Blood and Bone

2

Eté 2014, j’étais en train de discuter tranquillement avec Obowser sur Facebook, quand soudain je tombe par hasard sur un nanar d’action afro-américain. Mon petit doigt me dit que je vais me régaler à regarder cette pépite nanarde digne des crasseuses éditions VHS aux jaquettes très parlantes. Ma débilité et ma témérité légendaire, qui me permettent de tenter de finir Action 52 par simple curiosité, m’ont donné la force et le courage de regarder ce film.  Verdict: c’est un chef-d’œuvre du genre les gars.

7

Ah ça pour être remarquable, il est remarquable ce film.

Pour vous forcer à continuer de lire ma critique je vous annonce en grande pompe qu’il y aura une histoire proche du néant, des combats loufoques à gogo, une interprétation digne de ce nom, des répliques cultes, mais surtout Michael Jai White, l’acteur jouant Bone, un combattant invincible me faisant penser aux participants de l’émission incroyable talent.

Présentation du film

Bone est un film réalisé par Ben Ramsey. Il est sorti en 2009 au cinéma aux États-Unis et en 2010 en DVD en France.

Fraîchement sorti de prison, Bone (Michael Jai White) arrive dans les bas-fonds de Los Angeles où il fait la connaissance de Pinball (Dante Basco) un jeune homme qui sponsorise des combattants de rue. Grâce à lui, notre héros entre en contact avec James (Eamonn Walker), un gangster qui ne recule devant aucune méthode pour obtenir ce qu’il veut. C’est aussi un spécialiste de l’organisation de combats de rue.

6

Tel Ryu, Bone arrive en force!

 

Trop cool! Notre ex-taulard excelle dans l’art de défoncer des gueules avec des coups de pied improbables que je ne tenterai pas sur un ring contre un novice en combat.

Je suis certain que vous pensez que Bone combat pour les dollars. Eh bien Non. Pour se taper une nana? Non. Pour sauver quelqu’un? Non plus. Bone combat parce qu’il a fait une promesse à un mec en prison qu’il ne connaissait ni d’Ève ni D’Adam avant son incarcération? OUI! C’est ça la classe.

Scène d’introduction

La scène d’introduction du film en dit long sur ce qui va suivre. Dans un premier temps on vous présente le héros, façon nomade solitaire qui arrive en force. La courte scène s’enchaîne sur un flashback histoire de nous montrer à qui nous avons affaire. Première constatation, le réalisateur sait qu’il est tellement mauvais qu’il va tenter de rendre cette scène la plus crédible possible:

-Le pote de Bone lui dit que les autres vont se pointer pour lui casser la gueule. (justification de l’arrivée des méchants)

-Il y a le fameux petit billet que l’on donne au gardien pour qu’il n’intervienne pas. (justification de la non intervention des surveillants)

Mais surtout, il faut un gros méchant, un mec connu qui fait peur, pour bien marquer le coup. ici on nous propose du lourd!

5

Kevin Ferguson, alias Kimbo Slice, peut-être le mec le plus crédible du film!

Voulez vous en savoir plus ? Voir
4

Bone, y a Kimbo qui vient pour te casser la gueule.

Imaginez le truc. Kimbo est en prison, il débarque pour casser la gueule de Bone, mais en plus il n’est pas seul. Connaissant le personnage, on se dit, comme tous spectateur crédule, que notre ami va passer un sale quart d’heure face à ce monstre!

3

Vas-y je te pousse toi, je suis très très méchant!

Et bien devinez quoi? Bone leur met un coup de pression en comptant jusqu’à 5, mouille sa chemise façon Lan (Donnie Yen, la secte du lotus blanc, 1992) et explose ses adversaires avec une technicité digne des championnats du monde de kata artistique.

2

Je me met torse nue pour bien montrer que je suis balaise. (Pour information dans une bagarre de rue plus on est couvert mieux c’est. Surtout au niveau du cou, sous les bras et sur les cuisses.)

Cette scène est jubilatoire. Il y a tous les ingrédients du film foireux en une seule et même séquence :

-Le coup de pression à deux francs.

-Ici pas des méchants moustachus, mais carrément barbus!

-Des dialogues ridicules.

-Les temps de réactions entre les coups.

-Le coup de pied légendaire dans la caméra.

-Les cadrages foireux (Bone colle un coup de pied dans les ligaments croisés d’un mec qui tombe à genou, et lorsqu’il le termine avec un coup de pied retourné, la victime est à nouveau debout!).

