Gizmondo… Ce nom de console portable ne vous dit peut être pas grand chose et pour cause, elle n’a pas rencontré le succès escompté et a donc eu une durée de vie très limitée. Retour sur cette console qui en avait pourtant sous le capot !
Appareil multifonction
La Gizmondo, fabriquée par Tiger Telematics (qui n’a rien à voir avec les jeux LCD Tiger, hein !), se veut être un appareil portable multifonction : lecteur multimédia (musique, photos, vidéo), navigation GPS, envoi et réception de SMS et enfin, ce qui nous intéresse le plus, console de jeux vidéo portable avec un écran rétro-éclairé… A l’heure actuelle, cette liste de fonctionnalités peut laisser de marbre mais il faut se remettre dans le contexte de l’époque, la Gizmondo étant sortie en mars 2005 (initialement prévue fin 2004) au Royaume-Uni, avec un pack de base aux alentours de 200€. La console débarquera aux Etats-Unis quelques mois plus tard de façon très confidentielle (très peu de points de ventes, disponibilité surtout sur le net) et surtout avec un prix plus élevé à cause des taxes (la bonne excuse ?). Si la Gizmondo a atteint le sol français, c’est uniquement par l’importation, Gizmondo France étant complètement à côté de la plaque et repoussant sans cesse la sortie, on ne se demande même pas pourquoi…Et pour l’anecdote, le logiciel GPS n’était pas inclus dans le pack, il fallait encore casser sa tirelire ! L’objectif était pourtant de concurrencer la DS de Nintendo, sortie à peu près à la même période et la PSP de Sony prévue pour le mois de septembre 2005 en Europe; avec un marketing proche du néant, c’était vraiment une mission kamikaze ! Déjà Nokia, 2 ans plus tôt s’était cassé les dents avec son téléphone portable console de jeu, le N-Gage, alors un pseudo-téléphone avec lequel tu ne peux pas téléphoner…
I can do anything ! tel est le slogan de la nouvelle console de Tiger Telematics. David Maille, directeur de Gizmondo France est fier de pouvoir « proposer un objet multimédia qui regroupe toutes les fonctionnalités du nouveau millénaire en un seul objet. » Trop génial de la mort qui tue !!
Spécifications techniques :
– CPU : Samsung 400 MHz ARM9
– GPU : Nvidia GoForce 3D 4500
– Mémoire graphique: 1.2MB 128-bit SRAM
– RAM: 128 MB 16-bit DDR
– ROM: 64 MB
– Affichage : écran TFT couleur de 2,8 pouces (7 cm)
– Palette graphique : 65 536 couleurs
– Résolution : 240×320 pixels
– Son : stéréo
– Autonomie : 4h en mode jeu, 3h en mode film, 12h en mode audio et 100h en veille
– Dimensions : 138x82x32 mm
– Poids : 150g
– Autres : bluetooth 2, lecteur audio MP3/WMA, lecteur vidéo MPEG4, système de localisation GPS, lecteur de cartes mémoire SD, SMS/MMS, appareil photo numérique et lecteur JPEG, caméra VGA.
Deux packs différents seront mis en vente : un basic et un deluxe. Afin de réduire le prix de vente, un visionnaire marketteux avait prévu de diffuser de la publicité sur la gizmondo du pack basic pendant son utilisation. Bien entendu, il n’en était rien sur la gizmondo du pack deluxe, bien plus onéreux à l’achat. SAUF QUE… aucune publicité ne pointa le bout de son nez, le service n’étant jamais mis en route ! De quoi être bien vénère si t’as pris le pack deluxe ! (de toute façon, t’es vénère d’avoir acheté cette console…)
Prise en main de la console
La Gizmondo est une console portable à la fois robuste et compacte, on peut facilement la glisser dans une poche de veste, mais pas dans son pantalon (t’façon elle vibre pas…). Par contre, le design de la console laisse franchement à désirer, avec une finition véritablement daubesque ! Purée, c’est quoi ces boutons immondes en haut de la console (L et R) ? Et ne parlons pas des boutons de réglages (de gauche à droite : menu, son, luminosité, alerte et power)… CATastrophique ! Décidément, la Gizmondo ne dégage aucun charisme côté design !
