Cadillacs and Dinosaurs

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Si comme moi vous ne vous êtes jamais remis de Dino Riders et que vous ne renonceriez à prendre le bus que pour vous mettre au volant d’une Buick Riviera (ne serait-ce que ligoté dans le coffre), il y a de grandes chances que vous ayez déjà entendu parler du comic de Mark Schultz qui célèbre les noces post-apocalyptiques des Cadillacs et des dinosaures. Dans le cas contraire, sa récente réédition chez Akileos est l’occasion de revenir sur ce bijou de la bédé d’aventures qui a également été décliné en jeux vidéo, série animée, toys et autres colifichets dont la Gangeek Team raffole.

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Le Comic

En 2020, la Terre a été ravagée par un cataclysme planétaire ayant contraint l’humanité survivante à se réfugier au sein de gigantesques cités souterraines. Cinq siècles plus tard, les humains retournent à la surface, découvrant un écosystème entièrement transformé au sein duquel cohabitent une faune et une flore qui avaient précédemment disparu, en particulier, je vous le donne en mille, des dinosaures.

L’histoire se concentre sur deux personnages :

Jack « Cadillac » Tenrec, un as de la mécanique, tendance éco-warrior, appartenant à la Cité de la Mer, un New York en ruines à demi-englouti. Jack est une sorte de chaman, défenseur d’une doctrine (la machinatio vitae) prônant le maintien d’un équilibre entre la préservation de la Nature et le développement technologique. Il est issu d’une ancienne lignée ayant conservé les connaissances techniques nécessaires à la survie de l’humanité durant son séjour souterrain. C’est un amateur de voitures anciennes, capable de les modifier afin qu’elles roulent au guano de dinosaures.

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Hannah Dundee, scientifique et politicienne, ambassadrice de Wasson (anciennement Washington D.C.), une contrée simili-orientale rivale. Pragmatique et scientiste dans l’âme, elle est un peu à Tenrec ce que Scully est à Mulder. En revanche, niveau sape elle met à l’amende n’importe quel agent du FBI, à moins que vous ne soyez en mesure de m’en citer un qui porte aussi bien le bikini en fourrure…

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Au programme des péripéties pulp de nos deux héros : sabotage de braconnage de sauriens, tôle froissée, expériences scientifiques à la Herbert West , voyages aux centre de la terre, complots politiques, hommes-lézards communiquant grâce à des lettres de Scrabble et érotisme chaste. De quoi contenter les personnes aux goûts sûrs et authentiques !

Le comic a originellement été publié de 1987 à 1995. Chaque numéro comportait une histoire principale signée Schultz et une histoire secondaire, généralement dessinée par Steve Stiles. Les Chroniques de l’Ere Xenozoïque réunissent les quatorze épisodes principaux dessinés par Schultz. Il existe également un comic en couleurs réalisé par une équipe différente et publié par Topps Comics en 1994 sous le titre Cadillacs & Dinosaurs.

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Chroniques de l’ère Xénozoïque est une bédé culte, qui a sa place dans le haut du panier du graphic novel aux côtés du Barbarella de Forest ou du Hard Boiled de Darrow et Miller.

Le style graphique de Schultz est un mélange de réalisme virtuose (l’anatomie des dinosaures, les engins), d’une mise en scène typique des pulps des années 50 et d’une composition dynamique et violente propre à la bédé indé de la fin des années 80.

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Si l’inspiration de Schultz provient évidemment du récit d’aventure (Tarzan en tête), on décèle également l’influence des EC Comics (Tales From the Crypt) et de Lovecraft quand le récit bascule dans le récit d’horreur voire dans le gore.

Un seul regret: l’oeuvre est inachevée. Et si Schultz n’a jamais annoncé officiellement l’abandon de la série, il est peu probable qu’il reprenne les crayons pour offrir une conclusion à une histoire laissée en plan depuis 1995.

 

Les Jeux

Le premier jeu tiré du comics, intitulé Cadillacs and Dinosaurs est un beat’em all signé Capcom, sorti en 1993, soit la même année que la diffusion de la série animée. Il s’agit d’un rip-off de Final Fight d’excellente facture, jouable jusqu’à trois simultanément. Il propose une palette de coups étendue, un nombre important d’armes à ramasser, une attaque spéciale par personnage ainsi que la possibilité de faire une attaque spéciale groupée lorsque plusieurs joueurs coopèrent.

