Les Ogres-Dieux : éditions Soleil

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Monstrueux, cruels, mais dotés d’une taille et d’une puissance phénoménale, les Ogres-Dieux dominent le pays depuis plusieurs générations, perpétuant leur lignée de manière incestueuse. Les hommes les servent avec peur et avidité dans un univers que n’auraient pas renié les frères Grimm. Ici, le merveilleux côtoie le sinistre, les humains ayant mis en place des élevages de chair humaine afin de satisfaire leurs ogres de maîtres…

Les Ogres-Dieux

Les Ogres-Dieux

« Petit » nous narre la jeunesse d’un jeune Ogre, caché par sa mère la Reine du fait de sa taille microscopique, symbole de faiblesse et de mort aux yeux de son géniteur. De plus, horreur, celui-ci se refuse à manger de la chair humaine, tradition ancestrale remontant à leurs prédécesseurs ! Éduqué par sa grande tante, Petit va développer une curiosité puis un fort intérêt pour le monde extérieur, pour le monde des humains. Son appétit de vivre se trouvera confronté à ses abrutis congénitaux de frères ainsi qu’à son père, l’infâme Roi-Dieu. De fils du plus infâme des monstres vers amoureux transi.

Les Ogres-Dieux

« Demi-Sang » s’intéresse à Yori, bâtard d’un Noble-né, élite d’une société humaine sous le joug des Ogres-Dieux. Obsédé par sa condition, le jeune arriviste va monter la hiérarchie sociale par tous les moyens possibles. Beaucoup plus sombre, cette histoire dévoile avec malice toutes les luttes intestines pour l’accession au poste ultime, celui de chambellan, un roi pour les hommes, un puceron pour les ogres. Assassinat, luxure et manipulation sont le lot des aristocrates voulant tirer leur épingle du jeu au royaume des ogres. De jeune naïf aimant vers terrible chambellan.

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Les destins de Yori et Petit vont s’entrecroiser et ils se ressemblent dans leur volonté d’échapper à leur condition sociale initiale : l’un rêvant de liberté et de romantisme, le second de pouvoir et de reconnaissance sociale. Ils présentent également la similitude d’avoir des pères absents, ne les reconnaissant pas comme fils, préférant se reposer sur une progéniture ingrate et stupide afin de prolonger une lignée qui n’a de notable que le nom. Leurs mères, sous couvert de vouloir les protéger, ne font qu’accentuer leur désir de changement. En effet, la mère de Yori se prostitue pour subvenir aux besoins de son fils, ce qui le pousse à rentrer dans l’illégal alors que la mère de Petit lui fait manger de la chair humaine jusqu’à ce que cela le dégoute. Chacun passe aussi par le sexe comme obligation, voie sans issue vers un but, un idéal de vie presque inatteignable. En cela, les deux albums,  bien que racontant des destins diamétralement différents, se ressemblent et forment une ligne intéressante sur ce que les ambitions ou la passion nous amènent à faire.

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Le prolifique Hubert à la plume dépeint à travers ces deux premiers tomes (chacun narrant une histoire complète) un véritable conte baroque sublimé par le dessin tout en souplesse de Gatignol. Une alchimie qui opère parfaitement tout au long de la lecture de ces volumes. Les deux histoires sont entrecoupées de courtes biographies d’ « illustres » personnages, permettant d’approfondir l’univers et apportant une plus grande dimension au monde présenté. Les auteurs en profitent d’ailleurs pour introduire une mise en page tout en gravures, dorures et ornements comme les illustrés d’antan.

A la base un vibrant hommage aux contes d’antan, l’univers des Ogres-Dieux s’impose comme une saga brillante. Ici, pas de frustration, chaque volume peignant l’histoire complète d’un protagoniste. Deux excellentes BD à dévorer, ne rassasiant malheureusement pas notre appétit… D’autres histoires dans cet univers seraient grandement appréciées !

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En attendant, vous pouvez toujours d’autres œuvres d’Hubert, on citera notamment Miss Pas Touche (avec Kerascoet au dessin), où dans les années 30, une jeune femme se fait engager dans un bordel pour remonter la piste de l’assassin de sa sœur. Drôle, enlevé et truculent, l’histoire est complète en 4 tomes (ou en intégrale) aux éditions Dupuis. Il vient également de signer le très réussi Monsieur Désire ?, choc entre un jeune dandy désinvolte et sa servante imperturbable. Plus discret, Bertrand Gatignol a réalisé avec Merwann (L’or et le sang) la BD jeunesse Pistouvi, conte initiatique entre une jeune fille et son ami renardeau. Le titre a été repris chez Dargaud sous le titre Jeanne.

 

Bonne lecture !

 

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