Si une œuvre comme Ong-Bak (Prachya Pinkaew,2003) avait révolutionné le genre en imposant des scènes de combat assez réalistes (les combattants se mettent les coups en même temps, certains impacts de frappe sont réels etc.) Blood and Bone fait penser à un film des années 70, alors qu’il date de 2009.

1

Arg, il est tellement rapide qu’il m’a désarmé en une fraction de seconde! et en plus il me finit avec un coup de pied retourné!

 

 

Déroulement du film

Après cette mise en bouche, Bone débarque dans une ville où se déroule des combats de rue. Il rencontre Pinball. Ou plutôt il déboule de la banquette arrière de la voiture de Pinball pour lui demander de lui trouver des combats afin de rencontrer James. Celui accepte, sans broncher, d’aider un mec sorti de nul part caché dans sa voiture.

17

Bone le magicien!

 

S’en suit une rencontre entre les différents personnages principaux. Les seconds rôles donnent l’impression s’ennuyer avec leurs regards hagards et vides. La seule « blanche », Angela (Michelle Belegrin), est une potiche faisant office de trophée pour le grand méchant James. Celui-ci a littéralement fait emprisonner un mec pour triple homicide avec menace de mort sur son gosse pour pouvoir se la taper…

21

J’ai besoin d’argent les mecs.

Ensuite le film se met en place! Ça se castagne, on rencontre le Big Boss de James, Franklin McVeigh (Julian Sands) qui nous fait bien comprendre que les « noirs » sont ses larbins et qu’ils n’ont pas leur place dans les hautes sphères de la société.

10

Je suis un méchant fasciste blanc vendeur d’armes, amateur de combats clandestins et esclavagiste de noirs dans le ghetto.

Le scénario se met en place! (Je vous spoile le film, car de toute façon je sais que vous n’allez pas le regarder.) Bone cherche à venger l’ancien mari d’Angela qui était son ami en prison. Avant sa mort, il fait promettre à notre vengeur qu’il s’occuperait de sa femme et de son fils.

12

Quelqu’un l’a tué, il a cru que c’était moi.

Et là flashback nanar: on voit Bone et son ami Danny (Kevin Phillips) échanger des souvenirs d’avant la prison. C’est à ce moment qu’un dialogue a particulièrement attiré mon attention :

Bone: Tu me rappelles mon frère. (En parlant de Danny)

Danny: T’as un frère toi.

Bone: J’avais un frère, un jumeau. (Donc Danny ressemble aussi à Bone?)

Danny: Que lui est-il arrivé?

Bone: Quelqu’un l’a tué, il a cru que c’était moi.

Pour enfoncer le clou on enchaîne avec encore un grand Moment de n’importe quoi. Kimbo tue Danny sans que Bone ne réagisse. Toujours à fond, notre barbu le plante avec acharnement et à l’ancienne! Ah kimbo!

11

Putain les gars! Je crois qu’il l’a tué pour de vrai.

 

Pour approcher James, notre karatéka black doit combattre Hammerman qui est joué par Bob Sapp! On aperçoit aussi Gina Carano! Il ne manque plus que Mike Tyson.

20

Ce cowboy va se faire défoncer par…

19

…Bob Sapp!

Tout le monde se met sur la gueule joyeusement avec des combats dignes d’un épisode de Power Ranger. C’est avec délectation que l’on regarde les acteurs s’acharner sur les caméras!

 

14

Prend ça vilaine caméra!

 

18

Moi j’aime pas les caméras!

16

Saloperie de caméra!

Puis arrive encore un moment what the fuck! Bone, après avoir battu Hammerman doit combattre pour 5 millions de dollars pour permettre à James d’entrer dans le cercle très fermé des (Maître du monde) blancs, dont l’anglais Franklin McVeigh, le grand méchant, fait partie. À ce moment là, le film tombe dans le cliché des bons noirs et des méchants blancs, à la limite du mercantilisme.

13

Le monologue des toilettes! Légendaire!

Pensant que Bone est attiré par Angela, James lui laisse le cul de sa femme pour la soirée en espérant qu’une fois qu’il se sera vidé, il acceptera de combattre pour lui. C’est à ce moment qu’il arrive enfin à discuter avec Angela pour lui révéler ses intentions! Bien entendu, dès le début du film, il s’est incrusté ni vu ni connu dans la famille d’accueil du fils d’Angela et Danny, faut pas déconner! Et là surprise, Angela en manque de drogue, a une soudaine envie de vomir en apprenant la nouvelle. Après s’être vidée, elle continue de discuter en restant au dessus de la cuvette! Énorme! Que fait une cuvette de chiotte au milieu d’une chambre? Comment peut-elle avoir une tête aussi propre et pimpante après avoir lâché une galette de la mort? Tant de questions qui restent sans réponse, tellement j’en suis à me demander si j’ai bien vu ce que j’ai vu.