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Quatre personnages sont sélectionnables, chacun ayant ses points faibles et ses points forts:

Jack Tenrec est évidemment le personnages aux stats équilibrées, comparable à Cody de Final Fight.

Hannah Dundee est rapide mais peu puissante à l’instar de Guy.

Mess O’Bradovich (un comparse de Tenrec qui fait une apparition éclair dans la bédé) joue le rôle la brute épaisse venue botter des culs et mâcher du chewing-gum à l’image de Mike Haggard.

Mustapha Cairo (un ingénieur, ami de Jack) est le personnage le plus complet du jeu, à la fois rapide et puissant.

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Le jeu comporte 8 niveaux aux environnements variés (ville, marécages, désert, mines) reproduisant assez fidèlement les lieux de l’oeuvre originale. Le troisième niveau permet même prendre le volant de la Cadillac de Jack et de tout écraser sur son passage. De temps à autre, il arrive que l’on croise des dinosaures. S’ils sont de couleur orange, ils attaqueront votre personnage. Affrontez-les, et ils deviendront verts, cesseront de vous harceler et prendront la fuite.

De nombreux sites permettent de s’adonner en ligne à une version Java du jeu.

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En 1994, un second jeu voit le jour: Cadillac and Dinosaurs: The Second Cataclysm. Développé et édité par Rocket Science Games pour le Sega CD (le Mega CD américain), il s’agit de la seule transposition de l’univers xénozoïque sur console de salon, si l’on excepte une version Dreamcast non-officielle du jeu Capcom. Il s’agit d’un rail shooter dont le gameplay combine la conduite et le shoot. Le joueur contrôle simultanément Jack, qui doit éviter les obstacles au volant de sa Cadillac et Hannah, sa passagère, qui doit abattre les cibles ennemies. Il est possible de jouer à deux et de se partager les tâches.

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Le jeu est en partie réalisé en full motion vidéo, une technologie alors très à la mode, qui tomba en disgrâce aussi rapidement qu’elle fut portée aux nues par des développeurs ayant décidé d’en mettre plein la vue aux joueurs au détriment du gameplay.

Ici, rien à redire. Le rendu graphique du jeu est réussi et respecte le style de l’oeuvre originale. On regrette en revanche la répétitivité des environnements (6 niveaux de jungle, 3 niveaux de mines…faut aimer le vert et le marron !).

Là, où le bât blesse réellement, c’est au niveau de la grande difficulté du jeu et, paradoxalement, de sa faible durée de vie une fois qu’on a pigé le truc. Au final, on se retrouve avec un jeu sympathique, au défi assez corsé, et qui a le mérite d’être bien réalisé.

Il existe une version PC du jeu.

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La série animée

En 1993, l’année de sortie du premier Jurassic Park, la dinomania bat son plein et nombreux sont les studios désireux de surfer sur le succès du film de Spielberg en proposant une production estampillée dino. C’est dans ce contexte que le studio Nelvana s’intéresse à l’oeuvre de Schultz et décide de produire une série animée en 13 épisodes de 22 minutes pour la chaîne CBS.

Étonnamment, il ne s’agit pas du tout d’un produit opportuniste, mal torché, simplement pondu pour faire acheter aux gamins les figurines qui ne manqueront pas d’envahir les rayons des magasins de jouets dès le début de la diffusion.

Bien qu’édulcoré et adapté pour un jeune public, le dessin animé se révèle fidèle au matériau d’origine et est correctement réalisé.

La série a été diffusée en France à partir d’Avril 1994 dans M6 Kid, puis régulièrement rediffusée jusqu’en 1998.

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Toys, JDR et…chocolat !

Pour accompagner la diffusion de la série, la société Tyco commercialise une dizaine de jouets (6 figurines, 4 dinos, 3 véhicules plus un prototype).

Voulez vous en savoir plus ? Voir

 

Parmi les autres exploitations de la licence, on compte également un JDR sorti par GDW en 1990 basé sur les règles de Twilight 2000 et, parce qu’il faut bien caler l’estomac des rôlistes anémiés, des barres chocolatées.

