kamui, son rival de toujours, Houoh l’exorciste, notre fameux voleur Goemon etc.) pour venger la mort de son père (encore!).

Ninja Master est le sixième et dernier jeu de combat produit par ADK. Ce titre est superbement bien réalisé. Vous pouvez vous battre à main nue ou sortir votre arme de prédilection pour venir à bout de votre adversaire !

Il existe sur une compilation ADK Tamashii sorti en 2008 sur Playstation 2 au Japon.

Tenchu: Stealth Assassins

Dans Tenchu: Stealth Assassins (1998, Activision, PLaystation), Ayame et Rikimaru obéissent aux ordres du seigneur Matsunoshin Godha. Bienveillant et aimé de tous, souverain sage et juste, il ne souhaite aucunement étendre son pouvoir et se consacre entièrement à son peuple et à sa fille, qu’il élève seul depuis le décès de sa femme. Lorsqu’il n’a plus le choix, il envoie ses deux assassins pour faire le ménage avec discrétion. Ainsi il évite les guerres et les massacres.

Ce jeu d’Acquire était assez novateur pour l’époque. La discrétion, essentiel pour un vrai shinobi, est vraiment mise en avant dans ce soft. Après avoir choisi entre Rikimaru ou Ayame, vous devrez vous faufiler en territoire ennemi afin de remplir différentes missions commanditées par le seigneur Godha. Vous devrez accomplir divers tâches en vous faisant repérer le moins possible. L’équipement choisi a une importance capitale selon les tâches à effectuer. Rikimaru utilise le ninjatō, il est plus lent qu’Ayame, mais plus robuste. Ayame se bat avec une paire de kodachins. Elle est très rapide, mais aussi très fragile. C’est Tenchu qui démocratisa le «Stealth kill». C’est un style de gameplay qui permet d’évincer un adversaire sans avoir à effectuer un combat classique s’apparentant à un Beat’em all. (En 2003, Manhunt poussera le concept à son paroxisme.) Il y a quand même du boss à défoncer et des moments épiques !

Tenchu aura plusieurs suites.

Naruto: Clash of Ninja

Il faut se rendre à l’évidence, les versions japonaises de Naruto : Clash of Ninja (2003, Tommy, Game Cube) sont vraiment les meilleurs jeux de combat issus de la licence du ninja le plus moche du monde.

Reprenant les bases d’un jeu de combat traditionnel, les personnages peuvent se lancer des shurikens ou des kunaïs en utilisant le bouton A. Les coups plus simples s’effectuent, quant à eux grâce au bouton B. Il est également possible de projeter son adversaire en utilisant le bouton Y. Les combos sont simples à réaliser. Il y a aussi une jauge de chakra qui permet de disparaître ou de lancer une furie.

Bien que très simpliste, c’est un vrai jeu de baston permettant de faire des compétitions. Je m’étais arrêté au 4. La dernière version est Naruto Shippūden: Gekitō Ninja Taisen EX (2007, WII, Japon). Il existe aussi une European version sur WII qui, d’après les pros, serait la meilleure version.

Muramasa: The Demon Blade

Sorti sur WII en 2009, Muramasa: The Demon Blade est un Action-RPG, beat’em all qui en met plein la vue. Si le titre rend hommage au célèbre forgeron du XVIe siècle Muramasa Sengo, le jeu, lui, rend hommage à tous les titres 2D cités précédemment. Il propose un rendu en 2D stylisé s’inspirant de la mythologie japonaise et des mangas.

Le jeu se déroule durant l’ère Genroku. Vous pourrez soit incarner Kisuke, un ancien ninja amnésique soit Monorime, une jeune femme possédée. Le choix du personnage modifira l’aventure proposée. Les combats sont très dynamiques et magnifiquement animés. La durée de vie du jeu est énorme. Les boss ont de la gueule et le scénario déchire! C’est un Must Have !

Il pointa le bout de son nez en 2013 sur PS Vita, j’ai eu le plaisir de le finir une fois de plus ! Nous vous conseillons vivement ce jeu.

Conclusion

Nous aurions pu aussi vous parler de The Last Ninja (1987, Commodore), de la saga Zool (1992, Amiga), de Metal Gear Rising: Revengeance (2013, Konami), mais la liste est bien trop longue. Nous sommes allés à l’essentiel. Pour les turtles, nous ferons peut être un dossier complet ! Elles le méritent bien.

On ne joue pas à un Ninja Game, on le défie, on tente d’en venir à bout. Se confronter à un titre comme Hagane ou Strider, c’est comme subir un bombardement continuel de stress. Pour ce type de jeu, le caractère extrême de l’objet ne le rend vraiment accessible qu’à l’élite du Ninjutsu, des joueurs taillés pour surmonter une difficulté surréaliste et décadente. Oubliez vos ninjas en sandalette sur Playstation 3 : ici ce sont des jeux pour les grands !