Ensuite ça part en freestyle: Un petit vieux  avec qui Bone jouait aux échecs se fait manger par les chiens de James. James débarque dans la chambre de Bone pour lui mettre un coup de pression. Bone envoie Angela en cure de désintoxication. Les hommes de main débarquent dans l’hôpital, mais Pinball les attend et  bute son Némésis chinois à coup de 9mm.

9

Mais pourquoi Bone n’a pas tué Kimbo? Encore une question sans réponse.

Pour le final, Bone défonce les sbires de James. Celui ci l’attire dans un piège digne d’un scénario d’un enfant de 6 ans jouant dans la cours de récréation de son école:

Imaginons, là j’arrive et je vole un flingue à un mec et je me met à sauter partout façon John Woo pour tuer tes potes!

– Mais ouais, mais moi je suis déjà parti et je t’envoie un localisation GPS de mon téléphone pour t’attirer vers le combat à 5 millions de dollars,

-Mais ouais, mais moi je te fais dire la vérité sur tes intentions et je t’enregistre avec mon téléphone, et j’envoie la vidéo à mon pote Pinball qui l’envoie aux flics, comme ça tu vas finir en prison… Et en plus tu vas te faire violer par Kimbo, parce que je l’ai pas tué, le producteur voulait l’exploiter à fond jusqu’à la fin du film.

-Bah ouais mais le mec que tu dois combattre se pointe et du coup t’es obligé de te friter avec lui.

-Mais moi, je suis tellement fort que je lui colle une raclée et ensuite j’abandonne pour pas que tu gagnes ton argent.

-Bah moi je suis super méchant et je sors mon sabre et je te saute dessus.

Le film se termine sur une correction de plus. James soit disant amateur d’art martiaux se prend la correction de sa vie, alors qu’il est armé d’un sabre. Pour une éventuelle suite on épargne Franklin McVeigh, avec quand même une petite menace de mort de la part de Bone pour laisser une fin ouverte.

Bone se casse comme il est venu! Trop la classe!

Pendant le générique, James tombe sur Kimbo qui a été épargné, on ne sait pas pourquoi, par Bone le justicier. Celui ci se tape James dans les toilettes avec ses camarades! Trop la classe!

8

Vous vous dites qu’il manque la petite touche philosophique nanarde? Et bien non! Pendant tout le film nous avons le droit à du Gengis Khan en veux-tu en voilà (qui est considéré, je vous le rappelle, comme un conquérant impitoyable et sanguinaire). Trop la classe!

Conclusion

Blood and Bone tente d’en mettre plein la vue. Michael Jai White essaie tant bien que mal de sauver les meubles. Ce sportif sort ses tripes pour nous servir des pirouettes et des sauts magnifiques. Bone est invincible, personne ne le met en difficulté, il maîtrise tellement son art qu’il pourrait même éviter les balles. On ne sait rien sur lui, mis-à-part le fait qu’il a un jumeau mort, tué par sa faute. Il ne boit pas, ne fume pas, ne choppe même pas Tamara (Nona Gaye) à la fin du film. Si dans un film comme Drive (2011, Nicolas Winding Refn) ça marche plutôt bien, ici ça renforce le côté nanar.

Le réalisateur, Ben Ramsey ne touche pas un calo! Quand on pense qu’il a travaillé sur le film Dragonball Evolution! Dans l’intrigue tout les protagonistes qui ne sont pas noirs, font pitié, surtout les asiatiques, un comble pour un film d’arts martiaux! En tous cas Michael Jai White, content de son expérience souhaite faire la suite!

À noter que le scénario de Michael Andrews tient sur un bout de papier toilette. J’espère qu’il a écrit gratuitement!

Une mise en scène inqualifiable, des acteurs merveilleux, des seconds rôles ridicules (mention spéciale au cowboy qui se fait ouvrir par Bob Sapp), un montage à l’arrache. La teneur nanarde de ce film est énorme pour une production de 2009. Vivement sa suite!

Partage moi ça ma gueule !

A propos du gangeekeur

Collectionneur matérialiste, petit joueur, rageman ascendant crevardman, Lutador. Un pigeon parmi les vautours.

2 commentaires

  1. Merci pour cette brillante analyse, mec !

    Vivement qu’ils sortent la version collector double Blu-Ray Edition Millenium avec dédicaces et string d’Angela inclus ! On va se l’arracher ce collector, c’est moi qui vous le dit ! 😉

Lâche un com' ou une insulte