step By step : diorama Alien et Predator grandeur nature

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Après quelques semaines d’absence, me voilà de retour avec une autre réalisation.

Je voudrais rendre hommage à Giger, le créateur du style biomécanique et père d’Alien et de La Mutante, qui nous à quitté le 12 mai. Pour cela, je vous rédige un petit step by step sur la création d’une fresque murale grandeur nature sur les thèmes d’ Alien et Predator (et pas forcément des films Alien vs Predator, dont je suis loin d’être fan).

Étant un grand passionné de science-fiction, j’ai toujours rêvé d’avoir ma propre salle de projection où je pourrais voir mes films. Et lorsque j’ai enfin eu l’opportunité d’en faire une, quoi de plus naturel que de recréer des ambiances inspirées de mes univers favoris?

Je n’avais pas envie de refaire une scène d’un des films, je voulais de l’inédit, et emprisonner le Predator contre le mur dans un cocon de résine Alien, comme les humains qui servent d’incubateurs.

Je vous propose aujourd’hui de vous présenter étape par étape la réalisation de l’ornement principal de cette salle ; un décor mural avec un Alien et un Predator, en grandeur nature.

Si vous voulez le même chez vous, il vous faudra compter environ 250/300 euros, voir plus si vous n’êtes pas outillé, et quelques centaines d’heures de travail. Plus un emplacement de plus de 4m de long un mur.

Il vous faudra:

  • plusieurs rames de papier 160g/m² minimum
  • un ordinateur avec le logiciel pepakura, et une imprimante
  • de la résine polyester, de la fibre de verre, un pinceau et de l’acétone (je dis bien acétone, vous ne nettoierez jamais de la résine polyester avec du white spirit)
  • du mastic de finition de carrosserie
  • du carton, du tissu assez épais (du jean par exemple)
  • un demi-mannequin
  • du fil de fer (du fil électrique rigide fera l’affaire)
  • de quoi fabriquer un support pour fixer l’alien au mur, et tout le nécessaire pour fixer l’ensemble à un mur (chevilles, vis…)
  • des morceaux de plaque de placo, des chutes de laine de verre et de polystyrène (ou tout autre matériaux de construction pourvu que ce soit léger)
  • une dremel (une ponceuse électrique est aussi la bienvenue)
  • de quoi peindre tout ça

Je vous ai déjà présenté le papercraft lors d’un précédent article. Cette méthode pour faire des maquettes en papier, qu’on peut résiner et peindre par la suite. Mais cette fois je suis parti du fichier de la tête d’une reine alien en grandeur nature, que j’ai récupérée sur un forum américain. J’en ai aussi profité pour récupérer des fichiers correspondant aux pièces d’armure d’un predator, ainsi que celui d’un chesturster, le tout évidemment en grandeur nature.

1-On va commencer par la xeno.

Ce montage est en 2 morceaux: la tête en elle même, que j’appelle « le visage » qui a nécessité une dizaine d’heures de travail, et qui est un peu compliqué à réaliser avec tous les détails à l’intérieur de la bouche (mais qui n’est pas insurmontable) et la collerette qui ne présente pas de difficultés, si ce n’est sa taille (plus de 2m de long sur 1m40 de large.

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Le cube repère présent au premier plan mesure 5cm x 5cm x 5cm, pour vous donner une idée de l’échelle.

Ce modèle n’est pas parfaitement identique à la créature du film, aussi je lui ai apporté quelques modifications par la suite.

Il m’a ensuite fallu monter la collerette. C’est là que les choses se compliquent : j’ai été obligé de consacrer une pièce entière à sa réalisation. La subtilité de cette réalisation tient du fait qu’elle est fermée. Je m’explique : j’ai commencé le montage par les éléments à l’extrémité de la tête, les 3 espèces de cornes.

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Or, je vous rappelle, pour ceux qui ont lu mon précédent article sur le papercraft, qu’il faut résiner l’intérieur, et le tapisser de fibre de verre. Seulement si j’avançais trop dans le montage, les parties les plus éloignées devenaient inaccessibles. Donc je devais résiner et appliquer la fibre de verre au fur et à mesure de l’avancement.

Après plusieurs jours à enchaîner les étapes de montage, résinage et tapissage à la fibre de verre, j’ai enfin fini le modèle. Du moins la partie papier.

Voici une photo du modèle, vu de dessous, sur laquelle vous pourrez plus facilement vous faire une idée de sa taille.

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Sur cette photo vous vous rendrez mieux compte de la taille de la bête.

L’étape suivante a été d’enduire le tout de mastic, ce même mastic de finition qui sert aux garagistes pour refaire les carrosseries abîmées.