Heureusement, l’ergonomie de la console a été mieux étudiée et permet une bonne prise en main. L’écran n’est peut être pas très grand, mais la qualité est au rendez-vous avec une résolution de 320×240 pixels. Il suffit de regarder une vidéo, on est plus proche de la PSP que de la DS niveau qualité visuelle. Autre atout de la console : ses capacités 3D grâce à la technologie Nvidia et son processeur cadencé à 400 Mhz. Ses capacités techniques sont très intéressantes pour l’époque !
Mais, car il y en a toujours un, à vouloir trop galoper et proposer de gadgets gourmands, l’autonomie de la machine s’en retrouve grandement grignotée (environ 3-4h d’autonomie pour une utilisation en jeu ou de visionnage vidéo), ce qui la rend forcément moins concurrentielle par rapport à la DS et surtout à la PSP. D’autant plus quand on se rend compte qu’il faut environ 30s pour que la console démarre…
Ludothèque
Les jeux pour la Gizmondo sont stockés sur carte au format SD.
Voyons voir maintenant ce qu’on peut se mettre sous la dent au niveau des jeux, car faut pas se leurrer, une console, même avec du potentiel technique, n’aura aucun succès si sa ludothèque n’est pas fournie de bons jeux. Et devinez quoi…
Les jeux sortis :
14 jeux en tout et pour tout seront sortis sur Gizmondo vu la faible durée de vie de la console.
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Les jeux annulés :
De nombreux titres étaient prévus sur la console, mais ont été rapidement annulés suite à la débâcle de Tiger Telematics (voir paragraphe suivant) : Alien Hominid, Ball Busters, Chicane, Furious Phil, Worms World party ou encore des productions SEGA tels que Golden Axe, Outrun ou Sonic.
Parmi ces jeux, il y en avait pourtant quelques uns prometteurs :
– Agaju : the sacred path of treasure aurait utilisé la « réalité augmentée », grâce à la caméra de la Gizmondo. Pour se déplacer, il aurait fallu bouger la console dans le sens voulu. Un peu déroutant au premier abord, et sans doute fatigant à long terme, mais le concept est intéressant. Des fonctions GPS, encore non dévoilées, auraient été également utilisées. Pour au final, découvrir un grand trésor « d’une valeur d’un million de Livres en or, aujourd’hui » dixit le communiqué.
– Colors est un GTA-like qui permet aux joueurs de se battre pour la suprématie de leur gang, en utilisant les capacités GPS de la Gizmondo et de la messagerie sur GPRS. De plus, les joueurs peuvent utiliser le Bluetooth de l’appareil pour échanger des articles et de l’appareil photo numérique pour personnaliser l’expérience du jeu. Le développement du jeu avait été terminé, mais le jeu n’a jamais été commercialisé suite à l’échec de la Gizmondo.
– Fallen Kingdoms est un action-RPG dans la lignée de Dungeon Siege. Il faut ouvrir des portes, dévaliser des coffres, combattre des monstres et utiliser de la magie… (à ne pas confondre avec la map du même nom dans Minecraft)
– Hit and Myth est un action-RPG développé chez Gizmondo Texas. Vous devez éliminer vos ennemis par vagues successives en choisissant votre personnage parmi les quatre disponibles en utilisant des armes traditionnelles ou de puissants sortilèges. Il a été mis en vente de manière non officielle sur une carte SD nue de 64Mo avec une notice présente sous forme de fichier électronique par un ancien responsable des studios de développement Gizmondo. On ne sait pas vraiment si l’opération est légale, toujours est-il qu’il explique à la communauté avoir perdu énormément d’argent dans « l’aventure Gizmondo » et que, ses anciens employeurs lui devant encore de très importantes sommes qui ne seront sans doute jamais payées, il espère ainsi rentrer un peu dans ses frais. Cette version, encryptée, a été testée selon le développeur et fonctionne sur n’importe quelle machine du marché.
Mort prématurée de la console
Tiger Telematics, la firme à l’origine de la Gizmondo, avait surement vu trop grand pour sa console. Seulement 25 000 machines trouvent acquéreur dans le monde. On ne conçoit pas une console de jeux vidéo simplement en mettant bout à bout des morceaux de technologie. A l’origine, il faut quand même rappeler que Tiger Telematics fabrique des systèmes télématiques mobiles (applications regroupant télécommunication et informatique) : des GPS basés essentiellement sur la technologie GSM. On ne s’improvise pas concepteur de hardware vidéoludique comme ça !