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L’univers créé Mark Schultz a connu de nombreuses adaptations. Pourtant la plus évidente manque toujours à l’appel : le cinéma. Pas de doute, sur le papier, l’équation est explosive: Jurassic Park + Indiana Jones + Macadam à deux Voies = IL LE FAUT ! Le projet conviendrait bien à un Guillermo Del Toro, par exemple.

Qui sait ? En ces temps d’adaptations de comic-books à tire-larigot, Hollywood finira peut-être par s’intéresser à Xenozoïque pour le plus grand bonheur des amoureux de dinos que nous sommes restés.

Partage moi ça ma gueule !

A propos du gangeekeur

Obowser, Amateur de Oldies, collectionneur de VHS de ciné bis et champion du monde d'Algérie de planche à voile.

7 commentaires

  1. Super dossier, j’ai appris pleins de trucs. Par contre c’est dommage qu’il n’y ait pas une fin. C’est le beat favori de minouche il me semble. Tu vas le pousser à collectionner tous les goodies Cadillacs and Dinosaurs.

  2. Super dossier, je ne connaissais que les jeux vidéo et pourtant j’avais un des jouets dérivé, le velociraptor à pattes cornues.
    Le comics a l’air bien sympa, je le connaissais de nom mais je ne pensais pas que Cadillacs and dinosaurs venait de là, ça m’a donné envie de le chopper à l’occase en tout cas.

  3. Cadillacs & dinosaurs pour moi c’était le beat them all de capcom. La découverte de l’univers de cette excellent jeu est une surprise. J’étais loin d’imaginer qu’il puisse être tirer d’un comic et qu’il ai donné lieu à un anime. Et surtout, cerise sur le gâteau, un JDR.
    Je me coucherais un peu moins con grâce à ce très bon dossier

  4. Super dossier, merci franchement !

    Cadillac & dinosaurs c’est un des deux jeux avec Windjammers sur lequel j’ai dépensé le plus de thunes en Arcade. Je ne saurais même pas dire combien de fois je l’ai terminé, et pourtant, c’est LE jeu, tu me le mets dans les pattes, je vais au bout… la dernière fois chez ivankaiser d’ailleurs, j’arrivais pas à décrocher, et on l’a refini..

    Je savais que yavait eu le comics parce que j’ai croisé quelques exemplaires en Angleterre dans des boutiques, mais je ne l’ai jamais lu, je sais pas pourquoi.
    Cet espèce de mélange n’importe quoi style Dinoriders ou Turok me plaisait. Pas mal de SF, des mélanges complètement baisés de genre qui donnent un WTF permanent, mais on s’en tape, on aime, parce que justement c’est n’importe quoi.

    Le dessin animé, je ne l’ai jamais vu, d’ailleurs au même titre que Dino Riders, qui n’est pas non plus achevé, et pourtant j’avais plein de jouets, je connaissais le nom des personnages par cœur et tout, la Dino-mania de l’époque, un peu avant Jurassic park, et du coup Cadillac &D.

    Je suis très content d’avoir appris qu’il y avait des jouets de Tyco qui étaient sortis, parce qu’en plus, en regardant de plus près le Deinonychus, on voit très bien que c’est le même perso que le Deino de DinoRiders, le même jouet quoi, et je ne serais pas surpris que le Tricératops soit identique aussi, en voyant les « écailles plastiques ».

    bref, merci !
    un autre !!!

  5. Raaaah Cadillacs&Dinosaurs ♥

    J’avais moi aussi le vélociraptor, mais je ne savais aps à l’époque qu’il faisait partie de cette gamme (acheté en foire à tout, puis revendu de la même façon des années plus tard).

    Personne ne sait si par hasard la série TV existe en coffret DVD ou sur le net ?

  6. Merci pour vos commentaires !

    Je vois ce que tu veux dire Minouche. J’ai la même relation avec un autre beat Capcom: Captain Commando. Des pleines poches de pièces de 10 Francs dépensées à l’époque et obligation d’aller au bout chaque fois que j’y joue!

    Arvester, tu peux regarder facilement les épisodes sur un site de vidéos bien connu.
    A part ça, il y a une édition en VHS comme de juste.

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