J’en ai étalé une couche assez conséquente sur le visage de l’Alien pour pouvoir ensuite y sculpter des rides profondes, notamment autour des lèvres et des ligaments en travers de joues. Et c’est là qu’arrive l’étape la plus pénible de la réalisation : le ponçage. C’est vraiment ce que je déteste faire. D’autant plus qu’on n’en voit pas la fin : plus on ponce, plus on révèle de défauts. Si on révèle des défauts, il faut les maquiller avec du mastic. Mais qui dit nouvelle application de mastic dit ponçage derrière, donc création de défauts, donc correction au mastic….

Bref, on n’en voit pas la fin.

J’ai étalé une couche assez épaisse par rapport à mon habitude sur le visage, dans le but de pouvoir graver des rides et autres détails dedans par la suite.

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La gravure m’a pris encore quelques heures de plus, mais contrairement au ponçage, c’est une étape sympa et amusante. Par contre c’est plutôt salissant. Ne faites pas ça dans le salon ou la chambre.

Pour être le plus proche possible de la créature du film, je me suis appuyé sur des images d’aliens (comprendre Alien II).

Autant vous le dire tout de suite : une dremel est indispensable pour cette étape.

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Quand j’ai estimé le résultat satisfaisant sur l’extérieur, j’ai poursuivi avec l’intérieur de la bouche. Les dents et la face interne des ligaments ont subi le même traitement.

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Une fois le visage terminé, j’ai fait subir à peu près le même traitement à la collerette.

Je dis bien « à peu près » car j’ai commencé par lui donner un bon coup de ponceuse pour la débarrasser des arrêtes trop vives et des angles trop pointus. La couche de mastic que j’ai mise dessus était aussi beaucoup plus fine. J’ai juste cherché à combler et cacher les défauts, je n’avais pas à sculpter dans le mastic, donc aucune utilité à mettre de l’épaisseur.

Le résultat obtenu était toujours un peu…anguleux, mais tant pis. Mettre plus de mastic aurait sensiblement alourdi la création.

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Pour la mise en peinture, j’ai utilisé des peintures glycero (je vous vois déjà hurler au scandale : « Quoi? de la glycero? de la peinture pour les murs !!?? « ).

Et bien oui, de la vulgaire peinture pour les murs. C’est qu’il y en avait de la surface. Et la glycero se travaille tout aussi bien qu’une vulgaire acrylique. Elle est juste un peu plus épaisse.

J’aurais voulu la peindre en gris/noir métallisé avec quelques reflets verts, comme la créature du film, seulement dans une salle sombre, je ne suis pas convaincu que le rendu aurait été à la hauteur de ce que je voulais. Et comme je vous l’ai dit, la collerette était trop anguleuse, et il me fallait cacher ça.

Pour cacher les défauts d’une forme, il y a une technique toute bête : les rayures.

J’ai donc sous-couché la xeno en noir, puis appliqué une couche de noir mat dessus.

Une fois sec, j’ai peint une texture tigrée vert-olive par brossage à sec partout. J’ai également souligné les pointes et donné un effet de relief en trompe-l’œil sur toute la moitié arrière de la collerette. En effet, contrairement à la créature du film, cette partie est quasiment lisse sur le fichier que j’ai récupéré. Une fois la texture tigrée dessinée, j’ai éclairci les pointes avec un brossage vert clair par dessus, puis un autre, encore plus léger en gris.

Le visage de la créature a subit le même traitement, seulement il n’est pas rayé. J’ai davantage insisté sur le vert clair au niveau des ligaments des joues, et je n’ai pas peint le front, qui est resté noir mat.

Les photos ci-dessous vous donnent une idée du résultat. Sur les 2 premières, les contrastes ont été renforcés pour vous faire bien voir les nuances, alors que la 3ème a été prise sous un éclairage naturel et n’a pas été modifiée, pour vous montrer la couleur réelle de la reine Alien.

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J’ai ensuite accroché la xeno au mur, en lui fabriquant un support en bois (non visible sur les photos), et j’ai décoré tout le tour avec des débris de plaques de placo, de la laine de verre et des morceaux de dalles de polystyrène. Les débris qui sont au dessus de la tête s’appuient d’ailleurs sur la collerette, pour donner l’impression que la bestiole est en train de passer à travers le mur et n’a pas encore fini de se dégager.

Pour un meilleur rendu il aurait sûrement fallu que je présente la tête un peu plus à l’horizontale, quitte à en tronçonner un morceau, mais je ne l’ai pas fait pour plusieurs raisons:

1-L’accrocher plus à l’horizontale signifie qu’elle aurait empiété davantage dans la pièce, hors elle est située le long d’une zone de passage.

2- Soyons honnête, après tout le temps passé dessus, je n’ai pas pu m’y résoudre.

C’est également à cette étape là que j’ai fabriqué quelques doigts qui dépassent au dessus du visage et qui semblent repousser les débris, et un bras en dessous de la collerette (visible sur la 3eme photo ci-dessous, mais il à été réorienté par la suite)

 

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Une fois la bébête solidement accrochée, et les faux débris autour fixés, j’ai habillé le mur. Avec de la moquette, bien sûr, pour une meilleure acoustique. Je vous l’ai dit : c’est une salle de cinéma.