En septembre 2005, quelques mois après la sortie de la Gizmondo, Tiger Telematics annoncent la sortie de la Gizmondo Widescreen, une console Gizmondo avec un écran 16/9ème, sans doute pour tenter de doper les ventes de leurs machines. Bien sûr, cette version ne sera jamais commercialisée, la Gizmondo première du nom faisant un bide total !!!
Gizmondo Europe, la branche européenne chargée de la commercialisation, sera mise en liquidation judiciaire dès janvier 2006. En effet, en quelques mois, les pertes atteignent des sommes records, la faute a une très mauvaise gestion, mais pas que ! Outre la conception de jeux (de grosses sommes versées au studio de développement des jeux Chicane et Colors, dont Carl Freer, PDG de Gizmondo Europe et Stefan Eriksson, un cadre de la même société, possèdent d’importantes participations, comme par hasard) ou l’achat de licence, chose normale pour une entreprise travaillant dans les jeux vidéo (et encore, il y a eu de très mauvais choix, les licences de Fifa et SSX ayant couté peau de zob pour un portage fait à la va-vite à partir de jeux N-Gage bien après les autres consoles possédant ce jeu dans leur ludothèque), on apprendra par la suite que les dirigeants dépensaient sans compter pour s’acheter des voitures de luxe ou encore une écurie de chevaux de course tout en se versant des salaires mirobolants. On comprend mieux ! Avec à sa tête des dirigeants malhonnêtes, Gizmondo Europe fonçait dès le départ dans le précipice.
En février 2006, Stefan Eriksson, qui avait dû démissionner de son poste à Gizmondo Europe en octobre 2005 à cause de son passé judiciaire (liens avec la mafia suédoise), a un accident de voiture spectaculaire aux Etats-Unis. Sa Ferrari Enzo (un modèle limité à 400 exemplaires et ne coûtant que 660 000€) est littéralement coupée en deux lors d’une course contre une Mercedes SLR. Les enquêteurs découvriront que la voiture ne lui appartenait pas et qu’il y avait encore des magouilles là-dessous… on ne se refait pas ! (Petite anecdote : pour promouvoir la console, Stefan Eriksson avait participé aux 24h du Mans au volant d’une Ferrari 360 Modena aux couleurs de la Gizmondo).
En 2008, Carl Freer, l’ancien directeur du développement de la Gizmondo, tente de relancer la machine avec de nouvelles fonctions, mais son projet ne verra pas le jour, son nouveau margoulin d’associé, Mikael Ljungman, ne valant pas mieux que les anciens (détournements de fonds, évasion fiscale…).
Et depuis, silence radio…
Conclusion
La Gizmondo aurait pu être une console prometteuse, mais le choix de mauvais investisseurs empêtrés dans des histoires de mafia suédoise combiné à des difficultés à produire en nombre la console à sa sortie a jeté le discrédit sur la Gizmondo.
Cette console proposait pourtant quelques bonnes idées : son système GPS utilisable dans certains jeux et ses fonctionnalités multimédia couplées à de bonnes capacités technique. Par contre, son design dégueu, son autonomie à chier pour une console portable, ses temps de chargement monstrueux, son prix peu compétitif et sa ludothèque minimaliste sont les aspects négatifs de la console de Tiger Telematics. Bref, une console à réserver aux collectionneurs de consoles insolites au passé sulfureux ! (D’autant plus que la Gizmondo a la fameuse tendance à devenir inutilisable dès que sa batterie est morte, même branchée sur le secteur, grrrr)
2 commentaires
Me rappelle surtout qu’il avait fait des démonstrations en grandes pompes avec tout le gratin de la jet set américaines, stars de cinéma, rappeurs super connus (me rappelle d’un truc avec P. Diddy me semble) qui vantait les mérites de la console qui allait sortir alors qu’ils avaient juste touché un gros chèque quoi 🙂
faudrait que je retrouves, me semble que c’était un docu gameone
J’en ai une et le peu de jeu que j’ai pu récupérer dessus sont de bonne facture. Pour les finissions je vous trouve dur la mienne a chuté beaucoup de fois et elle marche nikel. Le look peut est discutable je l’accorde mais l’ergonomie est top,