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2- Une fois fait, je me suis lancé dans la réalisation du 2ème élément de ce diorama: le chestburster de predalien qui traversera la poitrine du predator à venir.

Cette réalisation m’a demandé un peu de recherche sur le net, parce que non seulement le fichier que j’avais récupéré n’était pas un Chestburster de Predalien, mais en plus il était moche au possible, et même pas détaillé. Il ressemblait davantage à un Worms (pour ceux qui connaissent le jeu, et je sais qu’il y en a)

Bref, il a fallu que je recherche des illustrations pour savoir à quoi devrait ressembler la réalisation. Avec ces nouvelles infos j’ai pu le texturer un peu (faire les écailles sur toute la partie ventrale), les dents et travailler les joues pour y rajouter des mandibules.

Mais j’ai fini par m’en sortir assez facilement, à grands renforts de cure-dents et de résine.

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3-Ensuite, pour un diorama sur le thème Alien et Predator, il me fallait un predator. Logique.

Je me suis procuré un demi mannequin (du genre que les magasins de prêt-à-porter mettent dans leur vitrine ou au dessus de leurs rayonnages) et je lui ai fabriqué un masque et une armure de Predator. Toujours en papercraft, toujours en papier 220g/m², avec la même résine et le même mastic que pour l’Alien.

img_2031Je voulais donner l’impression que le Predator était un baroudeur et que son équipement était usé. J’ai donc étalé par endroit de la colle à papier en tube, tout ce qu’il y a de plus classique, et j’y ai collé du sable pour donner des petites plaques rugueuses. J’ai délimité proprement le contour de ces plaques avec du scotch en papier, résiné le tout et maquillé le scotch sous de la résine.

Après la séance de peinture, le résultat est exactement ce que je voulais : on dirait que la couche de blindage extérieur de l’armure est en partie détruite, ce qui laisse voir les couches inférieures, qui ont fini par s’oxyder avec le temps.

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L’armure a été peinte en métal (a la bombe), puis recouverte par endroit de ketchup, puis peinte en noir, toujours à la bombe (voir mon article sur le casque de Terminator Wh40k pour plus de détails sur cette technique). Une fois les habituels brossages et lavis, le résultat était une armure usée, oxydée et sale.

Le casque à été traité différemment, il a reçu une couche de bombe de peinture texturée. Les cheveux sont faits avec des morceaux de mousse pour isolation de tuyaux, que j’ai chauffé au décapeur thermique et roulé pour leur donner une forme pointue. Ils ont été collés chacun sur une tige en fil de fer au moyen d’un pistolet à colle, et le tout à été peint en noir mat.

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La dernière étape était celle de la création de la résine Alien qui devait donner l’illusion de maintenir le Predator au mur. Je savais que je ne pourrais pas reproduire à l’identique l’apparence ronde de celle utilisée pour le film, au moins dans la texture; j’ai donc décidé de m’y prendre autrement; quitte à m’éloigner un peu du réalisme.

J’ai utilisé des grands morceaux de tissu assez épais que j’ai imbibé de powertex. C’est une sorte de résine acrylique, qui a la particularité de rigidifier le tissu. Bon, soyons réalistes, ça ne transforme pas le tissu en plastique, disons que le résultat a la rigidité d’un col de chemise amidonné.

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Pour faciliter le rendu de la peinture, j’ai opté pour du powertex marron. J’ai d’abord reproduit la scène au sol, en fabriquant une armature en fil de fer pour donner un peu de volume à l’ensemble (surtout pour donner l’impression que mon Predator a des jambes, car le mannequin que j’ai utilisé n’en était pas pourvu)

Et j’ai fini par une couche de peinture irrégulière vert-olive, suivi d’un brossage lui aussi très irrégulier, en jaune provençal. J’ai peint les contours de la résine de la même couleur que la moquette murale que j’ai posée (bleu abysse), pour lier plus facilement la résine au mur.

La touche finale à été obtenue en saupoudrant l’ensemble de paillettes argentées pour donner une impression de cristallisation.

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Il ne me restait plus qu’à accrocher le Predator au mur à coté de la reine Alien, et de badigeonner copieusement le Chestburster de peinture vert fluo phosphorescente.

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Un néon à ultraviolet au dessus de la scène (autant pour créer une ambiance que pour « recharger » le faux sang en lumière, car la peinture phosphorescente ne se recharge pas sous un éclairage électrique) et voilà tout un pan de mur de 2,2m par 3,5 décoré sur le thème d’un de mes films favoris.

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A propos du gangeekeur

Plus créateur que collectionneur, Anubis évolue dans un univers de réalisations en tous genres, dans lequel on va de la musique à la décoration d'intérieur en passant par la peinture et autres techniques de modélisme.

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